Flux et reflux de la conscience
Au fait d’un monde perdu siège une antique tour
Battue par pluie et vent, perdant jour après jour
De son ancienne beauté, ses murs faits de cristal
Dont l’éclat s’est terni sous un sinistre voile
Hier tant de splendeur en elle brillait encor
Créations merveilleuses issues de tant d’efforts
Des récits fascinants dans ses ailes naissaient
Habités par des êtres que tout épanouissait
De sa plus haute fenêtre montait un escalier
Au ciel de nuages il allait la lier
Mais aujourd’hui ses marches rugueuses et fissurées
S’effritent peu à peu comme la tour abîmée
Les mils parchemins laissés sur l’écritoire
Pourrissent lentement et même les miroirs
Ouvrant sur d’autres sphères ont tous été brisés
Par un esprit furieux d’y voir sa lâcheté
Lui qui détenait tout et qui a tout gâché
Envoûtant une âme pure qu’il voulut posséder
Et par cet acte infâme, il voua au Chaos
Ses talents et son âme, créateur de mils maux
Pourtant, avec les âges, le Temps a apaisé
Ses tourments, mais la nuit, sa trahison passée
Hante toujours ce barde, ce magicien des mots
Sur la tombe d’un ami happé par le Chaos.