mars 24

Mon absurdité

Mon esprit est un secrétaire
Empli de tiroirs à secrets
Où dorment idées et projets
Souvenirs doux ou bien amers

Ce meuble usé croule sous le poids
De bribes d’écrits qui s’entassent
De feuilles volantes qui se prélassent
Entre ses montants de vieux bois

Tout est mots, images volatiles
Qui virevoltent dans sa carcasse
S’entrechoquent où s’affaissent, lasses
Chassés par un acte futile

Tous ces mouvements d’agitation
Ne suivent aucun rythme commun
Un ermite fol et malsain
Supervise cette aberration

Il y voit une grande symphonie
Faite de sons entrelacés
Un mélange étrange et biaisé
Par le truchement de sa folie

Le cheminement de mes pensées
S’en trouve altéré, chaotique
Tel un concerto diabolique
Tout m’apparait entremêlé

L’imbroglio où naissent mes songes
Cette cacophonie discordante
Dansent une valse étourdissante
Qui, lentement, ma raison ronge.

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mars 24

Miss dynamite

La damoiselle de mes pensées
Est par nature insaisissable
Espiègle et forte, inaltérable
Elle passe ses nuits à danser

Chaque jour elle joue d’effronterie
Chahute ceux qui la dérangent
Joute verbalement avec les anges
Pour briser leurs forfanteries

Lorsqu’elle plonge en vous ses yeux noirs
Nul ne peut y résister
Elle a l’art de la vérité
Qu’elle vous extirpe d’un regard

Le mécréant qui la toiserait
S’en trouverait vite corrigé
Par quelques piques bien placées
Elle lui rabattrait le caquet

Sous son teint de doux caramel
Bouillonne une âme pragmatique
De ses cauchemars épisodiques
Elle tire une force nouvelle

Elle est ma belle des tropiques
Vivante, active, électrisée
Balayant mes sombres idées
D’un revers de main énergique.

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mars 17

Détenu

Je viens d’un autre monde, étrange et mystérieux
Ange aux ailes d’argent et au cœur de papier
Mon nom et mon histoire, tout me fut arraché
Quand j’ai franchi le voile d’un bond majestueux

Mes ailes dans ce monde sont un lourd fardeau
Mon cœur de papier se froisse au moindre accroc
S’imprègne telle une éponge d’émotions, de sanglots
Mon esprit onirique s’en voit chargé de maux

Sur mes anciennes terres, l’air était mon essence
Une simple inspiration m’emportait au levant
J’embrassais les nuées de l’aube au couchant
Ici mes pas sont lourds, mon corps n’est que souffrance

Votre épaisse atmosphère est froide et étouffante
Les courants d’altitude sont emplis de poussière
Vos oiseaux de métal saturent les hémisphères
De leur cacophonie, de leurs fumées brulantes

Votre réalité n’est que bruit et fureur
Si éloignée de ma si harmonieuse sphère
Où cohabitent les ombres et les cœurs de lumière
Dans une mélodie aux rythmes enchanteurs

Impossible pour moi de regagner les songes
Ma cellule de chair est trop bien agencée
Elle piège mon énergie, ne la laisse pas filtrer
Pour mieux s’en repaitre, lentement elle la ronge

Je suis un onirien arraché à son rêve
Attiré dans ce monde par son chatoiement
Mon être fantasmatique s’est lié au vivant
La chair m’emprisonne, ma liberté s’achève.

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février 21

Coeur de papier

La source de mes mots, siège de mes émotions
Le mystérieux joyau où dorment mes pensées
Esclave de ses passions et des cieux étoilés
Adopte telle une plante le rythme des saisons

Au printemps il fleurit, déploie doucement ses feuilles
Lentement les nourri d’encre pour mieux les affermir
Les protège jalousement, les laisse s’épanouir
Et les tient en bourgeons comme un précieux recueil

L’été les voit s’ouvrir, révéler leur beauté
Etirer leurs corolles de lignes entrelacées
Exposant aux regards leurs pages colorés
De milles empreintes de plumes pleines et déliées

Lorsque l’automne point, leurs contours se flétrissent
Les feuilles déclinant libèrent leur sombre humeur
Les poèmes chantant laissent leurs places aux pleurs
Et dans les longues ombres leurs fibres se racornissent

Dans le froid de l’hiver les lignes sont gelées
Le sang d’encre se fige sur les pétales glacés
Le givre s’insinue dans le cœur de papier
Paralysant la vie de ce creuset d’idées

Ce cœur à l’apparence d’un étrange végétal
Au cycle des saisons se voit bien malmené
Rose aux pétales d’encre lorsque vient l’été
Il devient l’hiver d’une froideur minérale.

