mars 28

Rouge

Sur un soyeux tapis à la couleur carmin
Se dresse un mannequin fièrement apprêté
Sa gabardine rose négligemment posée
Sur des épaules rondes au délicat dessin

Un chemisier brun roux enveloppe sa poitrine
Parcouru de dentelles d’un joli blanc ivoire
Un ruban rouge vif ou elle porte en sautoir
Un camé couleur crème enlace sa gorge fine

D’un regard on saisit son sourire nacré
Et ses grands yeux noisette qui lentement se voilent
Une goutte écarlate glisse sur son front pâle
Et termine sa course sur l’arrête de son nez

Sur ses mains des gants bruns aux coutures argentées
Dessinent des arabesques sur ses muscles gracieux
Elle a glissé ses jambes dans des bas délicieux
Galbant sa silhouette de teintes harmonisées

Ses pieds sont enveloppés de ballerines chair
Venant atténuer son allure élancée
On voit dans sa tenue toute sa volonté
Et dans l’arrangement de sa chevelure claire

Debout dans cette pièce elle demeure figée
Comme si le temps l’avait privée de réaction
Sur un mur un message en lettres de néon
« Voici que se révèle la beauté dénudée. »

Son œuvre terminée, l’artiste s’est enfui
Laissant aux yeux de tous sa nouvelle création
Impatient de connaitre du public l’émotion
Il a laissé sur place tous ses pinceaux rougis.

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mars 28

Origine

A l’ombre des lunes noires et des étoiles gelées
Dans les brumes pourpres aux fragrances hypnotiques
Sous les roches millénaires aux allures méphitiques
Je dors dans la poussière et les cendres glacées

Au contre-firmament, là où meurt la lumière
Dans la clarté blafarde des géantes gazeuses
Mes rêves se dessinent, images fuligineuses
Lentement se délitent dans la lourde atmosphère

Les charognards s’agitent, leur cohorte se rassemble
Pour bruler mon essence, n’en laisser aucune part
Et laisser ma dépouille dans ce lieu de cauchemar
A la merci des ombres, nous pourrirons ensemble

L’amour et la pitié ignorent cet endroit
Cette anti-fln du monde où vit l’Aberration
Père de tous les monstres et abominations
Qui peuple l’univers de frayeur et de froid

Cet ici que cadavre, je naquis à la mort
Bercé par l’illusion et le temps inversé
A de sombres magies je me vis initié
De sombres rituels présidant à mon sort

Sous les noirs soleils vint mon élévation
Vers d’autres dimensions je me suis projeté
Au profond de mon cœur ma noirceur fut gravée
Afin que je répande sa sinistre oraison

Messager des ténèbres, porteur d’antiques terreurs
Glissant sous l’apparence d’un ange égaré
J’ai pour unique but d’amener l’obscurité
Et de noyer les mondes sous un millier de pleurs.

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mars 24

Mon absurdité

Mon esprit est un secrétaire
Empli de tiroirs à secrets
Où dorment idées et projets
Souvenirs doux ou bien amers

Ce meuble usé croule sous le poids
De bribes d’écrits qui s’entassent
De feuilles volantes qui se prélassent
Entre ses montants de vieux bois

Tout est mots, images volatiles
Qui virevoltent dans sa carcasse
S’entrechoquent où s’affaissent, lasses
Chassés par un acte futile

Tous ces mouvements d’agitation
Ne suivent aucun rythme commun
Un ermite fol et malsain
Supervise cette aberration

Il y voit une grande symphonie
Faite de sons entrelacés
Un mélange étrange et biaisé
Par le truchement de sa folie

Le cheminement de mes pensées
S’en trouve altéré, chaotique
Tel un concerto diabolique
Tout m’apparait entremêlé

L’imbroglio où naissent mes songes
Cette cacophonie discordante
Dansent une valse étourdissante
Qui, lentement, ma raison ronge.

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mars 24

Miss dynamite

La damoiselle de mes pensées
Est par nature insaisissable
Espiègle et forte, inaltérable
Elle passe ses nuits à danser

Chaque jour elle joue d’effronterie
Chahute ceux qui la dérangent
Joute verbalement avec les anges
Pour briser leurs forfanteries

Lorsqu’elle plonge en vous ses yeux noirs
Nul ne peut y résister
Elle a l’art de la vérité
Qu’elle vous extirpe d’un regard

Le mécréant qui la toiserait
S’en trouverait vite corrigé
Par quelques piques bien placées
Elle lui rabattrait le caquet

Sous son teint de doux caramel
Bouillonne une âme pragmatique
De ses cauchemars épisodiques
Elle tire une force nouvelle

Elle est ma belle des tropiques
Vivante, active, électrisée
Balayant mes sombres idées
D’un revers de main énergique.

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mars 17

Détenu

Je viens d’un autre monde, étrange et mystérieux
Ange aux ailes d’argent et au cœur de papier
Mon nom et mon histoire, tout me fut arraché
Quand j’ai franchi le voile d’un bond majestueux

Mes ailes dans ce monde sont un lourd fardeau
Mon cœur de papier se froisse au moindre accroc
S’imprègne telle une éponge d’émotions, de sanglots
Mon esprit onirique s’en voit chargé de maux

Sur mes anciennes terres, l’air était mon essence
Une simple inspiration m’emportait au levant
J’embrassais les nuées de l’aube au couchant
Ici mes pas sont lourds, mon corps n’est que souffrance

Votre épaisse atmosphère est froide et étouffante
Les courants d’altitude sont emplis de poussière
Vos oiseaux de métal saturent les hémisphères
De leur cacophonie, de leurs fumées brulantes

Votre réalité n’est que bruit et fureur
Si éloignée de ma si harmonieuse sphère
Où cohabitent les ombres et les cœurs de lumière
Dans une mélodie aux rythmes enchanteurs

Impossible pour moi de regagner les songes
Ma cellule de chair est trop bien agencée
Elle piège mon énergie, ne la laisse pas filtrer
Pour mieux s’en repaitre, lentement elle la ronge

Je suis un onirien arraché à son rêve
Attiré dans ce monde par son chatoiement
Mon être fantasmatique s’est lié au vivant
La chair m’emprisonne, ma liberté s’achève.

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