Coeur de papier
La source de mes mots, siège de mes émotions
Le mystérieux joyau où dorment mes pensées
Esclave de ses passions et des cieux étoilés
Adopte telle une plante le rythme des saisons
Au printemps il fleurit, déploie doucement ses feuilles
Lentement les nourri d’encre pour mieux les affermir
Les protège jalousement, les laisse s’épanouir
Et les tient en bourgeons comme un précieux recueil
L’été les voit s’ouvrir, révéler leur beauté
Etirer leurs corolles de lignes entrelacées
Exposant aux regards leurs pages colorés
De milles empreintes de plumes pleines et déliées
Lorsque l’automne point, leurs contours se flétrissent
Les feuilles déclinant libèrent leur sombre humeur
Les poèmes chantant laissent leurs places aux pleurs
Et dans les longues ombres leurs fibres se racornissent
Dans le froid de l’hiver les lignes sont gelées
Le sang d’encre se fige sur les pétales glacés
Le givre s’insinue dans le cœur de papier
Paralysant la vie de ce creuset d’idées
Ce cœur à l’apparence d’un étrange végétal
Au cycle des saisons se voit bien malmené
Rose aux pétales d’encre lorsque vient l’été
Il devient l’hiver d’une froideur minérale.