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février 14

Le fil

Jour après jour j’avance sur cette longue allée
Sur cette étrange route qu’arpente tout un chacun
J’erre entre les ornières, les trous inopportuns
Scrutant vers le couchant sans savoir où aller

Malgré le temps qui passe je ne sais toujours pas
Quelle est l’issue finale, quel est le but caché
De ce si long chemin que je dois emprunter
Je ne distingue pas où cette voie me mènera

Je ne fais que la suivre sans jamais la quitter
Sans regard en arrière, par peur du résultat
Par peur de ne plus voir l’empreinte de mes pas
Mais seulement le vide et les erreurs passées

Je traine mon fardeau plus pesant chaque jour
Le poids de mes échecs, des douleurs inconnues
De ces chemins fermés à peine apparus
Et à chaque enjambée mon cœur se fait plus lourd

Derrière moi les fantômes des jours de bonheur
Agitent leurs linceuls, me couvrent de hurlements
Me vouent au Gémonies, crient leur ressentiment
M’enveloppent de leur ombre pour faire mon malheur

Devant moi l’inconnu et son profond mystère
Où tout peut arriver, où tout peut me briser
A la faveur d’un souffle l’esprit peut s’effondrer
Et se perdre à jamais au milieu des chimères

Dans mon crâne flottent les doutes, les innombrables « Et si ? »
Des milliers de possibles s’entrechoquent et se mêlent
Dans un imbroglio où mon cerveau s’emmêle
Jusqu’au renoncement, l’inévitable « Tant pis. »

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février 3

L’autre part

Dans mes rêves je gagne un autre territoire
Fait de mont nuageux aux sommets enneigés
A leur base s’étendent de profondes vallées
Où serpentent des rivières aux allures de miroirs

De riches plaines bordent ces fleuves aux eaux cuivrées
Parées de vert émeraude, d’arbres au feuillage immense
Où des volées d’oiseaux virevoltent en tous sens
Habillant les nuées de leurs plumes irisées

D’étranges constructions oscillent entre les branches
Assemblages de lianes, de feuilles entrecroisées
Ce sont là les abris du petit peuple ailé
Où se tisse leur histoire dans une brume blanche

Glissants dans le courant des rivières chimériques
Quelques fines goélettes aux voiles déployées
Emportent vers le large les elfes premiers nés
Ils s’en vont découvrir d’autres rives oniriques

Les hommes n’ont pas ici apporté leurs conflits
Point de rage, de fureur, d’interminables guerres
Point de violentes clameurs, de bruyantes colères
Ces lieux ne connaissent pas l’horreur et l’infamie

Sur ces calmes rivages fleurissent les merveilles
De magnifiques demeures où vivent art et beauté
Où les seuls maitres mots sont douceur et bonté
Où aucune maison ne jalouse le soleil

Et du haut de mon nid, mon île dans les nuages
Je contemple chaque jour ces splendides contrées
M’émerveille de pouvoir venir m’y ressourcer
Et m’éloigner du monde où règnent les sauvages.

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janvier 24

Ombre et lumière

Sous la lune de diamant dansent des ombres fines
Des nymphes drapées de brume au corps fuselé
Dans les rais de lumière elles viennent virevolter
Pour mieux se dérober, magnifiques mutines

Sur les rives dans un voile fait d’algues et de roseaux
Glissent de timides elfes, observant les ondines
S’enivrant de leurs jeux et de leurs voix divines
Ils n’osent s’aventurer parmi les vertes eaux

Les arbres centenaires doucement tendent leurs branches
Pour profiter un peu de l’énergie céleste
Renvoyée par cet astre à l’allure funeste
Refuge des âmes perdues, désert de poussière blanche

Un rayon égaré fait briller le plumage
D’un corbeau noir de jais au regard sévère
L’oiseau lisse ses plumes sous la clarté lunaire
Avant de s’envoler vers d’étranges rivages

Le joyeux babillage des aqueuses demoiselles
Se trouve soudain troublé par son rauque croassement
Un instant son aile sombre masque le rayonnement
Du joyau argenté, intrigant les donzelles

Assis dans la pénombre sur mon trône d’obsidienne
Caché parmi les troncs d’une forêt oubliée
J’observe leur manège de mon regard d’acier
Echafaudant un plan pour enfin les faire miennes

Leurs amusements n’ont que bien trop durés
Moi le roi des ténèbres, père de l’obscurité
Je vais voiler le ciel et cet astre enchanté
Et saisir dans mon poing leur tendre peau nacrée

Je vais les enfermer, en faire mes enfants
Dérober leur teint pâle, leur chevelure d’argent
Les rendre pareil à moi, corrompre leur pureté
Leur offrir mes richesses pour mieux les enchainer

Lorsqu’enfin leur essence sera dénaturée
Que ma toute puissance les maintiendra soumises
La Nature ploiera sous ma terrible emprise
Et je m’emparerai de l’univers entier.

