Jeu de dupes
Pupilles d’onyx sur peau nacrée
Cheveux de jais, lèvres carmin
Au poignet une touche de jasmin
A son cou elle glisse un camée
Drapée dans une robe turquoise
Sur son front un diadème d’or fin
Une ombrelle doublée de satin
La tient dans l’ombre qu’elle apprivoise
Lui le visage couleur de cendre
Le cheveu tirant vers l’argent
Le regard d’un bleu océan
Une mine que lui seul peut comprendre
Une veste de velours rubis
Passée sur un jabot ivoire
Appuyé sur une canne noire
La contemple avec grande envie
Dans les ténèbres l’un guette l’autre
Prêt à tout pour la posséder
Il pare ses mots de teintes sucrées
Pour mieux la pousser à la faute
Lorsqu’elle est prête à succomber
Qu’il tient dans sa main son doux cœur
Etanchant sa soif de bonheur
Au cou de la pauvre affolée
En lui s’écoule tel un brasier
Le feu de la vie qu’il lui vole
S’en délectant comme d’un alcool
Il sent son corps se glacer
L’ingénue s’est fait dame de mort
Sous la passion de son baiser
Elle a rejoint l’espèce damnée
De l’être contre qui elle s’endort.