mai 27

Astronaute égaré

Cristal pâle sous gangue de chair
Dont la surface est fissurée
De noir et d’ambre il est veiné
Ce fragile vaisseau de matière

Il concentre en son intérieur
La complexe essence de mon être
Mélange étrange qui a fait naître
La vie dans mon mystérieux cœur

Concentré d’énergie stellaire
Et de grand vide du néant
Nourri d’éther, de sentiments
En son sein s’agitent les chimères

Oscillant entre clair et sombre
Agité par d’intenses typhons
Ce réceptacle d’émotions
Frissonne quand surgissent les ombres

Malgré son armure d’épiderme
Chaque sensation le fait vibrer
Parfois à presque le briser
Entrainant mon corps vers son terme

Les éclats qui dès lors se forment
Viennent entailler les couches de peau
S’extirpant comme lame de couteau
Et réveillent les démons qui dorment

Alors ma voix se fait venin
Galvanisée par la douleur
Projetant ces aiguilles de peur
Vers le malheureux importun

Les zébrures de l’âme de cristal
Laissent échapper la colère
En flammes brulantes et en éclairs
Echos de souffrance et de mal

Lorsque les feux sont apaisés
Vient la tristesse et les pleurs
Les longues crevasses du malheur
Sur le cristal se sont formées

Ce monde étrange, désaccordé
Résonne contre ma coque de verre
Y créant des brèches amères.
De quelle étoile suis-je tombé?

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mai 19

Pauvre faune et belle dame

Au pays des troubadours, une nuit où j’allais danser
Je surpris une complainte par un faune déclamée
L’histoire d’une damoiselle qui l’amour ne trouvait
Car d’elle point n’était digne et pourtant la courtisaient

D’un chevalier mort loin la belle s’était éprise
Et malgré l’homme défunt, elle demeurait sa promise
Héritiers de ce dernier, oncle, frère ou beau cousin
Tous visaient la demoiselle toute entière à son chagrin

Hors le spectre du chevalier à un faune s’était confié
Lui donnant la lourde tâche de sa dame protéger
Esprit jeune et insouciant, faune avait donnée parole
Espérant briser ce pacte par une folle cabriole

De ce choix bien malhabile il fut malavisé
Car Dame Nature elle même prit la belle en pitié
« Toi Faune si prompt à rien, je te nomme son Gardien. »
« Tu serviras la donzelle jusqu’à ce qu’amour soit fait sien. »

Dès lors le libre esprit à la belle fut attaché
Son espoir de regagner un jour sa liberté
Tout bellâtre vint à passer qui bien vite fut rejeté
A toute force de ses sabots, le faune envoyait bouler

Digne fils de Dame Nature, il descellait en leurs cœurs
La tromperie, la fausseté, l’ombre noir du déshonneur
A aucun prix ne voulait que la belle soit flouée
Car deux serments le liaient au sort de la jeune beauté

Et chaque nuit il venait dans ce bosquet isolé
Conter cette tragédie et son malheur pleurer
Car nul sur cette terre n’était digne de briser
Le deuil de la demoiselle et son fantôme chasser.

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mai 5

Course vers la liberté

J’ai pris la route pour Onyria
Bien décidé à la trouver
Ne sachant vraiment où chercher
Mes songes ont dû guider mes pas

Sur le chemin j’ai rencontré
D’étranges êtres à la peau blême
Vagabonds marqués d’anathème
Aux yeux vitreux, l’âme égarée

J’ai croisé des rêveurs perdus
Subjugués par quelques ondines
Chimères aux membres longilignes
S’en repaissant comme sangsues

Plus loin voguait la nef des morts
Barque oblongue aux couleurs passées
Où terminent tous les égarés
Qui ont renoncé à leur corps

Au loin brillait, derrière un voile
Le phare brulant de la cité
Où toute idée lentement se crée
Et l’univers puisse sa moelle

Onyria, la ville de cristal
Où naissent les plus beaux enfants
Issus du repos des vivants
Puisant dans leur essence vitale

A la frontière des dimensions
J’ai frôlé l’onde à la toucher
Sous mes doigts s’est désagrégée
La sphère du rêve en extension

Sous mon regard s’est effondrée
Le dernier refuge de l’esprit
Me laissant seul, à ma folie
Livrés aux peines de mon passé.

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