avril 17

Coeur agité

Mon cœur se tourne et se retourne dans sa cage
Agité par des pensées, des réflexions
Il remue, se contracte, plein d’interrogations
Me laisse sans repos par son remue ménage

Etrange entité, organe indépendant
Il se laisse emporter par sa moindre émotion
Je lutte chaque instant pour qu’il entende raison
Et cesse de vibrer à chaque battement

Il fait ce qui lui plait, vivant dans l’insouciance
Menace en permanence mon précaire équilibre
Se voit comme un rebelle, la dernière âme libre
Il quitterait ce corps pour tenter sa chance

Si j’étais un pantin il m’aurait immolé
Et lorsqu’auraient fondu les chairs qui l’emprisonnent
Indemne et sans regret, ce cœur qui déraisonne
Hors de ma dépouille se serait envolé

Pour palier à ses maux, je n’ai que peu de choix
Ma bien faible raison ne tiendrait pas longtemps
Sur le papier s’écoule le flot de ses tourments
Je l’enchaine à mes mots pour museler sa voix

Je ne suis que sa main, son fragile instrument
Dans ses plis il détient ma force et mon essence
Un caprice de lui me serait une souffrance
Si l’envie lui prenait d’altérer son battement

La mystérieuse symbiose qui relie ses envies
A tous mes vieux démons, les ombres qui me hantent
Et rythme cette lutte en une étrange entente
Est le dilemme secret qui empoisonne ma vie.

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avril 6

Le doute

Certaines nuits revient le mal qui dort en moi
Cette bête qui me ronge, m’agite et me malmène
Au rythme de mes maux il hurle et se déchaine
Transforme en cauchemars le moindre de mes choix

Lorsque ce mal sommeil la vie sait se faire douce
Rien pour empoisonner le fil de mes pensées
Mais lorsqu’il s’éveille et se met à gronder
Mon esprit se fissure, brisé par ses secousses

De la sérénité il vient sonner le glas
S’amusant à gâcher tout projet, toute envie
Plantant fort ses mâchoires où ma raison faiblit
Il sème le chaos et dissipe la joie

Peu à peu en mon être son influence s’étend
Plantant dans mon échine les graines du malheur
Il me change lentement, me submergeant d’horreurs
Instille en chaque cellule un peu de mon tourment

Il y a bien longtemps sur moi il a placé
Sa marque indélébile, ses idées parasites
Il revient à l’assaut lorsque mon cœur hésite
Toujours plus profond il revient m’enfoncer

Lors de rares triomphes, toujours je crois renaitre
Mais bien vite je sens ses germes croitre en moi
Et ses sombres humeurs m’emplir de désarroi
Pour voir sombrer mon âme, goulument s’en repaitre

Il est ma punition, l’antithèse de mon don
Sans cesse m’imposant son ire, sa volonté
Tôt ou tard il m’aura totalement consumé
Enserrant mon futur de sa malédiction.

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mars 28

Rouge

Sur un soyeux tapis à la couleur carmin
Se dresse un mannequin fièrement apprêté
Sa gabardine rose négligemment posée
Sur des épaules rondes au délicat dessin

Un chemisier brun roux enveloppe sa poitrine
Parcouru de dentelles d’un joli blanc ivoire
Un ruban rouge vif ou elle porte en sautoir
Un camé couleur crème enlace sa gorge fine

D’un regard on saisit son sourire nacré
Et ses grands yeux noisette qui lentement se voilent
Une goutte écarlate glisse sur son front pâle
Et termine sa course sur l’arrête de son nez

Sur ses mains des gants bruns aux coutures argentées
Dessinent des arabesques sur ses muscles gracieux
Elle a glissé ses jambes dans des bas délicieux
Galbant sa silhouette de teintes harmonisées

Ses pieds sont enveloppés de ballerines chair
Venant atténuer son allure élancée
On voit dans sa tenue toute sa volonté
Et dans l’arrangement de sa chevelure claire

Debout dans cette pièce elle demeure figée
Comme si le temps l’avait privée de réaction
Sur un mur un message en lettres de néon
« Voici que se révèle la beauté dénudée. »

Son œuvre terminée, l’artiste s’est enfui
Laissant aux yeux de tous sa nouvelle création
Impatient de connaitre du public l’émotion
Il a laissé sur place tous ses pinceaux rougis.

