Esprit de verre
L’esprit naît certains jours plus cassant que du verre
Imprégné de douleurs, demeurant solitaire
Les miroirs lui renvoient son image fragile
Il ternit, se sent las, encombrant, inutile
Venues des profondeurs de ses tristes pensés
Des ondes le secouent, prêtes à le fissurer
Surgissent alors des vagues de violentes émotions
Sa surface s’étoile sous leur forte pression
Tous ces violents remous le torturent, le dévorent
Animant en son être de ténébreux décors
De vieux tableaux fanés, des souvenirs malheureux
Creusent en lui plus profond un gouffre vertigineux
Ces coups sourds l’ébranlent, il est prêt à céder
Sa surface s’écaille. L’esprit est épuisé
Ne pouvant plus tenir, il se brise et se fend
Ses éclats s’éparpillent, perdus aux quatre vents
Son enveloppe est intacte, lui n’est plus que débris
L’ombre jaillit des blessures, s’écoule hors de lui
Emportant ses paillettes dans un flot continu
Dessinant une fresque avec l’esprit fichu
Certains ont essayé d’assembler les morceaux
De lui rendre sa forme, le guérir de ses maux
Mais il est trop fragile et ses éclats tranchants
Chutent, s’écrasent au sol, le ruinent chaque instant.