janvier 7

Haut, fragile, bas

Un escalier dans les ténèbres
Descend en spirale infernale
Marches glissantes, douleur mentale
Sur la pierre des échos funèbres

Spectres de brume s’effilochant
Les âmes mortes quittent le chemin
D’autres prendront leur place demain
L’être sans nom lentement descend

Ses bras cherchent toujours un être
Une illusion née du passé
Qui s’évapore sans être touchée
Un amour qui l’aiderait à renaître

Sur une marche s’est arrêté
Celui qui ne sait où il va
Ni d’où il vient. Trop haut, trop bas
Il s’est perdu dans ses pensés

Aucun accès, aucune issu
Juste cette spirale infinie
Serpentant au loin dans la nuit
Le calvaire d’une âme perdue.

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janvier 6

Le portrait

Une joue douce au teint nacré
Des lèvres fines couleur de prune
De longs cils où se perd la lune
Masqués par le rideau ambré

De sa chevelure, flammes ondulantes
Onde lumineuse embrasant l’air
Sous le couvert de ses paupières
Brillent ses deux agates envoûtantes

Sur ses traits flotte un doux sourire
Ajoutant au charme secret
A l’hypnotisme de ce portrait
Qui me contemple. Souvenir.

Le temps au loin s’en est allé
Aux cendres sont partis ces instants
Leur magie rongée par les vents
M’a il y a trop longtemps quitté

Esclave de mon désespoir
Prisonnier du si triste sort
De ne jamais sentir la mort
M’emporter dormir un beau soir

Seul devant ce tableau fané
Les yeux par des larmes embués
Mon esprit se perd en douleurs
Et mon corps lui compte les heures.

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décembre 18

Double

Aux rêves lointains, passés,
Aux souvenirs envolés
Vertiges de la mémoire
Effacés, plus d’histoire

Dans l’antre des soupirs où le cœur se meurt
Oubliant les sourires, lentement coulent les pleurs
Une vie fatiguée, une croix bien trop lourde
Un ange aux ailes brisées, vivant une douleur sourde

Un miroir qui renvoie des bribes d’émotions
Retrace des sentiments, expose des passions
Vibre sous les images qu’il reflète là
Sa structure s’ébranle, il vole en éclats

Un démon qui sommeille, en attendant son heure
Où tomberont les liens qui enchaînent sa fureur
Dans le froid de son être se réveille une flamme
Un feu obscur et sombre qui consume son âme

Malédictions nouvelles
Attentes éternelles
Aux brumes les plus noires
Aux futurs cauchemars.

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décembre 9

In fine

Quand s’en vont les poètes danser auprès des pierres
Leurs lieux d’éternité, leurs terres nourricières
Pour se glisser, tranquilles, dans les bras du passé
Et dormir à loisir, dans leurs rêves demeurer

Quelques admirateurs, de rares amis les pleurent
Se languissant des être qui écrivaient leurs cœurs
Toujours pleuraient leurs sangs au son de rimes amères
Ils chérissent, nostalgiques, des heures qui les virent fiers

Une rose déposée, un requiem sonné
On allonge leurs corps et les laisse reposer
Et chaque an, le même jour, moins nombreuse est la foule
A mesure que le temps et la tristesse s’écoulent

Bientôt ne viendront plus en ces terres funèbres
Que les âmes sincères qui levèrent les ténèbres
Et lorsque les poètes sentirent leurs fins venir
Sans jamais se lasser, toujours les chérirent

Même si la tristesse toujours les tenaille
Elles demeurent attachées, ces fidèles sans failles
Les poètes pour elles auront créé un chant
Qui les confient aux anges, qui en font leurs enfants.

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décembre 9

Gigue

Là-bas, au loin, sur les flots déchaînés
Sur les vagues violentes, le diable vint danser
Il dansait une gigue au son de cors funèbres
Avec pour seules compagnes des abîmes de ténèbres

Sous ses sabots l’eau noire commençait à bouillir
Au fond, Ys la grande gisait sans voir venir
Son jour de rédemption. Et le diable dansait
Plus fort il sautillait, plus dur il frappait

Et les eaux bouillonnaient, le vent telle tempête
Soufflait toute sa colère de voir danser la Bête
Les marins apeurés sur leurs frêles esquifs
Sentaient leur heure dernière approcher à pas vifs

Et la Mort tout soudain vint dans la sarabande
Venue pour récolter sa macabre provende
Ce jour là sur la mer, nombreux furent les naufrages
Pas une caravelle ne revint au rivage

Et dans la cité d’Ys vinrent tant d’arrivants
Ensevelis tout nets par la fureur des vents
Qu’elle fut repeuplée de navigants noyés
Attendant leur pardon pendant l’éternité.

