Achèvement
Lorsque sonnera l’heure, mon âme, nous partirons
Pour une paisible errance, au loin, vers l’horizon
Glissant au gré du vent dans le splendide azur
Nous emplirons nos yeux de paysages purs
Le long des vals secrets, des cours d’eau ombragés
Dans les vastes prairies, les plaines dissimulées
Nous laisserons nos corps au cœur de la terre
Fleurir, s’épanouir, devenir éphémères
Libérés de nos peines, des chaines matérielles
Nous partirons heureux pour une île nouvelle
Blottie au creux du monde, dans les voiles de l’éther
Seulement accessible aux vivantes chimères
Alors, nous élançant droit vers le firmament
Brûlant telles des étoiles dans un ciel éclatant
Nous étendrons nos bras vers notre nature mère
Rassemblant contre nous tous ceux qui nous sont chers
Calmement, patiemment, nous les endormirons
Tendrement leur essence en nous nous aspirerons
Pour traverser le voile de la réalité
Et assurer le règne de leur éternité
D’un bon nous filerons vers d’autres univers
Dans une gangue de cristal nous porterons nos frères
Pour faire naître la vie dans un monde éloigné
Après leur long sommeil, ils y reprendront pied
Et nous nous effacerons, notre tâche achevée
Regagnant l’outremonde, nous viendrons reposer
Dans le calme jardin au milieu des nuées
Où poussent les fleurs de lune et dorment les damnés.