décembre 5

Tango…

Sur un pont gigantesque, construction fantastique
Un comédien grotesque danse un tango tragique
Le long des grands haubans, lentement il a grimpé
Se déchirant les mains sur les câbles d’acier

Pendant cette escalade, il n’a qu’une chose en tête
Comme une litanie, quelques mots il répète
« Un mince câble de fer, le fil du rasoir
Suspendant dans les airs une vie dérisoire »

Puis il arrive enfin, son ascension s’achève
A la force de ses bras, au sommet il s’élève
Il s’y dresse fièrement, aspire à pleins poumons
L’air mordant et froid qui lui donne des frissons

Puis il fait quelques pas, se met en mouvement
Au son d’une musique que lui seul entend
Il tourne, vire et danse, toupie prise de folie
Sous l’éclat des étoiles, enveloppé de nuit

Si près il s’approche de l’à pic de métal
Puis soudain il s’élance dans le vide. Thème final.
La rose rouge qu’il tenait serrée contre son cœur
Egraine ses pétales, larmes de sanglants pleurs.

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décembre 5

Promenade nocturne

La nuit m’appel encore, me pousse vers l’extérieur
Dans un rayon de lune je déambule, rêveur
Mes pas défilent seuls, de leur propre volonté
Sur un chemin obscur couvert de gravier

Sous me bottes défile ce ruban argenté
Fait de schiste et de sable, d’herbe grasse bordé
Je passe deux piliers tenant une grille de fer
Si vieille et si usée qu’elle tomberait en poussière

Alentour se déploient des ramures grises et froides
Saules pleureurs, bouleaux, sous la lumière fade
Agitent dans le vent leurs branchages alourdis
Par l’humidité apportée par la pluie

Dans un sombre détour se dresse une justice
Prisonnière d’un rosier qui l’étreint et se glisse
Tout au long de son corps, constituant une cage
Aux barreaux acérés, fleurs anthropophages

Une brume s’élève du sol, enveloppant les lieux
Rend l’univers opaque, dissimule les feux
Un nuage soudain devant la lune se place
Rendant la nuit aveugle, ses contours il efface

Contre une dalle de marbre mon pied vient de buter
Je trébuche et m’écroule contre la pierre glacée
A tâtons mes doigts courent sur toute sa surface
Rencontrent des mots gravés : « Vous giser en cette place »

Aussitôt tout mon être se dissout, aspiré
Mon âme reprend sa place sous cette pierre couchée
Une nouvelle fois je fus l’illusion d’un vivant
Errant sur cette route, l’arpentant tristement.

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décembre 5

Pluie

Pluie, douce pluie, tombe sur le monde
Lave le de ses fautes, de ses erreurs immondes
Et porte amoureusement aux âmes tristes qui pleurent
Un peu de réconfort par ta prime douceur

Pluie, pluie battante et féroce
Fait sursauter la terre des tes gouttes véloces
Creuse de nouvelles galeries, emplit les de ton eau
Fais couler ton ennui pour des jours plus beaux

Orage, violent orage, tempête, hurle et gronde
Déracine les arbres, remue la terre féconde
Fais chuter les murailles de tous les forts anciens
Eloigne enfin la guerre, pour de beaux lendemains

Foudre, vents et marées, forces de la nature
Défendez votre espace, maintenez le très pur
Dévastez les surfaces que l’on vous a volé
Exigez votre place, n’ayez point de pitié

Pluie, pluie de sang, pleur ultime
Du ciel qui, en souffrant, demeure magnanime
Noie cette humanité, brûle ses crimes, ses affronts
Pour rendre la beauté au cycle des saisons…

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décembre 5

Le poids des peines

Oh mon cœur ce matin tu soupires en silence
Tu aimerais, c’est humain, faire cesser ta souffrance
Laisser enfin ces doutes, oublier ta tristesse
Trouver un doux repos, céder à la tendresse

Tu voudrais le repos au pied d’un arbre fort
Au creux de ses racines t’allonger sans effort
Contempler la prairie, t’imprégner des parfumes
Dormir en compagnie d’une étoile et demain

T’éveiller à nouveau, plus jeune et vigoureux
Sentir la terre jeune te pousser vers les cieux
Tu cherches ta jeunesse perdue depuis longtemps
Pour masquer ta faiblesse qui croit au fil du temps

Tu songes à ton passé, tu vis tes souvenirs
De ces vies achevées tu aimes à retenir
Tous les instants heureux qui les ont éclairées
Puis te viennent pleurs et larmes, douleurs mal soignées

Tu portes tous les jours les stigmates de ton âge
Qui deviennent plus lourds, t’enferment dans une cage
Ou bien parfois s’allègent d’un sourire, d’un baiser
Que les êtres qui t’aimes t’offrent par amitié

Mon cœur, tu n’es pas seul même au plus noir des nuits
Toujours quelque part songe à toi un ami
Quand ton fardeau devient plus lourd qu’une stèle
Songe donc à leurs besoins, aux êtres qui t’appellent…

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décembre 5

Morituri te salutant

Les Parques et leur écheveau, l’Ankou et sa charrette
Que voici bien des maux lorsqu’un cœur s’arrête
De bien belles métaphores, des images éthérées
Pour vous faire de la Mort l’inéluctable idée

D’abord la mort physique dans son brutal constat
Son ordre mécanique, sa transition d’état
Le cœur cesse de battre, le sang s’immobilise
Les organes s’atrophient, la peau prend teinte grise

Vient la mort mentale, plus lente, plus douloureuse
Le centre cérébral joue une lutte malheureuse
L’esprit hurle, se débat, cherche encore un instant
Une victoire au combat qu’il mène contre le temps

Mais pas d’échappatoire à l’agonie du corps
Il n’est aucun espoir d’échapper à son sort
Le temps joue contre nous, il s’égraine en silence
Erodant lentement nos âmes et nos sens

Mais est-ce si dramatique que nous devions mourir
Quand à chaque heure de vie il nous faut souffrir
Notre route est tracée, nos destinées enviables
Alors ne fuyons pas devant l’inévitable.

