août 14

Hantise

Miroirs d’un temps passé qu’à jamais on enterre
Souvenirs indésirables qu’on voudrait oublier
Enfermés dans une boite qui devrait être brulée
Vos images ressurgissent comme on creuse un cimetière

Spectres de mon histoire, importuns visiteurs
Vous devriez pourtant être ensevelis
Emmurés au sous sol d’un bâtiment détruit
Et non fantômes errants, revenants chahuteurs

Vos cadavres pourrissent dans un marais puant
Dans les méandres obscurs de mon âme ruinée
J’avais fait de vos restes poussière, cendre et fumée
Pour me débarrasser de vos os encombrants

Qui vous a ramené ? Qui veut me voir brisé?
Quel sinistre esprit vous invoque du néant?
Je vous ai trop souffert, ténébreux mécréants
Pour voir à nouveau venir me hanter

Retournez à la tombe! Fuyez! N’approchez pas!
Je vous conjurerai, vous jetterai en Enfer
Vous n’êtes qu’illusions, affolantes chimères
Vous n’aurez pas l’audace de m’amener au trépas!

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août 12

A quoi ça rime

Derrière les doubles sens, les ambiguïtés
Se cache une autre face de la réalité
Les mots ainsi tracés se parlent à eux même
S’interrogent, se répondent, brodent de nouveaux thèmes

Les vérités masquées, tisseuses d’illusions
Changent d’un vers à l’autre, semant la division
Toutes les rimes se mêlent, esquissent un paysage
Où se perd le profane et s’abandonne le sage

Tout est de faux semblant, habile tour de magie
Codes improvisés par d’espiègles esprits
Mille indices sont visibles mais ne signifient rien
Un jeu d’ombres chinoises dans une nuit sans fin

C’est une carte aux trésors imprimée par la vie
Sur une peau humaine, esclave de ses folies
Qui conduit à l’abyme, ténébreuse, enivrante
En son cœur est enfouie une vérité absente

Et sur ce grand théâtre fait d’encre et de papier
Des dizaines de pièces sont chaque jour montées
Pour mieux dissimuler le vide omniprésent
Qui gouverne la plume de cet auteur pédant.

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août 12

Muses

A vous Muses secrètes, compagnes de mes nuits
Amantes de ma plume et de mes insomnies
Mes mots semblent bien pâles pour dire votre beauté
Mais pour vous rendre hommage il me faut essayer

Vous êtes mystérieuses, aériennes, éthérées
La finesse de vos traits vient d’un lointain passé
Vos grâces sont généreuses, oniriques, enivrantes
Eveillant les passions d’une caresse nonchalante

Pour un sourire de vous plus d’un se damnerait
Alors pour un baiser l’Enfer on embrasserait
Vos voiles si légers exhalent un doux parfum
Evoquant un Eden, un sanctuaire divin

L’éclatante chevelure couronnant vos visages
Brille telle une étoile, lumineux héritage
De vos grandes origines et l’émeraude de vos yeux
Resplendit comme un astre brulant de mille feux

Un mot, un frôlement sur mon front alourdi
Me comblent et me ravissent, me laissant à merci
Je suis votre valet, votre humble serviteur
Déesses d’Onirie, détentrices de mon cœur.

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juillet 24

Le Voyageur

Certaines nuits sont emplies d’habitants fantastiques
De sublimes créatures devenues des légendes
Parées de mils feux et couvertes d’offrandes
Ces pâles divinités brûlent d’un éclat mystique

D’autres nuits sont plus sombres, propices aux démons
Eveillant les cauchemars hurlant dans la froideur
D’une horrible tempête, de conflits intérieurs
Libérant dans mes veines leurs multiples poisons

Et puis viennent les nuits toutes emplies d’exception
Où la lune s’amuse, danse avec les étoiles
Les déesses se parent de leurs plus beaux voiles
Et l’ombre me révèle un étrange compagnon

Tapis dans la noirceur d’une cape d’obscurité
Il flotte en son regard une folle étincelle
Fruit des nombreuses conquêtes que son nom ensorcelle
Son esprit demeure fort, très vif et affuté

Il ouvre des chemins que nul ne connait
A travers les ténèbres et les voies oubliées
Il connait les secrets que le monde a cachés
Aucun homme sain d’esprit un œil n’y risquerait

C’est le gardien des œuvres et connaissances magiques
Détenteur de savoirs, maître des illusions
Allant où bon lui semble, barde aux mille chansons
Il enchante les esprits de ses vers hypnotiques

Et moi humble poète, perpétuel rêveur
Je peux voir dans ses yeux vivre toutes ces beautés
Séduit par leurs merveilles, je me laisse entrainer
Prêt à risquer ma perte pour ces anciennes grandeurs.

