octobre 21

La désolation

Il est des paysages où l’on erre l’âme en peine
Cherchant la compagnie d’autres êtres égarés
Mais on sait ces pays si bien dissimulés
Que peu trouvent le passage qui secrètement y mène

Pourtant point de frontières, ni douanes, ni remparts
On y peut pénétrer de mille et une façons
Il suffit d’employer son imagination
Pour obtenir la clé dissipant ses brouillards

Une plume, quelques mots, tracés sur le papier
Et ce monde se déploie, immense et mystérieux
Vous offrant un voyage sur des flots merveilleux
Où vivent les chimères et les rêves oubliés

Ses terres infinies se peuplent d’apparitions
Personnages fantasques, souvenirs prenant corps
Mais on y croise rarement ceux qui existent encore
Il n’y a que les brumes et leur voile d’illusion

On ne peut partager, ni retranscrire ces lieux
Sans les dénaturer, manquant de précision
En eux tout se mélange, se mêle et se confond
A tel point qu’on ne peut se fier à ses yeux

Aussi riches qu’ils soient, ces mondes sont désolés
N’ayant pour habitants que songes et artifices
Cachant sous leur beauté de ténébreux abysses
Devant leur existence à nos cœurs esseulés.

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octobre 18

Le Maitre des Vérités

Glissant parmi les ombres de la rue embrumée
Drapé dans une cape au revers carmin
La paume refermée sur une canne de bois fin
Seigneur venu de l’Est en des temps oubliés

Il flâne, le nez en l’air et le pas décidé
Se délectant du monde, savourant ses trésors
La tête couronnée d’une chevelure d’or
Son regard d’azur perdu dans ses pensées

Depuis longtemps, sur lui, le temps n’a plus de prise
Traversant les époques au gré de ses désirs
Conservant pour lui-même de nombreux souvenirs
Se délectant des frasques d’une jeunesse exquise

Prince des érudit, mentor de plus d’un
Il a marqué les âmes de sa subtile empreinte
Leur laissant entrevoir un monde en demi-teinte
Où, sans jamais dévier, il trace son chemin

Marchant dans les ténèbres depuis le commencement
Dans son éternité il trône, magnifique,
Et sans se départir de son sourire cynique
Il cerne l’univers d’un œil saisissant

Faisant et défaisant les alliances prolifiques
Il est le tronc central d’une multitude de sphères
Menant son entourage dans un jeu solitaire
Où résonnent les éclats de son rire sardonique

Sa stature, sa présence, sa grande érudition
L’on placé précocement au centre des attentions
Jusqu’à faire de lui un démiurge, un démon
Son cœur renfermant de bien belles émotions

Il cache sous son masque de dandy sarcastique
Les maux que bien des vies ont imprimé en lui
Une sensibilité, une finesse d’esprit
Esquissant le portrait d’un vampire romantique.

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octobre 14

Ecervelée

Vous êtes, chère enfant, si doucement naïve
Votre fraiche innocence en attire plus d’un
Un vol de vautours, une coupe à la main
Prêts à vous éblouir avec de riches missives

Leur faste n’est qu’apparence, plaisantes illusions
Derrière leurs belles paroles se cachent stupre et envie
La seule chose qu’ils espèrent est vous voir dans leurs lits
Faisant de vous bien vite l’objet de leurs pulsions

Sitôt lassés de vous, bien vite ils s’en iront
Trouver une autre oie blanche aux charmes juvéniles
Pour servir à nouveau leurs dessins si vils
Vous effaçant bien vite, ils vous abandonneront

Alors, présentant l’amant qui vous néglige
L’homme qui vous ignore, vous ayant possédée
Entrera sur la scène le poète dévoyé
Vivant à vos crochets, vantant votre prestige

Il ne fera guère mieux, et, vous ayant ruinée
S’en ira pour autre encore cousue d’or
Délaissant vos beautés pour de plus grands trésors
Prêt à toute bassesse pour la célébrité

Alors, le cœur lourd et vos charmes fanés
Vous maudirez les hommes, auteurs de tous vos maux
Répugnant de les voir, vous isolant bientôt
Nourrissant vos rancœurs, vous vous enfermerez

Perdue dans vos malheurs vous ne remarquerez pas
Celui qui dans votre ombre toujours s’est tenu
Nourrissant pour vos yeux des sentiments émus
Craignant de vous faire fuir s’il ne les taisait pas

Pour ne pas vous troubler, s’estimant trop indigne
Jamais il n’osera saisir la moindre chance
Mais toujours fidèle, même dans la souffrance
Dévoué à votre âme, il attendra un signe

Sachez que tous les hommes ne mènent pas de jeu
Certains se trouvent trop humble pour oser se montrer
Ils craignent de déplaire ou bien d’embarrasser
Et préfèrent en secret bruler de mille feux.

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octobre 11

Le jeu

Encore une tentative, une nouvelle route
Sauter d’une ligne à l’autre en espérant un mieux
S’élancer dans le vide pour effleurer les cieux
Et tenter de tenir, toujours, face au doute

Approcher l’équilibre sur un fil ténu
Se battre à tout instant pour ne pas basculer
Se courber sous les vents contraires et courroucés
S’empêcher de sombrer dans le vide absolu

Se raccrocher aux maigres étincelles d’espoir
Souhaiter la réussite pour mieux s’y préparer
Maintenir le cap pour ne pas s’égarer
Ou se perdre sur une voie malsaine et illusoire

Eriger pas à pas une tour, un refuge
Un havre de salut que l’ombre n’atteint pas
Tâche bien périlleuse lorsqu’elle est en soi
S’infiltrant lentement, usant de subterfuges

Construire ce que l’on peut tant que dure l’accalmie
Assembler chaque fragment de tranquille quiétude
En un tableau solide face aux vicissitudes
Pour ne pas tout voir irrémédiablement détruit

Lutter contre les vagues de ténèbres lancinantes
Qui reprennent sans cesse le siège de mon esprit
Désireuses de le voir à jamais englouti
Basculant dans l’abyme où toute vie est absente

« Arrière, reculez, laissez-moi, cette nuit!
Je ne vous cèderai pas, cessez de m’éprouver!
Je ne laisserai pas mon âme succomber
Il est encore trop tôt pour sombrer dans l’oubli! »

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octobre 7

La tisseuse

Dans un recoin dissimulé
D’un monde plus ancien que l’Aether
Tous les secrets de l’univers
S’entrecroisent pour mieux se mêler

Dans cette étrange officine
Œuvre une fileuse de génie
Qui assemble les fibres de vie
En une trame cristalline

Ses tissages sont tout irisés
Ornés de gemmes scintillantes
Ici une perle rutilante
Là une pierre aux teints ambrés

Entre ses doigts naissent des merveilles
Ses gestes sont nets et précis
Pas d’accros dans la mélodie
La lente danse de cette abeille

Elle bondit d’un brin à l’autre
Infatigable travailleuse
Liant par des passes malicieuses
Les fils d’un destin à un autre

Elle déploie tel un mirage
Les mils savoirs qui lui permettent
De faire d’une galaxie complète
Un simple nœud sur son ouvrage

Ses mains entrelacent l’infini
Pour créer l’écheveau du monde
Le voile sur lequel tout se fonde
Tendu sur l’abyme et l’oubli.

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