Lorsqu’en ce jour béni, j’errais parmi les bois
Cherchant sur mon chemin quelque vers inspiré
Je vous vis, belle dame, sur ces rives nacrées
Pendant un court instant le cœur me manqua
Votre longue chevelure glissant entre les joncs
Sa noirceur de jais dansait dans l’onde claire
Le long de vos épaules cascadait la lumière
Et sur votre peau pâle imprimait l’émotion
Vos atours sur la berge demeuraient étendus
Lorsque de la poussière vous nettoyiez l’affront
Nageant dans cette rivière dont je tairais le nom
Troublante apparition dans votre beauté nue
Pendant de longues minutes mes yeux vous admiraient
Toute à votre baignade vous ne me vîtes pas
Quand soudain rafraichie votre grâce se dressa
Hors de cette baignoire où votre corps flottait
Mes dieux, quelle déesse aux courbes de tendre albâtre
Mais dans votre regard nulle peur, nul effroi
Pourtant nulle parcelle ne couvrîtes de vos bras
Laissant à ma vision vos charmes idolâtres
Dans vos prunelles brûlait un feu fait d’améthyste
Alors qu’au plein soleil s’offraient tous vos mystères
J’en restais subjugué, éblouis et, sincère
Je remerciais le ciel d’être un si grand artiste
Nulle autre majesté n’aurait donné naissance
A pareille merveille, si parfaite ingénue
Là où toute autre dame protègerait sa vertu
Aux hasards d’une rencontre si pleine d’inconvenance
Lentement vous passâtes votre manteau de nuit
Recouvrant vos joyaux dignes de royauté
Et d’un tranquille sourire vous m’avez envouté
M’enserrant de vos mains dans votre étrange habit
A cette seconde, pour moi le temps s’est arrêté
Je devins votre esclave, votre valet soumis
Votre nom véritable m’apparut dans un cri
Alors que nous franchîmes l’heure de l’éternité
Depuis, dans l’autre monde, je veille à vos désirs
Nourrissant de mon âme vôtre royale personne
Accompagnant vos pas lorsque la minuit sonne
Dame Mort, grande Reine, je meurs pour vous séduire.