décembre 8

Les immobiles

Elles se dressent droites et fières dans ce triste jardin
Diane figée dans la pierre, corbeau de schiste ancien
Immobiles par nature et pourtant si vivantes
Tous les temps elles endurent, créatures émouvantes

Matières silencieuses, offertes à toutes les vues
Formes majestueuses, envoûtant l’âme émue
Qui contemple à loisir vos silhouettes fanées
Vous imagine rire, vous agiter, danser

Si l’on prête l’oreille, parfois, dans ce silence
On peut y distinguer vos murmures de souffrances
Et parfois on croit voir au creux de vos yeux vides
S’écouler une larme sur vos faces livides

Quelques fois dans la nuit, quand la lune vous éclaire
Vous glissez sans un bruit au sol vos pieds de pierre
Et vous vivez un peu , dénouant vos membres fins
Appréciant l’existence que vous enviez en vain

Alors certains matins la rage vous fait hurlantes
Et l’on voit sur vos doigts fleurir des tâches sanglantes
Prenez gardes, passants à ces statues furieuses
Vous pourriez devenir leurs victimes curieuses

Pourtant le temps les ronge, fissurant les corps durs
Erodant les contours et les visages purs
Lui ne distingue pas la pierre de la chair
Et écrase de son poids les objets éphémères.

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décembre 6

Aux passants

Vous qui passez ici, en ces lieux oubliés
De la lumière du jour et des êtres enchantés
Soyez surs de porter votre obole à Charon
Il est l’unique passeur pour votre raison
Ne soyez effrayés ni des morts, ni des cris
Car en ces lieux sommeillent des êtres de la nuit
Passez votre chemin sans crainte, avec respect
Et trouvez donc ici un être aux mils aspects
Mais ne restez point trop, où bien vous vous perdrez
Dissout dans cette toile pour l’éternité.

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décembre 5

Créature des songes

Vision dans le brouillard, éclair dans l’éther
Une forme apparaît, étrange passagère
Les brumes qui la rendent indistincte, fuyante
S’entrouvrent peu à peu, dévoilant l’élégante

Son corps se détache, tout en formes et rondeurs
Un délicat visage dissimule un grand cœur
Botticelli lui-même y verrait sa Vénus
Venue sous forme humaine, envoûtante et même plus

Ajoutez à cela une expression tranquille
Et des yeux pleins d’éclats des gemmes au grain subtil
Vous verriez sur ces traits une Mona Lisa
Léonard succomberait devant cet astre roi

Un sourire rassurant plane, calme, sur ses lèvres
Elle glisse divinement, piégeant tous les orfèvres
Qui veulent lui offrir leurs plus vaillants ouvrages
Les écarte patiemment, sans créer force ni rage

Soudain résonne son rire, alors ses yeux s’éclairent
Venu des terres glacées, il sonne fort et clair
On y entend doucement les glaces bruire et tinter
Et la fraîcheur des qui balayent les glaciers

Déesse, quel est ton nom ? Reine des terres de glace
Que viens-tu faire ici, devant des âmes si lasses
Tu portes dans ton cœur une énergie radieuse
Qui fait renaître en moi toutes mes heures heureuses.

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décembre 5

Trinité

La première porte sur son front
L’éclat d’une étoile glacée
Son regard embrasse l’horizon
Diffusant sa lumière argentée

La seconde est porteuse des flammes
Des feux d’enfer, suprême jugement
D’une main elle réchauffe les âmes
De l’autre consume les malveillants

La troisième contient en son être
L’essence des peuples aquatiques
D’un rire elle laisse apparaître
L’écho de ses chants hypnotiques

Trois anges gardiennes pour un poète
Trinité céleste, protectrice
L’encourageant, lui qui si bête
Tient à souffrir de malice

Trois êtres divins, enchanteur
Qui veulent le voir rayonner
Seraient-elles Moires, épongeant pleurs
Pour façonner une destinée ?

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décembre 5

Tango…

Sur un pont gigantesque, construction fantastique
Un comédien grotesque danse un tango tragique
Le long des grands haubans, lentement il a grimpé
Se déchirant les mains sur les câbles d’acier

Pendant cette escalade, il n’a qu’une chose en tête
Comme une litanie, quelques mots il répète
« Un mince câble de fer, le fil du rasoir
Suspendant dans les airs une vie dérisoire »

Puis il arrive enfin, son ascension s’achève
A la force de ses bras, au sommet il s’élève
Il s’y dresse fièrement, aspire à pleins poumons
L’air mordant et froid qui lui donne des frissons

Puis il fait quelques pas, se met en mouvement
Au son d’une musique que lui seul entend
Il tourne, vire et danse, toupie prise de folie
Sous l’éclat des étoiles, enveloppé de nuit

Si près il s’approche de l’à pic de métal
Puis soudain il s’élance dans le vide. Thème final.
La rose rouge qu’il tenait serrée contre son cœur
Egraine ses pétales, larmes de sanglants pleurs.

