avril 27

Pactisant

Au croisement des chemins j’ai mis genoux à terre
Et les yeux vers le sol j’ai dis cette prière
Dans ce langage ancien aux accents gutturaux
Venus des âges lointains et des premiers tombeaux

Dans la poussière mes mains ont tracé tous les signes
Grecs, babyloniens, assyriens, tant de lignes
Pour que tu daignes enfin répondre à mon appel
Toi l’archange disparu, toi l’oublié du Ciel

Et sous la lune sanglante je t’ai fait mon serment
Notre accord fut conclu, scellé d’une goutte de sang
Ton prix contre mon don, ma réussite, ma gloire
Me paru si minime, si simple et dérisoire

Le temps a fait son œuvre, effacé cette promesse
J’ai eu mes récompenses, entassé les richesses
J’ai occulté bien vite les sinistres présages
Ignoré les miroirs renvoyant ton image

Mais quand l’heure a sonné de son lugubre accord
Mon esprit s’est soudain remémoré son sort
La porte, les bruits de pas sonnent mon dernier acte!
Plus de doutes, tu es là! Que soit maudit ce pacte!

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avril 21

Thanatos

J’ai la froideur des tombeaux
Et l’âme noire comme la nuit
Le tient grisâtre des jours de pluie
Et mon souffle vous glace les os

Mon Monde est fait d’obscurité
Fruit des ténèbres et de terreur
Me délectant de vos douleurs
De votre sang si raffiné

L’arome de vos esprits défunts
M’ouvre bien vite l’appétit
M’évoque les plaisirs infinis
De banquets dignes du Divin

Sans répit, je fauche, vous moissonne
Récoltant l’essence de vos vies
Ma seule caresse vous estourbit
Petits pantins qui déraisonnent

J’étais pourtant semblable à vous
Mais le Destin m’a désigné
L’Ombre et la Mort l’ont emporté
Je suis votre Fin! A Genoux!

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avril 21

Hypnos

Les navettes s’affairent sur l’écheveau du temps
Le sablier égraine le rythme d’une vie
Pourtant je me sens las, immobile, indécis
Perdu dans les méandres de mon être inconstant

J’observe de ma tour des vies artificielles
Me berce d’illusions et me nourris de rêves
Derrière mes écrans lentement coule la sève
De chimères insensées pour approcher mon ciel

Hors de mon univers, les mois, les années passent
D’autres vivent leurs jours, satisfaits, appaisés
Ne distinguant de moi qu’une enveloppe fanée
Prisonnière des songes, inutile, dans l’impasse

Je préfère mille fois une vie de rêveries
Faites de mythes, légendes et savoirs oubliés
A un an de labeur chichement compensé
Par un maigre salaire trop vite évanoui

Mon existence est vouée à l’imagination
Pour supporter un monde aux relents de malheur
Occulter la tristesse, les peines et les douleurs
Par un voile délicat de douces aberrations.

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