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mars 28

Origine

A l’ombre des lunes noires et des étoiles gelées
Dans les brumes pourpres aux fragrances hypnotiques
Sous les roches millénaires aux allures méphitiques
Je dors dans la poussière et les cendres glacées

Au contre-firmament, là où meurt la lumière
Dans la clarté blafarde des géantes gazeuses
Mes rêves se dessinent, images fuligineuses
Lentement se délitent dans la lourde atmosphère

Les charognards s’agitent, leur cohorte se rassemble
Pour bruler mon essence, n’en laisser aucune part
Et laisser ma dépouille dans ce lieu de cauchemar
A la merci des ombres, nous pourrirons ensemble

L’amour et la pitié ignorent cet endroit
Cette anti-fln du monde où vit l’Aberration
Père de tous les monstres et abominations
Qui peuple l’univers de frayeur et de froid

Cet ici que cadavre, je naquis à la mort
Bercé par l’illusion et le temps inversé
A de sombres magies je me vis initié
De sombres rituels présidant à mon sort

Sous les noirs soleils vint mon élévation
Vers d’autres dimensions je me suis projeté
Au profond de mon cœur ma noirceur fut gravée
Afin que je répande sa sinistre oraison

Messager des ténèbres, porteur d’antiques terreurs
Glissant sous l’apparence d’un ange égaré
J’ai pour unique but d’amener l’obscurité
Et de noyer les mondes sous un millier de pleurs.

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mars 24

Mon absurdité

Mon esprit est un secrétaire
Empli de tiroirs à secrets
Où dorment idées et projets
Souvenirs doux ou bien amers

Ce meuble usé croule sous le poids
De bribes d’écrits qui s’entassent
De feuilles volantes qui se prélassent
Entre ses montants de vieux bois

Tout est mots, images volatiles
Qui virevoltent dans sa carcasse
S’entrechoquent où s’affaissent, lasses
Chassés par un acte futile

Tous ces mouvements d’agitation
Ne suivent aucun rythme commun
Un ermite fol et malsain
Supervise cette aberration

Il y voit une grande symphonie
Faite de sons entrelacés
Un mélange étrange et biaisé
Par le truchement de sa folie

Le cheminement de mes pensées
S’en trouve altéré, chaotique
Tel un concerto diabolique
Tout m’apparait entremêlé

L’imbroglio où naissent mes songes
Cette cacophonie discordante
Dansent une valse étourdissante
Qui, lentement, ma raison ronge.

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mars 24

Miss dynamite

La damoiselle de mes pensées
Est par nature insaisissable
Espiègle et forte, inaltérable
Elle passe ses nuits à danser

Chaque jour elle joue d’effronterie
Chahute ceux qui la dérangent
Joute verbalement avec les anges
Pour briser leurs forfanteries

Lorsqu’elle plonge en vous ses yeux noirs
Nul ne peut y résister
Elle a l’art de la vérité
Qu’elle vous extirpe d’un regard

Le mécréant qui la toiserait
S’en trouverait vite corrigé
Par quelques piques bien placées
Elle lui rabattrait le caquet

Sous son teint de doux caramel
Bouillonne une âme pragmatique
De ses cauchemars épisodiques
Elle tire une force nouvelle

Elle est ma belle des tropiques
Vivante, active, électrisée
Balayant mes sombres idées
D’un revers de main énergique.

mars 17

Détenu

Je viens d’un autre monde, étrange et mystérieux
Ange aux ailes d’argent et au cœur de papier
Mon nom et mon histoire, tout me fut arraché
Quand j’ai franchi le voile d’un bond majestueux

Mes ailes dans ce monde sont un lourd fardeau
Mon cœur de papier se froisse au moindre accroc
S’imprègne telle une éponge d’émotions, de sanglots
Mon esprit onirique s’en voit chargé de maux

Sur mes anciennes terres, l’air était mon essence
Une simple inspiration m’emportait au levant
J’embrassais les nuées de l’aube au couchant
Ici mes pas sont lourds, mon corps n’est que souffrance

Votre épaisse atmosphère est froide et étouffante
Les courants d’altitude sont emplis de poussière
Vos oiseaux de métal saturent les hémisphères
De leur cacophonie, de leurs fumées brulantes

Votre réalité n’est que bruit et fureur
Si éloignée de ma si harmonieuse sphère
Où cohabitent les ombres et les cœurs de lumière
Dans une mélodie aux rythmes enchanteurs

Impossible pour moi de regagner les songes
Ma cellule de chair est trop bien agencée
Elle piège mon énergie, ne la laisse pas filtrer
Pour mieux s’en repaitre, lentement elle la ronge

Je suis un onirien arraché à son rêve
Attiré dans ce monde par son chatoiement
Mon être fantasmatique s’est lié au vivant
La chair m’emprisonne, ma liberté s’achève.