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janvier 17

Prisonnier du songe

La nuit qui m’environne me semble éternelle
Pas un brin de lumière ne filtre sous les croisées
Dans le ciel d’hiver, le soleil est masqué
Sa clarté éphémère brille d’une absence cruelle

Je tourne et me retourne dans cette obscurité
Espérant le sommeil ou l’illumination
Pour m’extraire de ce rêve, cette sombre illusion
Qui m’oppresse un peu plus et veut m’emprisonner

Empêtré dans ce songe qui m’entraine plus profond
Dans l’insondable abysse de mes désillusions
Là où même se perdent le sens et la raison
Où disparaissent aussi les moindres émotions

Autour de moi les ombres se déforment et se plient
Dansant une sarabande infernale, entêtante
Elles veulent me faire entrer dans leur valse épuisante
Marquant ma pauvre chaire de leur essence honnie

Chahuté et meurtri par leurs coups incessants
Poussé de tous côtés, l’esprit prêt à sombrer
Je regagne bien vite ma couche aux draps glacés
Souhaitant que s’évanouissent ces esprits encombrants

Alors me revient ma triste condition
Je distingue à nouveau ma chambre aux murs de pierre
Des remugles d’humus viennent appesantir l’air
Et cet enfermement ma longue punition

Je suis l’ombre d’un homme, le fantôme oublié
J’ai nié mon trépas, tout fait pour l’adoucir
Dans mon antique caveau je n’ai plus qu’un désir
Un corps pour réchauffer mon épiderme gelé.

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janvier 9

Belle du néant

Les nuits sans lune la rose d’opale
Danse sur un fil fraichement tissé
Une soyeuse toile d’araignée
Tendue sur le soir, tel un voile

Capricieuse, elle s’épanouit
Lorsque du ciel tombent les anges
Que la couleur des eaux change
Et que le soleil s’obscurcit

Ses racines plongent dans un abyme
Aussi profond que mystérieux
Elle y puise le sang ténébreux
Qui lui donne sa teinte sublime

L’apogée de l’obscurité
Diffuse son parfum unique
Exhale sa fragrance mirifique
Ravivant des ombres oubliées

Ces fantômes sortis du néant
Se mêlent aux rêves des malheureux
Assoupis trop près de ces lieux
Où fleurit ce joyau sanglant

Leurs essences se voient aspirées
Par les noires fantasmagories
Que la plante ramène à la vie
Et soumet à sa volonté

Les pauvres passants égarés
Iront nourrir l’épais humus
Que ce sombre végétal suce
Pour croitre encore et perdurer.

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janvier 6

Mystère du vivant

Sous les cicatrices d’encre et l’épiderme pâle
Sous le muscle atrophié et la vivante chair
Derrière l’os abîmé et le tissu de nerfs
S’épanouit la puissance d’un mirifique graal

Derrière le brun miroir de ces grandes pupilles
Entre les masses grises, les circonvolutions
Sous les neurones qui brulent, s’enflamment avec passion
Une simple étincelle lentement s’allume et brille

Dans ce cœur vivace ou palpite le sang
Dans l’insondable puits où s’agite la vie
Où se créent tous les maux et toutes les folies
Se forme un maelstrom d’énergie persistant

Derrière ce sourire, ces lèvres au teint nacré
Ce doux remerciement, cette tendre attention
Un mécanisme étrange, un millier d’émotions
Cohabitent ensemble pour mieux se succéder

Derrière ce masque où passent d’innombrables expressions
Où dansent l’une et l’autre au rythme des battements
D’une machine formidable, un cœur papillonnant
S’affrontent sans répits légèreté et raison

Dans ce pantin de chairs, d’ossements enchevêtrés
Caché au plus profond de ce corps meurtri
Une âme mystérieuse repose, assoupie
Dans ses rêves murissent de bien étranges idées.

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