janvier 14

Fleur fanée

Une lente et longue procession
Par un jour gris, triste et chagrin
Aucun accord, presque aucun son
N’accompagnent l’être sur ce chemin

Un ciel empli de noirs nuages
C’est la pluie qui se met à tomber
L’averse passe. Sur un visage
Une larme s’est mise à rouler

Dans un cercueil de cristal
Une forme grise est allongée
Les paupières closes, le teint pâle
Une vie au loin s’en est allée

Dans la terre une blessure ouverte
Où est placé le corps sans vie
Une fosse sombre dans l’herbe verte
Une enveloppe jetée à la nuit

Mes rêves tués, ta lumière
Eteinte, enfouie dans l’infini
Mon amour, c’est toi qu’on enterre
C’est mon âme qui meurt aujourd’hui.

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janvier 9

Brutalité

Lorsque crachent les cors et les trompes de l’Enfer
Que les démons trépignent derrière les huis de fer
Lorsque les flammes jaillissent en geysers violents
La colère se déchaîne sur le monde en hurlant

Les horreurs de la guerre, le chaos des combats
Tout s’amplifie, tout brûle, rongé par les rats
C’est l’heure de la haine, du fiel, de la vengeance
Et les immondes êtres, béats, suivent la danse

La rage, mère du malheur, vient aveugler le monde
Tous les sinistres cœurs s’unissent en une seconde
Pour apporter ravages, douleurs, infamies
Sur des peuples entiers dont on brise la vie

Les heures sanglantes surviennent, teintant la terre de rouge
Liquide carmin précieux, étranges larmes rouges
Tachant les mains haineuses des pourvoyeurs de mort
Des assassins hurlant qui déchirent les corps

Le beau jardin du monde n’est plus que cendres et feux
Couvert de cadavres, faisant crouler les cieux
Un héritage d’horreur, des trésors sanglants
Voici ce que bientôt trouveront leurs enfants.

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janvier 8

Spectrale mélodie

Quelques notes égrainées qui dans l’air surviennent
Une lointaine mélodie qui résonne et vous prend
Est-ce le son d’un violon et ses cris lancinants
Musique saisissante emportant l’âme humaine

Vers des songes brumeux elle vous pousse à danser
Ses lentes modulations emplisse maintenant vos corps
Les souvenirs resurgissent, le violon joue plus fort
Le battement de vos cœurs sur ses mesures rythmé

Une larme qui coule à ses accords anciens
Alors qu’en cet instant la mélodie s’efface
Vous laissant pantelant, le cœur et l’âme lasse
Etourdis, envahis par l’ombre du musicien

Maintenant et toujours ces notes coulent en vos sangs
Laissant votre cœur lourd et vos esprits en pleurs
Cherchant cette musique et ses accords charmeurs
Emprisonnant votre âme de son sort puissant

C’est une quête sans retour vers ces notes célestes
Il n’est aucun remède, le mal est déjà fait
Et ce violon spectral ne vous laissera en paix
Que lorsque est accompli votre destin funeste.

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janvier 7

Blancheur de nuit

A l’heure noire où hurlent les loups
Lorsque la lune, pleine, est levée
Surgissent les spectres du passé
Hors des tombeaux couvert de houx

Contre ma porte des griffes crissent
Labourant mon âme épuisée
Celle qui fut abandonnée
Réclame de bon droit une justice

Ses plaintes s’élèvent dans la nuit
Ses sanglots résonnent, ses murmures
Brisent mon esprit, brûlent mes blessures
Elle me conte ses heures d’agonie

« Reviens vers moi, mon tendre aimé
Rejoins moi dans ma tombe de glace… »
Je cherche à fuir, mon corps s’efface
Aux laments sombres de mon Astrée

Lorsque enfin le soleil se lève
Je m’éveil errant dans les bois
Dans un lieu que je ne connais pas
Où chaque jour j’erre sans trêve.

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janvier 7

Haut, fragile, bas

Un escalier dans les ténèbres
Descend en spirale infernale
Marches glissantes, douleur mentale
Sur la pierre des échos funèbres

Spectres de brume s’effilochant
Les âmes mortes quittent le chemin
D’autres prendront leur place demain
L’être sans nom lentement descend

Ses bras cherchent toujours un être
Une illusion née du passé
Qui s’évapore sans être touchée
Un amour qui l’aiderait à renaître

Sur une marche s’est arrêté
Celui qui ne sait où il va
Ni d’où il vient. Trop haut, trop bas
Il s’est perdu dans ses pensés

Aucun accès, aucune issu
Juste cette spirale infinie
Serpentant au loin dans la nuit
Le calvaire d’une âme perdue.

