Tourmente
Dans l’éternel voyage sur l’immense océan,
Se succèdent calme plat et vagues déchaînées.
Sur mon radeau, j’oscille, tantôt illuminé,
Ou plongeant vers l’abîme et son sombre néant.
Marins, navigateurs, indiquez-moi un havre;
Une zone de calme où les furies s’apaisent!
Tout mon être fatigue, tous ces fardeaux me pèsent;
Entre les eaux s’agitent tant de tristes épaves…
Les regrets, les douleurs, les histoires avortées,
L’épuisement, le rejet, tant de blessures sans nom;
Le sel des vents toxiques freine leur guérison
Et leur poids alourdir à chaque minute passée.
Au loin, j’espère un phare, une étoile de lumière,
Qui chasserait enfin la violence des tempêtes.
Mais à chaque heure filant, l’obscurité me guête.
Toucherais-je un jour aux limites de ces mers?
Je rêve de ces plages où glisse l’astre solaire,
Où le temps est clément et la Nature radieuse;
Tous ces pesants nuages chargés d’ombres odieuses
Me rongent, m’avilissent, m’écrasent sous leurs fers.
Ces îles merveilleuses dont mes songes sont peuplés,
Existent-elles vraiment ? Ne sont-elles que mirages ?
Suis-je à jamais perdu où les typhons enragent?
Verrais-je l’amaryllis sur un rivage ombré?