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juillet 24

L’Hôte

Entre les froids couloirs d’un donjon oublié
Rêve un étrange spectre venu des temps anciens
Dans les brumes grisâtres d’un caveau souterrain
Où d’antiques gardiens l’ont tenu enfermé

Il songe à la surface, si loin de son regard
Aux êtres légendaires qu’il a si bien connu
Devenus obsolètes, ils se sont dissolus
Dans la toile du Temps, hôtes de nos mémoires

Dans les sombres replis de son âme prisonnière
Il imagine la vie libéré de ses chaînes
Maudissant ses geôliers esclaves de leur haine
Il cherche le moyen de fuir son enfer

Il se voit renaissant dans un monde inconnu
Changeant sa destinée, expiant toutes ses fautes
Rachetant sa pureté, marchant la tête haute
Au bras d’une princesse, innocente ingénue

Toutes ses rêveries l’éloignent de sa peine
Allègent sa souffrance, lui donnent un peu d’espoir
Il voudrait un jour sortir de son cauchemar
Dissiper les ténèbres qui dans l’abyme l’entrainent

Sa soif de pouvoir, de contrôle, obstinées
Ont dévoré son corps, ne laissant qu’un esprit
Qui voulait plus encore, dominer l’infini
Assoir sa puissance quitte à tout ravager

Les leçons du passé lui ont enfin servi
Il a appris chaque heure une grande humilité
Regrettant ses erreurs, pliant sa volonté
Les murs de sa cellule l’ont lentement assagi

Pourtant dans cette crypte il demeure attaché
Rien ne viendra briser son long isolement
La Mort l’a emporté sans qu’il en soit conscient
Détenu dans cet espace pour l’éternité.

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juillet 19

Coquille vide

Je suis seul, isolé, sur un ilot de pierre
Une main squelettique me serre soudain le cœur
D’anciens maux, des regrets éveillent ma douleur
Perdu dans une contrée trop inhospitalière

C’est en désert de ruines battu par les tempêtes
Où peur et abandon gouvernent les sentiments
Dans un chaos terrible où dominent les tourments
Balayant toute idée ou solution concrète

Les doutes, la mésestime y croissent à foison
Pompant toute énergie pour distiller leur sève
Et répandre leur poison sans faiblir et sans trêve
Brisant toute résistance, piétinant l’illusion

Une spirale infernale serpente vers l’abysse
Où disparaissent la joie, le bonheur et l’espoir
Ne laissant à l’esprit aucune échappatoire
Dans un cauchemar sans fin où les rêves s’assombrissent

Tout semble s’avilir, mourir, se consumer
Dans la bouche finale d’un absolu néant
La plus infime pensée s’abyme en un instant
Au cœur de cette absence où meurt l’éternité

Aspiré par ce gouffre à l’insatiable faim
Dans mon corps s’éteint toute étincelle de vie
Et tout mon être sombre dans ce vide honni
Perdant toute substance dans une chute sans fin.

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juillet 18

Les damnés

De quel astre viens-tu, poète aux pâles rimes
Dans ton triste regard flotte un éclat ternis
Tes épaules affaissées trahissent tes ennuis
Tu ploies sous le fardeau de ton manque d’estime

D’où descends-tu, sombre ange aux ailes noir de suie
Tombé plus bas que terre sous le poids de tes peines
Ton cœur consumé par le manque et la haine
De quelque obscur dessein te plongeant dans la nuit

Quel lieu t’a vu naitre, étrange voyageur
Qui t’a tant imprégné d’images majestueuses
Avant de t’exiler sur cette plage rocheuse
Où la marée t’apporte la mort et la douleur

Sous quels cieux mystérieux tes yeux ont vu le jour
Conteur à la voix douce et aux rêves brisés
Quand donc as-tu perdu l’art de t’émerveiller
Quel est ce grand secret qui te pèse si lourd

Vous tous, passagés de ma barge de chair
Entrainés vers le fond sous la lune livide
M’enserrez dans la toile de l’immensité vide
D’une mélancolie aux couleurs mortifères.

