Suspiria de profundis
Par une sinistre nuit, j’errai, le coeur glacé
Environné de brumes, dans un gouffre profond
Comme pris dans le voile où le monde se fond
Sur une sente sinueuse je m’étais égaré
D’un coté et de l’autre, où que le regard porte
Rien ne se distinguait qu’une lande désolée
Une terre grisâtre, un ciel vide cendré
Et le pesant silence d’une contré cent fois morte
Un instant le brouillard s’est soudain écarté
Sur un passage étrange dressé de monolithes
Encombrés de symboles où des ombres s’agitent
Qu’un froid rayon de lune vint alors éclairer
Sur ce curieux tableau jailli l’éclat d’un chant
Une mélodie claire, saisissante en ces lieux
Plus encore l’interprète révélée à mes yeux
Sur laquelle n’eurent de prise ni la vie ni le temps
Dans une blanche robe, étincelante mariée
Sur laquelle tombaient ses cheveux noir de geais
Son front plus pâle encore qu’un diadème couronnait
L’obsidienne de ses yeux aux reflets azurés
L’ovale de ce visage à la beauté sublime
La douceur de ses traits et le cil mutin
La finesse de ses lèvres rehaussées de carmin
Le geste sensuel où tout son corps s’exprime
« Je suis Suspiria, oh mortel passant,
L’unique détentrice de ton âme blessée
Au terme de tes jours, viens donc me retrouver
Avant cette échéance, retourne au monde vivant. »
Aussitôt, dans un souffle, je me vis transporté
Sur l’obscurité mes yeux se sont ouverts
Alors que s’effaçait le songe éphémère
Le long de ma joue grêle une larme à roulé.