L’exilé
Dans l’immensité sombre de ce vaste univers
Erre un être exilé loin de ses origines
Sur une nef d’argent à la voile opaline
Il glisse entre les astres, mystérieuse chimère
Sans relâche, il déroule le fil de son destin
Ne sachant quoi chercher, quelle route croiser
Il vogue d’un bord à l’autre de ce vide éthéré
Doutant un jour de voir se profiler sa fin
Depuis le commencement, il a vu tant de choses
Tant d’espoirs, de batailles, de compagnons perdus
Sur lui laissent leurs marques sans le voir vaincu
Pourtant son coeur est lourd et son esprit morose
En lui dort un secret, celui de son exil
La faute qui l’a vu fuir loin de ses terres natales
Une profonde blessure qui fût presque fatale
Qui empoisonne son âme de remords stériles
Il y a si longtemps il a confié son coeur
Plein d’un amour pur à une nymphe sacrée
Mais la Mort, jalouse, l’a trop vite emportée
Enveloppant l’exilé d’une aura de malheur
Prisonnier du fantôme de cette unique amante
Coupable de son trépas pour l’avoir aimée
Pour l’infinie errance l’être s’est embarqué
S’enfermant à jamais dans sa douleur démente.