Valse lente
Au cœur d’une nuit blanche, pris dans l’obscurité
Se joue une triste danse, lente, presque immobile
Entre le pâle poète et sa muse indocile
Une lutte éternelle pour une page froissée
Devant son écritoire, abruti d’épuisement
Le rimeur s’escrime à vouloir créer
Mais son espiègle muse lui ôte toute idée
Laissant le triste sire à ses mille tourments
Et plus la nuit avance, son esprit s’alourdit
Ses mots se perdent, s’étiolent, retombent en poussière
Chaque pensée, chaque mouvement lui devient un calvaire
Aspirant au repos son corps s’engourdit
Lentement, en silence, le froid vient l’envahir
Absorbé par son œuvre, l’écrivain n’y prend garde
Alors que dans son dos un spectre le regarde
Son sang doucement se fige et sa vie se retire
Et comme un sombre mal peu à peu le dévore
Sa fragile raison s’envole vers une lueur
Un espoir futile éclaire sa pâleur
Mais son essence s’efface, emportée par la Mort.