novembre 29

Morsure des ténèbres

Agonie lente et longue, lourdeur du temps qui passe
Lorsque l’être s’englue dans sa trame et se lasse
Sa vie se fait douleur, son souffle est traumatique
Quand lui pèsent les heures d’une vie fantomatique

Alors chaque seconde s’étire sur mils ans
Devient insupportable à l’esprit du mourrant
Chaque battement de cœur, chaque pulsation sanguine
Résonne, prend de l’ampleur, joue fort, sans sourdine

Les tintements, les échos agressent l’humeur morose
Toutes les fibres de l’âme se contractent, s’indisposent
Implosion maladive, douleurs sourdes, flot de peines
Les larmes huileuses et sombres charrient leur sève malsaine

C’est l’hallali de l’âme, le chant du désespoir
L’ardeur d’aucune flamme n’efface les griffes noires
Des horreurs et des ombres qui s’infiltrent, noirceurs
Dont les tours méprisables réduisent l’être à ses peurs

La lumière disparaît, masquée par l’astre obscur
Qui distille le malheur, agrandit les fissures
L’esprit s’enferme ainsi dans un caveau morbide
Rejette le divin, appelle la mort avide.

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novembre 25

Nausée spleenéenne

Rage froide et mauvaise pointée vers le néant
Amer désespoir sans raisons, mal fréquent
Novembre et sa Toussaint, fête des être perdus
Célébrez vos défunt, pleurez, ils ne sont plus

Mais qui d’eux ou de nous à le meilleur sort
Faut-il être vivant ou préférer la mort
La vie n’a pas de sens, elle est triste, monotone
La mort comme délivrance ? C’est un sommeil aphone

Sous une plaque de marbre, dans un fauteuil usé
Quel sort est plus enviable ? L’un ou l’autre côté ?
Moi qui n’est de raison ni pour l’une, ni pour l’autre
Je pose la question. L’enfer, est-ce les autres ?

N’œuvre-t-on pas soi même à construire sa perte
En s’entêtant à vivre, à errer, corps inertes.
Bientôt viendra Décembre et sa nuit d’avènement
« Voyez, cette nuit est né un grand défunt souffrant ! »

L’humeur spleenéenne aveugle ma vieille plume
Qui trace des mots teintés de folie, d’amertume
Les questions sans réponses n’en demeurent pas moins
Je n’ai rien à pleurer, pourtant je souffre, en vain

Qu’ai-je donc perdu qui m’ai rendu si triste
N’est-ce pas une illusion qui me rend égoïste ?
Dans la pleine lumière je sais sourire pourtant
Je n’ai rien vu mourir, mais mon âme morte s’étend.

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novembre 24

L’hiver des mots

N’avoir plus l’énergie que de laisser passer
La tête vide, l’esprit fané, laisser tomber
Un univers s’effondre, à l’abandon
Les mots ne vivent plus, ils se défont

Fondu au noir, pas d’enchaînement
La mécanique magique n’a plus de carburant
Les lambeaux de rêve se déchirent, tombent en poussière glacée
Les mains désirent pourtant écrire, les faire vivre, les faire danser

Mais le cœur vivant s’est enfoui et gelé
Laissant un être absent, vide devant son papier
Même les pleurs ne viennent plus, le vide se fait présence
Les pensées se percutent, mais rien, pas de souffrance

Désespoir et tristesse eux même sont partis
L’enveloppe demeure vide, la cage de l’esprit
Dans laquelle il tourne, il cherche en vain un mot
C’est l’entrée dans l’hiver, la vie s’éteint bientôt

Souhaitons que le printemps apportera des songes
Pour sortir l’âme enfin du vide qui la ronge
Ou briser pour toujours l’unique plume du poète
L’achever en silence et le faire disparaître.

