décembre 18

Double

Aux rêves lointains, passés,
Aux souvenirs envolés
Vertiges de la mémoire
Effacés, plus d’histoire

Dans l’antre des soupirs où le cœur se meurt
Oubliant les sourires, lentement coulent les pleurs
Une vie fatiguée, une croix bien trop lourde
Un ange aux ailes brisées, vivant une douleur sourde

Un miroir qui renvoie des bribes d’émotions
Retrace des sentiments, expose des passions
Vibre sous les images qu’il reflète là
Sa structure s’ébranle, il vole en éclats

Un démon qui sommeille, en attendant son heure
Où tomberont les liens qui enchaînent sa fureur
Dans le froid de son être se réveille une flamme
Un feu obscur et sombre qui consume son âme

Malédictions nouvelles
Attentes éternelles
Aux brumes les plus noires
Aux futurs cauchemars.

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décembre 9

Gigue

Là-bas, au loin, sur les flots déchaînés
Sur les vagues violentes, le diable vint danser
Il dansait une gigue au son de cors funèbres
Avec pour seules compagnes des abîmes de ténèbres

Sous ses sabots l’eau noire commençait à bouillir
Au fond, Ys la grande gisait sans voir venir
Son jour de rédemption. Et le diable dansait
Plus fort il sautillait, plus dur il frappait

Et les eaux bouillonnaient, le vent telle tempête
Soufflait toute sa colère de voir danser la Bête
Les marins apeurés sur leurs frêles esquifs
Sentaient leur heure dernière approcher à pas vifs

Et la Mort tout soudain vint dans la sarabande
Venue pour récolter sa macabre provende
Ce jour là sur la mer, nombreux furent les naufrages
Pas une caravelle ne revint au rivage

Et dans la cité d’Ys vinrent tant d’arrivants
Ensevelis tout nets par la fureur des vents
Qu’elle fut repeuplée de navigants noyés
Attendant leur pardon pendant l’éternité.

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décembre 9

In fine

Quand s’en vont les poètes danser auprès des pierres
Leurs lieux d’éternité, leurs terres nourricières
Pour se glisser, tranquilles, dans les bras du passé
Et dormir à loisir, dans leurs rêves demeurer

Quelques admirateurs, de rares amis les pleurent
Se languissant des être qui écrivaient leurs cœurs
Toujours pleuraient leurs sangs au son de rimes amères
Ils chérissent, nostalgiques, des heures qui les virent fiers

Une rose déposée, un requiem sonné
On allonge leurs corps et les laisse reposer
Et chaque an, le même jour, moins nombreuse est la foule
A mesure que le temps et la tristesse s’écoulent

Bientôt ne viendront plus en ces terres funèbres
Que les âmes sincères qui levèrent les ténèbres
Et lorsque les poètes sentirent leurs fins venir
Sans jamais se lasser, toujours les chérirent

Même si la tristesse toujours les tenaille
Elles demeurent attachées, ces fidèles sans failles
Les poètes pour elles auront créé un chant
Qui les confient aux anges, qui en font leurs enfants.

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décembre 9

Automates

Ils avancent dans les rues d’un pas bien cadencé
Brillants et rutilants, de médailles décorés
Teint blafard, œil vide, le costume reluisant
Automates avides, armés, faiseurs de sang

Installés au volant de leurs fiers véhicules
Téléphone à la main, déblatérant formules
Dans leurs costumes gris, mallettes à la main
Devant nous, par milliers, défilent des pantins

Derrière leurs claviers, leurs lunettes d’écaille
Baignant dans la clarté des outils de travail
Teint blême et œil hagard, cherchant l’erreur tactique
Sinistres marionnettes de l’ère informatique

Aux commandes de machines, gestes automatisés
Tous les jours s’échinent des centaines d’ouvriers
Répétant les mouvements, toujours, à l’infini
Devenus engrenages des mécaniques outils

Applaudissez cette ère, encensez les machines
Oubliez donc qu’à terme vous serez les victimes
De l’âge industriel, productions à la chaîne
Qui transforme les êtres en mécaniques humaines.

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décembre 8

Les immobiles

Elles se dressent droites et fières dans ce triste jardin
Diane figée dans la pierre, corbeau de schiste ancien
Immobiles par nature et pourtant si vivantes
Tous les temps elles endurent, créatures émouvantes

Matières silencieuses, offertes à toutes les vues
Formes majestueuses, envoûtant l’âme émue
Qui contemple à loisir vos silhouettes fanées
Vous imagine rire, vous agiter, danser

Si l’on prête l’oreille, parfois, dans ce silence
On peut y distinguer vos murmures de souffrances
Et parfois on croit voir au creux de vos yeux vides
S’écouler une larme sur vos faces livides

Quelques fois dans la nuit, quand la lune vous éclaire
Vous glissez sans un bruit au sol vos pieds de pierre
Et vous vivez un peu , dénouant vos membres fins
Appréciant l’existence que vous enviez en vain

Alors certains matins la rage vous fait hurlantes
Et l’on voit sur vos doigts fleurir des tâches sanglantes
Prenez gardes, passants à ces statues furieuses
Vous pourriez devenir leurs victimes curieuses

Pourtant le temps les ronge, fissurant les corps durs
Erodant les contours et les visages purs
Lui ne distingue pas la pierre de la chair
Et écrase de son poids les objets éphémères.