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décembre 9

Automates

Ils avancent dans les rues d’un pas bien cadencé
Brillants et rutilants, de médailles décorés
Teint blafard, œil vide, le costume reluisant
Automates avides, armés, faiseurs de sang

Installés au volant de leurs fiers véhicules
Téléphone à la main, déblatérant formules
Dans leurs costumes gris, mallettes à la main
Devant nous, par milliers, défilent des pantins

Derrière leurs claviers, leurs lunettes d’écaille
Baignant dans la clarté des outils de travail
Teint blême et œil hagard, cherchant l’erreur tactique
Sinistres marionnettes de l’ère informatique

Aux commandes de machines, gestes automatisés
Tous les jours s’échinent des centaines d’ouvriers
Répétant les mouvements, toujours, à l’infini
Devenus engrenages des mécaniques outils

Applaudissez cette ère, encensez les machines
Oubliez donc qu’à terme vous serez les victimes
De l’âge industriel, productions à la chaîne
Qui transforme les êtres en mécaniques humaines.

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décembre 8

Les immobiles

Elles se dressent droites et fières dans ce triste jardin
Diane figée dans la pierre, corbeau de schiste ancien
Immobiles par nature et pourtant si vivantes
Tous les temps elles endurent, créatures émouvantes

Matières silencieuses, offertes à toutes les vues
Formes majestueuses, envoûtant l’âme émue
Qui contemple à loisir vos silhouettes fanées
Vous imagine rire, vous agiter, danser

Si l’on prête l’oreille, parfois, dans ce silence
On peut y distinguer vos murmures de souffrances
Et parfois on croit voir au creux de vos yeux vides
S’écouler une larme sur vos faces livides

Quelques fois dans la nuit, quand la lune vous éclaire
Vous glissez sans un bruit au sol vos pieds de pierre
Et vous vivez un peu , dénouant vos membres fins
Appréciant l’existence que vous enviez en vain

Alors certains matins la rage vous fait hurlantes
Et l’on voit sur vos doigts fleurir des tâches sanglantes
Prenez gardes, passants à ces statues furieuses
Vous pourriez devenir leurs victimes curieuses

Pourtant le temps les ronge, fissurant les corps durs
Erodant les contours et les visages purs
Lui ne distingue pas la pierre de la chair
Et écrase de son poids les objets éphémères.

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décembre 6

Aux passants

Vous qui passez ici, en ces lieux oubliés
De la lumière du jour et des êtres enchantés
Soyez surs de porter votre obole à Charon
Il est l’unique passeur pour votre raison
Ne soyez effrayés ni des morts, ni des cris
Car en ces lieux sommeillent des êtres de la nuit
Passez votre chemin sans crainte, avec respect
Et trouvez donc ici un être aux mils aspects
Mais ne restez point trop, où bien vous vous perdrez
Dissout dans cette toile pour l’éternité.

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décembre 5

Trinité

La première porte sur son front
L’éclat d’une étoile glacée
Son regard embrasse l’horizon
Diffusant sa lumière argentée

La seconde est porteuse des flammes
Des feux d’enfer, suprême jugement
D’une main elle réchauffe les âmes
De l’autre consume les malveillants

La troisième contient en son être
L’essence des peuples aquatiques
D’un rire elle laisse apparaître
L’écho de ses chants hypnotiques

Trois anges gardiennes pour un poète
Trinité céleste, protectrice
L’encourageant, lui qui si bête
Tient à souffrir de malice

Trois êtres divins, enchanteur
Qui veulent le voir rayonner
Seraient-elles Moires, épongeant pleurs
Pour façonner une destinée ?

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décembre 5

Créature des songes

Vision dans le brouillard, éclair dans l’éther
Une forme apparaît, étrange passagère
Les brumes qui la rendent indistincte, fuyante
S’entrouvrent peu à peu, dévoilant l’élégante

Son corps se détache, tout en formes et rondeurs
Un délicat visage dissimule un grand cœur
Botticelli lui-même y verrait sa Vénus
Venue sous forme humaine, envoûtante et même plus

Ajoutez à cela une expression tranquille
Et des yeux pleins d’éclats des gemmes au grain subtil
Vous verriez sur ces traits une Mona Lisa
Léonard succomberait devant cet astre roi

Un sourire rassurant plane, calme, sur ses lèvres
Elle glisse divinement, piégeant tous les orfèvres
Qui veulent lui offrir leurs plus vaillants ouvrages
Les écarte patiemment, sans créer force ni rage

Soudain résonne son rire, alors ses yeux s’éclairent
Venu des terres glacées, il sonne fort et clair
On y entend doucement les glaces bruire et tinter
Et la fraîcheur des qui balayent les glaciers

Déesse, quel est ton nom ? Reine des terres de glace
Que viens-tu faire ici, devant des âmes si lasses
Tu portes dans ton cœur une énergie radieuse
Qui fait renaître en moi toutes mes heures heureuses.

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