Rouge
Sur un soyeux tapis à la couleur carmin
Se dresse un mannequin fièrement apprêté
Sa gabardine rose négligemment posée
Sur des épaules rondes au délicat dessin
Un chemisier brun roux enveloppe sa poitrine
Parcouru de dentelles d’un joli blanc ivoire
Un ruban rouge vif ou elle porte en sautoir
Un camé couleur crème enlace sa gorge fine
D’un regard on saisit son sourire nacré
Et ses grands yeux noisette qui lentement se voilent
Une goutte écarlate glisse sur son front pâle
Et termine sa course sur l’arrête de son nez
Sur ses mains des gants bruns aux coutures argentées
Dessinent des arabesques sur ses muscles gracieux
Elle a glissé ses jambes dans des bas délicieux
Galbant sa silhouette de teintes harmonisées
Ses pieds sont enveloppés de ballerines chair
Venant atténuer son allure élancée
On voit dans sa tenue toute sa volonté
Et dans l’arrangement de sa chevelure claire
Debout dans cette pièce elle demeure figée
Comme si le temps l’avait privée de réaction
Sur un mur un message en lettres de néon
« Voici que se révèle la beauté dénudée. »
Son œuvre terminée, l’artiste s’est enfui
Laissant aux yeux de tous sa nouvelle création
Impatient de connaitre du public l’émotion
Il a laissé sur place tous ses pinceaux rougis.