Séléné maudite
Quand la Lune opaline dans les cieux s’arrondit
Que sa lumière blafarde domine l’obscurité
Eclairant la campagne d’un voile éthéré
Mes sens exacerbés m’annoncent une longue nuit
Mes nerfs se contractent, me rendent électrique
Je deviens foudre, mon cœur battant comme tonnerre
Emplit de son fracas ma tête toute entière
Tout mon corps résonne sous ses coups frénétiques
Dans mon esprit s’emmêlent les songes oubliés
Les mondes imaginaires s’entrechoquent en vibrant
Se brisent comme cristal, dispersant leurs fragments
Emplissant ma cervelle de débris par milliers
Sous les assauts furieux de cette vague, dans l’air
Ma chair se délite au rythme des roulements
Mes os dansent la gigue, craquent sinistrement
Et mon sang s’évapore, brûlant dans l’atmosphère
Je ne suis plus qu’une onde, un sursaut démoniaque
Un ouragan humain, ardent, dégénéré
Un typhon d’énergie longtemps accumulée
Qui pourrait consumer l’Enfer d’une claque
Rien ne peut m’apaiser, tout acte devient torture
Je fuis mon écritoire, honnissant mes pages vides
Je maudis les humains, mes congénères avides
Je redeviens ermite, quand reviennent les murmures
L’inquiétant occupant de mon miroir obscur
Se manifeste alors, m’inondant de pensés
Me glissant des horreurs et des insanités
Pour mieux rire de moi, raviver mes blessures
Alors recommence une valse morbide
Où j’empoigne mes peurs, mes défauts avérés
Pour mieux les enfouir dans un noir mausolée
Le sinistre caveau de mon double putride.