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décembre 6

Aux passants

Vous qui passez ici, en ces lieux oubliés
De la lumière du jour et des êtres enchantés
Soyez surs de porter votre obole à Charon
Il est l’unique passeur pour votre raison
Ne soyez effrayés ni des morts, ni des cris
Car en ces lieux sommeillent des êtres de la nuit
Passez votre chemin sans crainte, avec respect
Et trouvez donc ici un être aux mils aspects
Mais ne restez point trop, où bien vous vous perdrez
Dissout dans cette toile pour l’éternité.

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décembre 5

Créature des songes

Vision dans le brouillard, éclair dans l’éther
Une forme apparaît, étrange passagère
Les brumes qui la rendent indistincte, fuyante
S’entrouvrent peu à peu, dévoilant l’élégante

Son corps se détache, tout en formes et rondeurs
Un délicat visage dissimule un grand cœur
Botticelli lui-même y verrait sa Vénus
Venue sous forme humaine, envoûtante et même plus

Ajoutez à cela une expression tranquille
Et des yeux pleins d’éclats des gemmes au grain subtil
Vous verriez sur ces traits une Mona Lisa
Léonard succomberait devant cet astre roi

Un sourire rassurant plane, calme, sur ses lèvres
Elle glisse divinement, piégeant tous les orfèvres
Qui veulent lui offrir leurs plus vaillants ouvrages
Les écarte patiemment, sans créer force ni rage

Soudain résonne son rire, alors ses yeux s’éclairent
Venu des terres glacées, il sonne fort et clair
On y entend doucement les glaces bruire et tinter
Et la fraîcheur des qui balayent les glaciers

Déesse, quel est ton nom ? Reine des terres de glace
Que viens-tu faire ici, devant des âmes si lasses
Tu portes dans ton cœur une énergie radieuse
Qui fait renaître en moi toutes mes heures heureuses.

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décembre 5

Trinité

La première porte sur son front
L’éclat d’une étoile glacée
Son regard embrasse l’horizon
Diffusant sa lumière argentée

La seconde est porteuse des flammes
Des feux d’enfer, suprême jugement
D’une main elle réchauffe les âmes
De l’autre consume les malveillants

La troisième contient en son être
L’essence des peuples aquatiques
D’un rire elle laisse apparaître
L’écho de ses chants hypnotiques

Trois anges gardiennes pour un poète
Trinité céleste, protectrice
L’encourageant, lui qui si bête
Tient à souffrir de malice

Trois êtres divins, enchanteur
Qui veulent le voir rayonner
Seraient-elles Moires, épongeant pleurs
Pour façonner une destinée ?

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décembre 5

Tango…

Sur un pont gigantesque, construction fantastique
Un comédien grotesque danse un tango tragique
Le long des grands haubans, lentement il a grimpé
Se déchirant les mains sur les câbles d’acier

Pendant cette escalade, il n’a qu’une chose en tête
Comme une litanie, quelques mots il répète
« Un mince câble de fer, le fil du rasoir
Suspendant dans les airs une vie dérisoire »

Puis il arrive enfin, son ascension s’achève
A la force de ses bras, au sommet il s’élève
Il s’y dresse fièrement, aspire à pleins poumons
L’air mordant et froid qui lui donne des frissons

Puis il fait quelques pas, se met en mouvement
Au son d’une musique que lui seul entend
Il tourne, vire et danse, toupie prise de folie
Sous l’éclat des étoiles, enveloppé de nuit

Si près il s’approche de l’à pic de métal
Puis soudain il s’élance dans le vide. Thème final.
La rose rouge qu’il tenait serrée contre son cœur
Egraine ses pétales, larmes de sanglants pleurs.

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décembre 5

Promenade nocturne

La nuit m’appel encore, me pousse vers l’extérieur
Dans un rayon de lune je déambule, rêveur
Mes pas défilent seuls, de leur propre volonté
Sur un chemin obscur couvert de gravier

Sous me bottes défile ce ruban argenté
Fait de schiste et de sable, d’herbe grasse bordé
Je passe deux piliers tenant une grille de fer
Si vieille et si usée qu’elle tomberait en poussière

Alentour se déploient des ramures grises et froides
Saules pleureurs, bouleaux, sous la lumière fade
Agitent dans le vent leurs branchages alourdis
Par l’humidité apportée par la pluie

Dans un sombre détour se dresse une justice
Prisonnière d’un rosier qui l’étreint et se glisse
Tout au long de son corps, constituant une cage
Aux barreaux acérés, fleurs anthropophages

Une brume s’élève du sol, enveloppant les lieux
Rend l’univers opaque, dissimule les feux
Un nuage soudain devant la lune se place
Rendant la nuit aveugle, ses contours il efface

Contre une dalle de marbre mon pied vient de buter
Je trébuche et m’écroule contre la pierre glacée
A tâtons mes doigts courent sur toute sa surface
Rencontrent des mots gravés : « Vous giser en cette place »

Aussitôt tout mon être se dissout, aspiré
Mon âme reprend sa place sous cette pierre couchée
Une nouvelle fois je fus l’illusion d’un vivant
Errant sur cette route, l’arpentant tristement.

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