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février 21

Coeur de papier

La source de mes mots, siège de mes émotions
Le mystérieux joyau où dorment mes pensées
Esclave de ses passions et des cieux étoilés
Adopte telle une plante le rythme des saisons

Au printemps il fleurit, déploie doucement ses feuilles
Lentement les nourri d’encre pour mieux les affermir
Les protège jalousement, les laisse s’épanouir
Et les tient en bourgeons comme un précieux recueil

L’été les voit s’ouvrir, révéler leur beauté
Etirer leurs corolles de lignes entrelacées
Exposant aux regards leurs pages colorés
De milles empreintes de plumes pleines et déliées

Lorsque l’automne point, leurs contours se flétrissent
Les feuilles déclinant libèrent leur sombre humeur
Les poèmes chantant laissent leurs places aux pleurs
Et dans les longues ombres leurs fibres se racornissent

Dans le froid de l’hiver les lignes sont gelées
Le sang d’encre se fige sur les pétales glacés
Le givre s’insinue dans le cœur de papier
Paralysant la vie de ce creuset d’idées

Ce cœur à l’apparence d’un étrange végétal
Au cycle des saisons se voit bien malmené
Rose aux pétales d’encre lorsque vient l’été
Il devient l’hiver d’une froideur minérale.

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février 14

Le fil

Jour après jour j’avance sur cette longue allée

Sur cette étrange route qu’arpente tout un chacun

J’erre entre les ornières, les trous inopportuns

Scrutant vers le couchant sans savoir où aller

 

Malgré le temps qui passe je ne sais toujours pas

Quelle est l’issue finale, quel est le but caché

De ce si long chemin que je dois emprunter

Je ne distingue pas où cette voie me mènera

 

Je ne fais que la suivre sans jamais la quitter

Sans regard en arrière, par peur du résultat

Par peur de ne plus voir l’empreinte de mes pas

Mais seulement le vide et les erreurs passées

 

Je traine mon fardeau plus pesant chaque jour

Le poids de mes échecs, des douleurs inconnues

De ces chemins fermés à peine apparus

Et à chaque enjambée mon cœur se fait plus lourd

 

Derrière moi les fantômes des jours de bonheur

Agitent leurs linceuls, me couvrent de hurlements

Me vouent au Gémonies, crient leur ressentiment

M’enveloppent de leur ombre pour faire mon malheur

 

Devant moi l’inconnu et son profond mystère

Où tout peut arriver, où tout peut me briser

A la faveur d’un souffle l’esprit peut s’effondrer

Et se perdre à jamais au milieu des chimères

 

Dans mon crâne flottent les doutes, les innombrables « Et si ? »

Des milliers de possibles s’entrechoquent et se mêlent

Dans un imbroglio où mon cerveau s’emmêle

Jusqu’au renoncement, l’inévitable « Tant pis. »

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février 3

L’autre part

Dans mes rêves je gagne un autre territoire
Fait de mont nuageux aux sommets enneigés
A leur base s’étendent de profondes vallées
Où serpentent des rivières aux allures de miroirs

De riches plaines bordent ces fleuves aux eaux cuivrées
Parées de vert émeraude, d’arbres au feuillage immense
Où des volées d’oiseaux virevoltent en tous sens
Habillant les nuées de leurs plumes irisées

D’étranges constructions oscillent entre les branches
Assemblages de lianes, de feuilles entrecroisées
Ce sont là les abris du petit peuple ailé
Où se tisse leur histoire dans une brume blanche

Glissants dans le courant des rivières chimériques
Quelques fines goélettes aux voiles déployées
Emportent vers le large les elfes premiers nés
Ils s’en vont découvrir d’autres rives oniriques

Les hommes n’ont pas ici apporté leurs conflits
Point de rage, de fureur, d’interminables guerres
Point de violentes clameurs, de bruyantes colères
Ces lieux ne connaissent pas l’horreur et l’infamie

Sur ces calmes rivages fleurissent les merveilles
De magnifiques demeures où vivent art et beauté
Où les seuls maitres mots sont douceur et bonté
Où aucune maison ne jalouse le soleil

Et du haut de mon nid, mon île dans les nuages
Je contemple chaque jour ces splendides contrées
M’émerveille de pouvoir venir m’y ressourcer
Et m’éloigner du monde où règnent les sauvages.

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