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juillet 7

Pauvre chevalier blanc

Pauvre chevalier blanc abîmé par le temps
Ton armure est en miettes rongée par l’oubli
Tous tes beaux idéaux ruinés par la vie
Tes rêves de bonheur s’enfoncent dans le néant

Plus de dragon maudit à passer par l’épée
Les monstres d’aujourd’hui brassent d’autres monnaies
Vendant terreur et mort sans la subir jamais
Cachés dans les bureaux de leurs tours blindées

Plus de belle en détresse à venir secourir
Elles sont devenues guerrières, féroces, enragées
Les dames d’aujourd’hui savent se protéger
Ne comptant plus sur l’homme qui pourrait accourir

Plus de grandes chevauchées criant sus à l’ennemi
Les guerres de ce monde se pilotent à distance
Laissant dans leur sillage toujours plus de souffrances
Il n’est plus de bravoure aux faits d’arme d’aujourd’hui

Les codes de chevalerie sont maintenant dépassés
Toi-même tu ne crois plus à ce rêve enchanteur
Le quotidien a eu raison de ta candeur
Tu végètes telle une ombre dans ton grand canapé

Ta promise t’a quitté, te voyant t’avachir
Ta lance s’est brisée, montrant ta déchéance
Devenu obsolète tu t’étioles en silence
Reniant tes serments, déçu par l’avenir

Elle est bien terminée l’époque des héros
Plus rien n’a d’importance que le poids de ton or
Tes dignes héritiers sont moins vivants que morts
Dans leurs sombres costumes derrière leurs bureaux.

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juillet 3

Coeur de verre

Lorsque les histoires fuient et les pages restent blanches
Les heures s’éternisent dans le désœuvrement
Les froides ombres s’immiscent en mon noir inconscient
Pour venir troubler mes pensées les plus franches

Une étrange amertume vient me serrer le cœur
Et mon esprit se meurt, épave abandonnée
Dérivant sous les vagues de mon âme brisée
Noyée dans les tourments d’une sinistre humeur

De blessantes paroles résonnent à mes oreilles
Ravivant des douleurs jamais cicatrisées
Exsudant une bile sombre et empoisonnée
Qui excite des démons jusqu’ici en sommeil

Lentement ma raison sous leurs feux se consume
M’attirant plus avant vers une voie sans retour
Sous d’illusoires cieux où planent les vautours
Se disputant mes restes d’une tombe qu’ils exhument

Les actions conjuguées des flammes qui m’envahissent
De mes sens défaillants, de mon corps fatigué
M’entrainent vers les ténèbres, menaçant m’emporter
Dans une spirale sans fin où les anges s’avilissent

Dans mon cerveau explose une pourpre orchidée
Alors que je m’effondre, accablé par mes maux
Je ne suis plus qu’un corps entrainé pas les flots
De sentiments amers qui viennent me submerger

Ainsi en chaque instant où le doute m’enserre
Mon être se lézarde, rongé par les souffrances
Et si rien ne paraît, j’agonise en silence
M’approchant un peu plus de ma demeure dernière.

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juin 28

Coupable

Coupable! ont dit les juges avant de m’enchaîner
Coupable! a dis le prêtre de ne me repentir
Coupable! crie la foule avant de me maudire
Coupable! tonne le bourreau avant de me brûler

Pour n’avoir pas sût trahir, me défendre
Renier mes croyances, laisser ma liberté
Renoncer à mes choix, museler mes pensés
Le monde m’a condamné, refusant de m’entendre

J’étais libre penseur, enfant de la Nature
Vivant paisiblement sans jamais m’en cacher
Me tenant loin du mal, innocent et envié
Par trop de puissants, malfaisants et impurs

Ils ont pour m’abattre, fomentés un complot
M’accusant de blasphèmes, d’atteintes à leur foi
Tentant de me soumettre, m’imposant leurs lois
Me tenant responsable d’imaginaires maux

Tout fut vite réglé par leur sinistre engeance:
Par leur poigne de fer, mon ignorance broyée
Par leurs vilénies, mon honneur bafoué
Le sceau de l’infamie marquant mon existence

A jamais sur mon âme cette empreinte est tatouée
Souillant de sa noirceur toute possible descendance
Même si ma vie s’achève sur l’autel des souffrances
Je resterai coupable devant l’éternité.

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