Désespoir
Dans la pénombre de son esprit
Une jeune femme souffre en silence
Elle pleure son amant parti
Vers des paradis de l’enfance
Les longs chemins de l’illusion
L’emmènent vers le virtuel
Les drogues prolongent ses visions
Et l’éloignent encore du réel
Il en oublie de lui donner
L’affection dont elle a besoin
Elle se sent seule, abandonnée
Et s’enlise dans son chagrin
L’amour est-il si cruel
Pour la laisser dans son malheur
Car la beauté, bien qu’immortelle
Va se faner dans la douleur
Puisse-t-il sortir de son mutisme
Pour lui donner le réconfort…
Génèse
Explosion sidérale
Eclosion du mental
L’étoile prend un corps
Les atomes dorment encore
Lumière étincelante
Ténèbres envahissantes
Vient un astre naissant
Enfanté du néant
Une sphère céleste
Brûlant d’un feu modeste
La vie suit le chemin
Dans ce creuset divin
Ombre et lumière s’unissent
Formant un édifice
Un support pour l’esprit
C’est un corps qui prend vie
Le cœur de l’étoile s’ouvre
Pour laisser s’évader
Et prendre son premier souffle
Un enfant nouveau né.
La rose
Pauvre rose sur toi la tornade s’époumone
Tu plie mais ne romps pas, comme le roseau frisonne
Si un jour un humain te manque de respect
Tes épines acérées te redonneront la paix
La rose au doux parfum séduit par son aspect
Son épine punit qui trompe, par le fouet
Une femme est comme une rose, unique et fragile
Traitée avec amour, amoureuse et tranquille
Si par malheur un jour, son amant la méprise
Elle devient sauvage, maudissant la traîtrise
Ses ongles deviennent griffes, tranchantes, acérées
Son rire devient morsure et ses mots des épées
Certains pour la guérir, lui donneront un baiser
Mais si les mots s’effacent, rien n’est cicatrisé
Aussi prenez donc garde, messieurs les inconstants
Prenez très bien soin d’elles ou souffrez mils tourments.
Larmes célestes
Poussières d’étoiles, emportées par le temps
Larmes d’opale, façonnées par les vents
Poussées par les vents célestes
Vers des existences terrestres
Voici ce que nous sommes et ce que nous serons
Voici nôtre forme et ce que nous ferons
Les énergies spatiales guident notre chemin
Leur influence spéciale nous propulse à dessein
Nous sommes ici ou là, créés par de grands astres
Qui d’entre nous saura empêcher un désastre
Envoyés par la lune ou bien par le soleil
Inconscients de nos buts jusqu’à l’heure de l’éveil
Le destin nous unit, le destin nous sépare
Le fils de nos vies tisse des brins épars
Lorsque nos existences ne seront plus souhaitées
Un sommeil létal viendra nous enlever.
Lamentum
Pourquoi mal et amour ne peuvent cohabiter
Souvent mon cœur est lourd, mon esprit encombré
Mes pensées m’emprisonnent, m’isolent, me dévorent
Mon âme devient folle enfermée dans ce corps
Ma vie me semble vide, sans but, désolée
La flamme qui me guide semble s’être envolée
Ne restent que les ombres, avides, dévorantes
Elles m’attirent dans leur monde, ces horribles démentes
Je porte un lourd passé, chargé de tant de crimes
Pour que chaque existence me conduise à l’abyme
Quand donc aurais-je payer, Destin impitoyable
Le prix de tout ce sang, de l’horreur, misérable
Serai-je délivré de cette tragique engeance
Pourrai-je un jour aimer sans provoquer souffrance
Sans trahir un ami, un frère, faire du tort
Pourrai-je un jour aimer sans condamner à mort…
Faerie
Une nuit naviguant sous la voûte céleste
Ayant grand déployé mes sombres ailes lestes
Drapé dans mon manteau tissé d’obscurité
Sur un rayon de lune, un ange je vis danser
Elle virevoltait, esquissant quelques pas
Au son d’une mélodie inconnue ici bas
Les mouvements, la musique, la beauté de cet être
Tout résonna en moi comme si j’allais renaître
Mon esprit se troubla, mes yeux produirent une larme
Mon cœur vacilla, je tombais sous son charme
Percevant ma présence, la danseuse cessa
Ses yeux dans le silence découvrirent tout de moi
L’espace d’un instant, elle m’offrit un sourire
Puis portée par le vent devint un souvenir
En un souffle soudain, pour moi tout s’écroula
Ma vie n’eut plus de sens, si elle n’en était pas
J’avais trouvé l’amour dans ce ciel étoilé
Comme étant apparu, il s’était envolé
Depuis cette nuit j’erre chaque nuit en ces lieux
Espérant mon amour, tristement, dans les cieux.
L’épine
Une épine en mon cœur est atrocement rivée
Qui secrète à ses heures une sève empoisonnée
Injectant en mon corps l’essence du Léthé
Répandant son humeur sombre et désespérée
Tout autour de mon être elle développe une cage
Compressant ma pauvre âme qu’elle sature d’images
Surgissant du passé, spectres de ma douleur
Elle ressasse sans pitié ma terrible erreur
En ces instants sinistres mon être se consume
Ma raison se lézarde et mes regrets s’exhument
Je repense à ses heures lointaines maintenant
Où j’aurais pu lui dire pour elle mes sentiments
Et ce raz de marée portant tristesse et pleurs
Me submerge et m’emporte sur ces flots de malheur
Rendant ma solitude encor moins supportable
Me plongeant en un gouffre de douleur insondable
Il suffirait pourtant d’un acte de sa part
Pour me tirer un jour de cet abîme noir
Un baiser sur mes lèvres déposé doucement
M’apporterait lumière, amour et sentiments
Cet espoir pourtant ne restera qu’un songe
Je suis loin de mon ange, la tristesse me ronge.
Ultime instant
Dans la pénombre d’une clairière
Le poète pose son instrument
Masqué des hommes de cette terre
La mine sombre en cet instant
De sa besace sort un verre
Puis une fiole pâle au couchant
Porte à sa bouche le breuvage clair
S’allonge au sol comme dormant
Ultime instant sur cette terre
Les yeux au ciel fixés, rêvant
Derniers flots de sang dans ses veines
En son cœur un dernier battement
Dernier mouvement sur ce thème
La main levée, au loin pointant
Ultime souffle, dernier tourment
Puis tout s’envole, reste le néant.
Dans les jardins du palais d’or
Dans les jardins du palais d’or
Se tenait une jeune femme, dansant
Les cheveux blonds, pâle de corps
Ondulant, belle, au gré du vent
Danse magique créant lumière
Dévoilant de l’âme la pureté
Elle virevoltait dans les airs
Se déplaçant d’un pas léger
De par sa voix et dans l’azur
S’élevait un chant cristallin
Parfois discret comme un murmure
Un son subtil et aérien
J’approchai avec ma lyre
Commençant à peine à jouer
Une mélodie que son sourire
A mon cœur avait enseigné
Elle cessa alors son mouvement
Et vint s’asseoir à mes cotés
Prolongeant encore son chant
De nouveaux sons, tous enchantés
Lorsque le soleil apparut
Derrière l’horizon embrasé
A son tour la jeune femme s’en fut
Me laissant seul, émerveillé
Dans les jardins d’or du palais
Dansait cette nuit là un ange
Qui sans savoir me dérobait
Le cœur avec son chant étrange
De nombreux vers je composais
Pour essayer de l’appeler
Mais jamais elle ne revenait
Devenant songe d’une nuit d’été.