L’Ancêtre
Le monde m’a vu naitre au creux de sa jeunesse
Alors que rien encore ne l’avait agité
Il attendait, paisible, ses enfant premiers nés
Prêt à leur enseigner son ancestrale sagesse
Mère, qu’ils étaient beaux, ces êtres encore purs
Façonnés dans la glaise sous un ciel radieux
Portant étoiles au front, lumière dans leurs cheveux
Parés des mille splendeurs de la Dame Nature
Ensuite vinrent les fils du roc et des montagnes
Forgeurs de merveilles extraites des sous-sols
Arborant des parures aux arabesques folles
Adoucissant leurs traits, la lourdeur de leur poigne
Tant d’autres après cela, chimères et créatures
Sylphes, dragons et fées, en une grande ribambelle
Bientôt tous rejetés par une espèce nouvelle
Issue de mils croisements: l’humain au cœur dur
En à peine une vie, tous les autres l’ont fuit
Battus ou exilés dans d’autres dimensions
Tant d’êtres se sont éteints sous sa domination
Seulement arrêtée par sa peur de la Nuit
J’ai vu tellement d’horreur, d’innommables actions
Perpétré par ces hommes, ces démons trop humains
Dans ma tour isolée, j’ai protesté en vain
Appelé les Ancêtres, imploré leurs visions
Devant leur cruauté, j’ai du briser mes vœux
Reniant ma réserve, je me suis condamné
J’ai envoyé sur eux ma colère, sans pitié
Pour que cessent les massacres, j’ai déchiré les cieux
Les quelques survivants sont repartis de rien
Apprenant à subir les lois de la Nature
Beaucoup ont succombé sans espoir de futur
Mais au fil des âges, ils ont appris le bien
Et moi dans la prison où mes frères m’ont jeté
Enchaîné où personne n’est jamais venu
Pour une simple leçon qu’ils n’avaient jamais eue
J’ai perdu la jouissance de mon éternité
Seuls me restent les rêves où je puis m’épanouir
Evoluer sans entraves au cœur de l’Ether
Contempler simplement les millions d’univers
Attendant que ce cycle me voit enfin mourir.