Facettes
Un mystérieux objet dévoilé devant moi
Vient troubler mes pensées de son étrange éclat
Dans ce curieux miroir mon reflet s’est troublé
Ma forme s’est dissoute, mon aspect altéré
Un autre y a pris place, me fixant du regard
Dos vouté, le teint pâle, hirsute, l’œil hagard
C’est mon spectre intérieur, le Fou Persécuté
Dansant d’un pied sur l’autre, prêt à s’évaporer
Le suivant prend sa place, rictus au bord des lèvres
L’air hautain, supérieur, l’esprit empli de fièvre
Voici le Fière Esthète, portant haut son Ego
Prêt à vous mettre en pièce d’un trait, d’un simple mot
En voici encore un, plus sombre, torturé
Serrant un lourd volume dans ses mains décharnées
Le Philosophe Mystique lance ses incantations
Créant par son savoir d’horribles illusions
Mais un autre s’avance, lentement, d’un pas lourd
Il domine par sa taille, sa présence, cette cour
Le Monarque Démiurge vient de faire son entré
Dans sa main bat un cœur fraichement arraché
Alors dans ma poitrine une douleur éclate
Cet autre s’est emparé de mon âme écarlate
Il tient entre ses doigts les vestiges de mon être
Sans eux je ne suis rien, sinistre marionnette
Nombreux sont mes reflets qui flottent en cette psyché
Esprits furieux, mourants ou rêves désincarnés
Tous entrent en sarabande, fiers de me voir souffrir
Ils vénèrent leur Maître qui vient de m’asservir
Mais alors tout s’apaise, baigné d’étrange lumière
Les avatars s’effacent aspirés par le verre
Une forme fantomatique dissipe mes tourments
D’un frôlement si léger qu’il semble fait de vent.