Essence du rêve
Sur une mer d’huile où glissent, fier vaisseaux
De silencieux nuages d’un mouvement léger
Emergent ça et là des îlots tourmentés
Où gaiement s’enchevêtrent racines et arbrisseaux
Sous leurs pieds s’épanouissent d’étranges coquillages
Flotteurs improvisés pour ces curieux buissons
Bravant toutes les tempêtes avec force et raison
Pour permettre à cette flore une existence sage
Parfois sur l’un ou l’autre de ces jardins flottants
Croit et fleuri un arbre aux mils reflets d’argent
Porteur d’essence sacrée où s’abreuve le temps
Après le froid hiver pour un nouveau printemps
Entre ses vastes branches s’étirant vers la lune
La brume s’effiloche en grands voiles nacrés
Couvrant le vénérable d’un feuillage enfumé
Changeant et facétieux comme le sable des dunes
Cet étonnant verger à l’aspect irréel
Baigne dans la lumière d’une aurore éternelle
Ses fruits se nomment rêves, murissant chaque instant
Dans l’esprit des poètes et conteurs errants.