Requiem
Néant, vide indéniable, trop imposant désert
Puissant souffle de mort au coeur d’une morne sphère
Sablier dont la poudre cessa de s’écouler
Cieux obscurs que les anges même ont oubliés
Auditorium nu que plus un son n’anime
Pages blanches aux mots creux où plus rien ne s’exprime
Nuances de gris profond, abîmes, puits infâmes
Vous happiez mes démons, mes muses dans vos flammes
Il ne reste en ces fonds que des cendres éteintes
Etouffés par l’horreur de violentes étreintes
Les feux ont disparu, laissant des terres brûlées
Et les squelettes hideux de vieux arbres calcinés
Alors qu’hier encore vie et mort s’agitaient
Dans ces creusets étranges que mon âme façonnait
Aujourd’hui ne demeurent que des ruines érodées
Par des vents sulfureux aux souffles fatigués
Les mots se sont usés, l’encre s’est oxydée
Et le temps a jauni la blancheur du papier
Le triste jeune poète depuis longtemps n’est plus
Ses ossements ont pourri avec sa plume déchue.