Belle du néant
Les nuits sans lune la rose d’opale
Danse sur un fil fraichement tissé
Une soyeuse toile d’araignée
Tendue sur le soir, tel un voile
Capricieuse, elle s’épanouit
Lorsque du ciel tombent les anges
Que la couleur des eaux change
Et que le soleil s’obscurcit
Ses racines plongent dans un abyme
Aussi profond que mystérieux
Elle y puise le sang ténébreux
Qui lui donne sa teinte sublime
L’apogée de l’obscurité
Diffuse son parfum unique
Exhale sa fragrance mirifique
Ravivant des ombres oubliées
Ces fantômes sortis du néant
Se mêlent aux rêves des malheureux
Assoupis trop près de ces lieux
Où fleurit ce joyau sanglant
Leurs essences se voient aspirées
Par les noires fantasmagories
Que la plante ramène à la vie
Et soumet à sa volonté
Les pauvres passants égarés
Iront nourrir l’épais humus
Que ce sombre végétal suce
Pour croitre encore et perdurer.