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décembre 5

La valse folle

Etre intuitif, émotionnel,
Encre de sang, plume d’une aile
Emporté dans un tourbillon
La musique de l’inspiration

Les notes défilent sur le papier
Mélodies simples, trop appréciées
Par des amis, des inconnus
Qui l’encensent, le veulent connu

Danse des lettres et des écrits
L’auteur en reste abasourdi
Hésitant à sortir de l’ombre
Fuyant, peureux et toujours sombre

Pour bien faire, on veut l’éclairer
En pleine lumière l’exposer
Lui que les projecteurs effraient
Pour rien au monde ne le voulait

Mais par bon cœur il s’incline
Pour d’autres, ses peurs il domine
Craintif, fragile, terrorisé
Par la valse où il est jeté

Entre paraître et apparence
Il cherche un masque à sa souffrance
Car dans son cœur il sent déjà
Les flammes du bûcher qu’on dressera

« Les comètes brillent quelques instants
Puis elles s’éteignent dans le néant… »
Silencieusement sur l’écritoire
Il trace les courbes du désespoir.

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décembre 5

Douceur mortelle

Sur les eaux ondoyante d’une mer huileuse
Je partirai un jour, loin des heures ténébreuses
N’ayant pour tout navire que mon corps anémique
Porté par les flots bleus vers des rivages mystiques

Sous la voûte d’azur, sombre et piquetée
De ce milliard d’étoile que j’aime contempler
Bercé par les courants de l’onde silencieuse
Je rejoindrai les êtres, trouvant une mort heureuse

Et calme, détendu j’irais en Outre Monde
Mon âme y retrouvera tout ce qu’elle a laissé
Allégeant son fardeau de ses souffrance immondes

Elle chantera à nouveau la splendeur des étoiles
Effaçant les douleurs de mon cœur blessé
Puis, las, s’endormira dans la brume et ses voiles

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décembre 5

Divagations mentales

Désert d’ivoire, y voir un désert
Vie en miroir, rimes noires à envier
Altération de la conscience, science de l’altier
Misérable agonie, nigaude misère

Images écarlates, eclat des larmes
Lune brulant une lame, l’âme brulé de l’une
D’une étoile aux yeux gris, crieuse silice dans les dune
Charmante fée faiseuse de drames, femme brumeuse usant de charmes

Gouttes de cire en écoulement, Circé se coulant sous la voûte
Flamme faible soufflée par le vent, vampire essoufflant une faible âme
Femme Ténèbres dévoreuse d’enfant, enfante les fileuses ténébreuses dames
D’où te vient ce pouvoir étrange, étrangère épouvantant le doute ?

Eclat des étoiles, les toiles de l’éclat
Visions diseuses de prédictions, prédire les fangeuses divisions
Quatre fois quatre sans lien aucun, qu’un autre trouve la foi des quatre
Allégorie symboliste sans loi où le lyriste agonisa.

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décembre 5

Cafard

Cafard, heure noire,
Au plus sombre des cauchemares
Les heures défilent, longues et lentes
Chargées de pleurs, agonisantes

Même le sommeil se fait douleur
On ne dort pas, on veille, on meurt
On déambule sans but, perdu
Les traits tirés, l’air abbatu

On entend tomber gouttes à gouttes
Les pleurs du ciel, larmes des voûtes
Le cœur fait mal, le corps geint
L’avenir est trouble, triste, incertain

Puis la tête chute sur l’oreiller
Le corps est vaincu, épuisé
Sommeil de plomb, sombre, sans rêves
Le cafard rampe, la nuit s’achève

Une aube se lêve, pâle et chagrine
La lumière grise, livide, domine
La reptation du parasite
Reprend, car jamais il n’hésite

On se lève à nouveau, vouté
Portant le poids des heures veillées
Et l’on aborde un nouveau jour
Espérant le cafard moins lourd.

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décembre 3

Grains de sable

Pourquoi les rêves doivent-ils se terminer
Pourquoi un rêveur doit-il se réveiller
Et contempler ses songes par les flots emportés
Aller, venir puis se briser sur les écueils de la réalité

Tout a début, tout a une fin
Tout est anéanti par le temps assassin
Il file à toute vitesse, il file sans s’arrêter
Emportant la jeunesse, le bonheur, la beauté

C’est un train régulier vers notre destiné
Un pourvoyeur de mort, immuabilisé
Il transforme en sable la roche la plus pure
Rien n’empêche sa course, ni sort, ni armure

Inexorablement, son sablier s’égraine
Instillant en toute chose la rouille, la gangrène
L’esprit n’échappe pas à ce sinistre ennemi
Qui le corrompt, le bat, lui apporte l’ennui

Dévore les instants précieux et sublimes
Puis ralenti sa course pour l’âme face à l’abîme
Jouant son jeu cruel pour l’éternité
Effaçant nos mémoires dans sa course effréné.

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