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novembre 21

Le pays bleu

Il est un pays bleu dont on voit les rivages
Chaque jour un peu plus nous poussant au voyage
Ses plages sont d’argent, ses coquillages d’écume
Et la mer les baignant les décore de brume

Puis viennent ses prairies de joncs et de lavande
Qui font de ce pays une terre d’offrande
Un havre de beauté sous ses arbres dorés
Qui diffusent doucement une lumière ambrée

Puis viennent les collines parsemées d’églantines
Diffusant leurs parfums, les fleurs d’aubépines
Ici et là un lac fleuri de nénuphars
Qui reflète le ciel, lui servant de miroir

Viennent les hautes montagnes baignées d’air bienfaiteur
Qui pénètre votre âme, vous plonge dans la douceur
Ce pays vous enveloppe, vous enivre, vous charme
De tout guerrier brutal il érode les armes

C’est en ce pays là que je veux demeurer
Bien à l’abri des ombres, je le sens rayonner
Et aujourd’hui enfin je sais où sont ces lieux
Car je le vois maintenant s’épanouir dans tes yeux…

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novembre 21

Aux étoiles!

Aux étoiles ! Aux étoiles ! Filons vers les étoiles
Quittons ces terres froides, hissons les voiles
Déployons nos ailes d’un souffle et montons vers les cieux
Pour contempler de plus près ces joyaux aux mils feux

Ici nous sommes lestés, écrasés, avachis
Nous portons avec nous tout le poids de l’ennui
Brisons donc nos chaînes et partons pour ailleurs
Sortons vite de cette cage, allons nous en, rêveurs

Il est bien plus que temps de nous extraire d’ici
Avant qu’au plus profond soyons ensevelis
Quittons ces lieux affreux, vides et consumés
Evitons de nous perdre et d’être assimilés

L’asservissement nous ruine, nous rend faibles et dociles
C’est un avertissement, laissons ces terres futiles
Mettons toutes voiles dehors, voguons droit vers l’azur
Rejoignons les oiseaux, les autres créatures

Quittons notre prison, cap vers la liberté
Là où s’épanouissent nos rêves éthérés
Poussons plus loin nos songes, vers les splendeurs astrales
Qui brillent au cœur de l’ombre, d’une clarté vespérale

Moi, mon bagage est prêt, mais je ne pars pas seul
M’accompagnerez-vous, laissant votre linceul ?
Ou bien resterez-vous, attachée mais contrainte
Partirais-je sans vous, ni sans aucune plainte….

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novembre 14

Complainte pour une sirène

La triste Lorelei aujourd’hui se lamente
Car son tragique sort la trouble et la tourmente
Elle qu’on croit habitée par l’âme de la vengeance
N’arrive plus à masquer les marques de ses souffrances

Elle ne sait plus aimer, amère, abandonnée
Sa grande solitude ne cesse de la ronger
Le naufrage des marins qui la fit rire un temps
L’accable de douleurs. Elle verse des larmes de sang

Son chant puissant et beau, piégeur et envoûtant
Résonne sur les flots depuis bien trop longtemps
Si acre est le goût du sang de la vengeance
Elle l’a trop goûté, désire sa délivrance

Sur son haut promontoire, la pauvrette se meurt
Au creux des temps passés elle cherche la douceur
Elle supplie, elle sanglote, criant ses plaintes aux vents
Qui emportent avec eux ses désirs d’apaisement

Patience, belle Lorelei, reine des profondeurs
Le jour viendra bientôt où cesseront tes malheurs
Un jeune et beau marin plus agile et léger
Les flots t’apporteront pour te voir libérée.

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novembre 14

Archange, réveille-toi

Archange solitaire, oiseau aux ailes froissées
Du peuple des chimères tu aimes la beauté
Et tu essai en vain de l’amener en ce monde
Faire vivre sous forme humaine les êtres issus de l’onde

Toi aux ailes illusoires venu du monde des rêves
Tu erres au hasard, ta solitude sans trêve
Tu la portes en ton cœur, en ton corps sans vie
Les bonheurs illusoires te triturant l’esprit

Ton fardeau nulle part tu ne dois déposer
Aucune âme de ta voix tu ne dois accabler
Ton rôle est de servir, protéger, assister
Les êtres que tu chéris, seul pour l’éternité

Ton cœur n’est pas humain, ton esprit est tout autre
Apaise ton chagrin, fait toi du bien l’apôtre
Couvre de tes plumes sombres ceux que tu dis aimer
Protège les des ombres, aide les à s’apaiser

Chasse de ton esprit les valeurs trop humaines
Qui te brident, te conduisent à une folie certaine
Redevient ailes d’argent, apporte le bonheur
A toutes celles et ceux qui t’aiment comme l’un des leurs.