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décembre 5

Promenade nocturne

La nuit m’appel encore, me pousse vers l’extérieur
Dans un rayon de lune je déambule, rêveur
Mes pas défilent seuls, de leur propre volonté
Sur un chemin obscur couvert de gravier

Sous me bottes défile ce ruban argenté
Fait de schiste et de sable, d’herbe grasse bordé
Je passe deux piliers tenant une grille de fer
Si vieille et si usée qu’elle tomberait en poussière

Alentour se déploient des ramures grises et froides
Saules pleureurs, bouleaux, sous la lumière fade
Agitent dans le vent leurs branchages alourdis
Par l’humidité apportée par la pluie

Dans un sombre détour se dresse une justice
Prisonnière d’un rosier qui l’étreint et se glisse
Tout au long de son corps, constituant une cage
Aux barreaux acérés, fleurs anthropophages

Une brume s’élève du sol, enveloppant les lieux
Rend l’univers opaque, dissimule les feux
Un nuage soudain devant la lune se place
Rendant la nuit aveugle, ses contours il efface

Contre une dalle de marbre mon pied vient de buter
Je trébuche et m’écroule contre la pierre glacée
A tâtons mes doigts courent sur toute sa surface
Rencontrent des mots gravés : « Vous giser en cette place »

Aussitôt tout mon être se dissout, aspiré
Mon âme reprend sa place sous cette pierre couchée
Une nouvelle fois je fus l’illusion d’un vivant
Errant sur cette route, l’arpentant tristement.

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décembre 5

Pluie

Pluie, douce pluie, tombe sur le monde
Lave le de ses fautes, de ses erreurs immondes
Et porte amoureusement aux âmes tristes qui pleurent
Un peu de réconfort par ta prime douceur

Pluie, pluie battante et féroce
Fait sursauter la terre des tes gouttes véloces
Creuse de nouvelles galeries, emplit les de ton eau
Fais couler ton ennui pour des jours plus beaux

Orage, violent orage, tempête, hurle et gronde
Déracine les arbres, remue la terre féconde
Fais chuter les murailles de tous les forts anciens
Eloigne enfin la guerre, pour de beaux lendemains

Foudre, vents et marées, forces de la nature
Défendez votre espace, maintenez le très pur
Dévastez les surfaces que l’on vous a volé
Exigez votre place, n’ayez point de pitié

Pluie, pluie de sang, pleur ultime
Du ciel qui, en souffrant, demeure magnanime
Noie cette humanité, brûle ses crimes, ses affronts
Pour rendre la beauté au cycle des saisons…

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décembre 5

Morituri te salutant

Les Parques et leur écheveau, l’Ankou et sa charrette
Que voici bien des maux lorsqu’un cœur s’arrête
De bien belles métaphores, des images éthérées
Pour vous faire de la Mort l’inéluctable idée

D’abord la mort physique dans son brutal constat
Son ordre mécanique, sa transition d’état
Le cœur cesse de battre, le sang s’immobilise
Les organes s’atrophient, la peau prend teinte grise

Vient la mort mentale, plus lente, plus douloureuse
Le centre cérébral joue une lutte malheureuse
L’esprit hurle, se débat, cherche encore un instant
Une victoire au combat qu’il mène contre le temps

Mais pas d’échappatoire à l’agonie du corps
Il n’est aucun espoir d’échapper à son sort
Le temps joue contre nous, il s’égraine en silence
Erodant lentement nos âmes et nos sens

Mais est-ce si dramatique que nous devions mourir
Quand à chaque heure de vie il nous faut souffrir
Notre route est tracée, nos destinées enviables
Alors ne fuyons pas devant l’inévitable.

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décembre 5

Le poids des peines

Oh mon cœur ce matin tu soupires en silence
Tu aimerais, c’est humain, faire cesser ta souffrance
Laisser enfin ces doutes, oublier ta tristesse
Trouver un doux repos, céder à la tendresse

Tu voudrais le repos au pied d’un arbre fort
Au creux de ses racines t’allonger sans effort
Contempler la prairie, t’imprégner des parfumes
Dormir en compagnie d’une étoile et demain

T’éveiller à nouveau, plus jeune et vigoureux
Sentir la terre jeune te pousser vers les cieux
Tu cherches ta jeunesse perdue depuis longtemps
Pour masquer ta faiblesse qui croit au fil du temps

Tu songes à ton passé, tu vis tes souvenirs
De ces vies achevées tu aimes à retenir
Tous les instants heureux qui les ont éclairées
Puis te viennent pleurs et larmes, douleurs mal soignées

Tu portes tous les jours les stigmates de ton âge
Qui deviennent plus lourds, t’enferment dans une cage
Ou bien parfois s’allègent d’un sourire, d’un baiser
Que les êtres qui t’aimes t’offrent par amitié

Mon cœur, tu n’es pas seul même au plus noir des nuits
Toujours quelque part songe à toi un ami
Quand ton fardeau devient plus lourd qu’une stèle
Songe donc à leurs besoins, aux êtres qui t’appellent…

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décembre 5

La valse folle

Etre intuitif, émotionnel,
Encre de sang, plume d’une aile
Emporté dans un tourbillon
La musique de l’inspiration

Les notes défilent sur le papier
Mélodies simples, trop appréciées
Par des amis, des inconnus
Qui l’encensent, le veulent connu

Danse des lettres et des écrits
L’auteur en reste abasourdi
Hésitant à sortir de l’ombre
Fuyant, peureux et toujours sombre

Pour bien faire, on veut l’éclairer
En pleine lumière l’exposer
Lui que les projecteurs effraient
Pour rien au monde ne le voulait

Mais par bon cœur il s’incline
Pour d’autres, ses peurs il domine
Craintif, fragile, terrorisé
Par la valse où il est jeté

Entre paraître et apparence
Il cherche un masque à sa souffrance
Car dans son cœur il sent déjà
Les flammes du bûcher qu’on dressera

« Les comètes brillent quelques instants
Puis elles s’éteignent dans le néant… »
Silencieusement sur l’écritoire
Il trace les courbes du désespoir.

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