Tripalium
Les jours étirent leur long ruban
Le temps s’allonge, ne court plus
Mon encre est sèche, ma plume nue
Mon monde s’étiole lentement
Le labeur qui me tient en vie
Me pilonne, m’écrase et m’abat
Les tâches absurdes et sans joie
Aspirent toute mon énergie
Mon imaginaire se délite
Au rythme de chaque battement
D’un cœur vidé, agonisant
Victime des douleurs qui l’agitent
Mon esprit fuit, bat la campagne
Incapable d’encore lutter
Face aux attaques empoisonnées
De cette torpeur qui le gagne
Je suis rongé par l’amertume
De ne pouvoir hurler mes maux
De livrer mes œuvres au chaos
L’âme alourdie par cette enclume
Mon moral s’affaisse lourdement
Dans l’hébétude je m’enlise
Contaminé par la bêtise
Qui rend ce monde aliénant
Je souffre de vivre en silence
Une existence trop éloignée
D’une vie idéalisée
Par les lectures de l’enfance
J’aimerais pouvoir tout quitter
Faire de mon art ma subsistance
Envoyer toute cette engeance
Au diable et vivre en liberté.