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novembre 11

Les Quatre

Le premier porte les douleurs, la peste noire et légendaire
Il ronge et fait souffrir le corps, sème la maladie des Enfers
Plaies purulentes, teint vert, yeux jaunes, corps affaibli, pâle et usé
Il se répand de par le monde, c’est Maladie, cet insensé

Le second enflamme le cœur, colère brûlante, haine dévorante
Il chauffe la bile, attise rancoeurs, rend les lames et les mains sanglantes
Il souffle son haleine embrasée sur tous les peuples, crée le chaos
Et de la lame de son épée, Guerre le maudit dispense ses maux

Le troisième rend le corps fragile, dégrade muscles et tissus graisseux
Il creuse le ventre, affaiblissant, torture l’esprit, le rend nerveux
Il épuise l’être, le pousse à bouts, tenaille ses viscères et l’affame
Détruit les récoltes du regard, voici venir Famine l’infâme

Le dernier entre alors en scène, meurtrit par son aura gelée
De sa main sombre il s’empare des énergies, sans sourciller
Il éteint par sa seule présence la vie, l’avenir des créatures
S’avançant pour saisir les âmes, la Mort, maître des sépultures

Ainsi les Quatre se succèdent, annonçant de ce monde la fin
Comme toujours ils procèdent à accomplir un grand dessein
Maladie, Guerre, Famine et Mort, quatre fléaux s’abattent sur l’homme
Quatre guerriers, quatre chimères, quatre facettes du monde en somme.

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novembre 10

Honnête

Je suis l’archange errant, le divin protecteur
Celui qui discrètement vient apaiser vos coeurs
Le ciel m’a rejeté, me trouvant trop humain
Aussi ne puis-je aimer, mon cœur est incertain

Je suis l’ange très obscur, l’ombre qui se fait espoir
Les ténèbres au cœur pur, élu jailli du noir
Le chant de destruction qui résonnait en moi
Va se taire maintenant, la mort n’est plus mon choix

Je mets l’énergie sombre au service de l’amour
Qu’en chaque être que j’aime renaisse un nouveau jour
L’obscurité morbide, les ténèbres hurlantes
Vont s’effacer, livides, se résorber, dormantes

Je suis une aube grise, une lumière argentée
Au contraire du soleil, je ne viens rien brûler
Je suis être fait obscur portant en lui une flamme
Plus douce mais plus pure que le feu de vos âmes

Ma lumière brille pour vous, compagnes de mes tourments
Je vous l’offre, vous la cède et mils remerciements
Grâce à vous l’énergie renaît, belle et puissante
Acceptez que je veille sur vos âmes souffrantes

Je suis l’oiseau de paix à qui vous donnez vie
Mon être vous est acquis, ma vie, mon énergie.

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novembre 5

Confession

Entendez la complainte de l’être né sans nom
Dans les brumes du malheur, au loin, il se morfond
Il se lamente sans cesse, pleure ses ailes brisées
Perdu de part ce monde qu’il trouve dénaturé

Il gît dans son silence, muré dans son esprit
Ressassant sa souffrance, le cœur lourd et meurtri
Provoquant ses démons, il s’effondre sous leurs coups
Laissant l’inspiration le fuir, à demi fou

Il couche sur le papier des vers presque morts
Prétendant par cela s’éviter les remords
Il s’imagine poète, mais n’est que rimailleur
Et tout ceux qui le lisent considèrent qu’il se meurt

Mais sa plume qui s’assèche et son mal illusoire
Pourraient le rendre amer, ce rimeur dérisoire
Certaines veulent le sauver. Mérite-t-il de l’être ?
Lui dont l’esprit usé ne fait plus que paraître

Ses rêves l’ont envahi, ont achevé son âme
Il demeure prisonnier des chimères, c’est son drame
Il a fuit le réel depuis longtemps déjà
Errant à la recherche de ce qu’il n’aura pas.

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