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janvier 6

Le portrait

Une joue douce au teint nacré
Des lèvres fines couleur de prune
De longs cils où se perd la lune
Masqués par le rideau ambré

De sa chevelure, flammes ondulantes
Onde lumineuse embrasant l’air
Sous le couvert de ses paupières
Brillent ses deux agates envoûtantes

Sur ses traits flotte un doux sourire
Ajoutant au charme secret
A l’hypnotisme de ce portrait
Qui me contemple. Souvenir.

Le temps au loin s’en est allé
Aux cendres sont partis ces instants
Leur magie rongée par les vents
M’a il y a trop longtemps quitté

Esclave de mon désespoir
Prisonnier du si triste sort
De ne jamais sentir la mort
M’emporter dormir un beau soir

Seul devant ce tableau fané
Les yeux par des larmes embués
Mon esprit se perd en douleurs
Et mon corps lui compte les heures.

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décembre 18

Double

Aux rêves lointains, passés,
Aux souvenirs envolés
Vertiges de la mémoire
Effacés, plus d’histoire

Dans l’antre des soupirs où le cœur se meurt
Oubliant les sourires, lentement coulent les pleurs
Une vie fatiguée, une croix bien trop lourde
Un ange aux ailes brisées, vivant une douleur sourde

Un miroir qui renvoie des bribes d’émotions
Retrace des sentiments, expose des passions
Vibre sous les images qu’il reflète là
Sa structure s’ébranle, il vole en éclats

Un démon qui sommeille, en attendant son heure
Où tomberont les liens qui enchaînent sa fureur
Dans le froid de son être se réveille une flamme
Un feu obscur et sombre qui consume son âme

Malédictions nouvelles
Attentes éternelles
Aux brumes les plus noires
Aux futurs cauchemars.

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décembre 9

Gigue

Là-bas, au loin, sur les flots déchaînés
Sur les vagues violentes, le diable vint danser
Il dansait une gigue au son de cors funèbres
Avec pour seules compagnes des abîmes de ténèbres

Sous ses sabots l’eau noire commençait à bouillir
Au fond, Ys la grande gisait sans voir venir
Son jour de rédemption. Et le diable dansait
Plus fort il sautillait, plus dur il frappait

Et les eaux bouillonnaient, le vent telle tempête
Soufflait toute sa colère de voir danser la Bête
Les marins apeurés sur leurs frêles esquifs
Sentaient leur heure dernière approcher à pas vifs

Et la Mort tout soudain vint dans la sarabande
Venue pour récolter sa macabre provende
Ce jour là sur la mer, nombreux furent les naufrages
Pas une caravelle ne revint au rivage

Et dans la cité d’Ys vinrent tant d’arrivants
Ensevelis tout nets par la fureur des vents
Qu’elle fut repeuplée de navigants noyés
Attendant leur pardon pendant l’éternité.

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décembre 9

In fine

Quand s’en vont les poètes danser auprès des pierres
Leurs lieux d’éternité, leurs terres nourricières
Pour se glisser, tranquilles, dans les bras du passé
Et dormir à loisir, dans leurs rêves demeurer

Quelques admirateurs, de rares amis les pleurent
Se languissant des être qui écrivaient leurs cœurs
Toujours pleuraient leurs sangs au son de rimes amères
Ils chérissent, nostalgiques, des heures qui les virent fiers

Une rose déposée, un requiem sonné
On allonge leurs corps et les laisse reposer
Et chaque an, le même jour, moins nombreuse est la foule
A mesure que le temps et la tristesse s’écoulent

Bientôt ne viendront plus en ces terres funèbres
Que les âmes sincères qui levèrent les ténèbres
Et lorsque les poètes sentirent leurs fins venir
Sans jamais se lasser, toujours les chérirent

Même si la tristesse toujours les tenaille
Elles demeurent attachées, ces fidèles sans failles
Les poètes pour elles auront créé un chant
Qui les confient aux anges, qui en font leurs enfants.

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décembre 9

Automates

Ils avancent dans les rues d’un pas bien cadencé
Brillants et rutilants, de médailles décorés
Teint blafard, œil vide, le costume reluisant
Automates avides, armés, faiseurs de sang

Installés au volant de leurs fiers véhicules
Téléphone à la main, déblatérant formules
Dans leurs costumes gris, mallettes à la main
Devant nous, par milliers, défilent des pantins

Derrière leurs claviers, leurs lunettes d’écaille
Baignant dans la clarté des outils de travail
Teint blême et œil hagard, cherchant l’erreur tactique
Sinistres marionnettes de l’ère informatique

Aux commandes de machines, gestes automatisés
Tous les jours s’échinent des centaines d’ouvriers
Répétant les mouvements, toujours, à l’infini
Devenus engrenages des mécaniques outils

Applaudissez cette ère, encensez les machines
Oubliez donc qu’à terme vous serez les victimes
De l’âge industriel, productions à la chaîne
Qui transforme les êtres en mécaniques humaines.

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