octobre 7

Rencontres

Cela vient subtilement, d’abord un frôlement
L’éclat bref d’un regard mêlé d’obscurité
Isolé dans une foule d’êtres inanimés
L’âme perdue lentement esquisse un mouvement

Un appel silencieux dans l’air surchargé
Porté par une fragrance, un parfum si léger
A peine perceptible, étherique messager
Si ce n’est par l’esprit qui sait l’interpréter

Puis vient un autre effort, l’ombre d’une expression
Preuve d’encouragement, étrange invitation
Doucement un lien se tisse entre deux entités
Reflet d’alliance antique, d’ententes oubliées

Alors viennent les mots, l’histoire, les gouts communs
Que se trouvent l’un et l’autre au fil de leurs destins
Ils viennent à reconnaitre des chemins partagés
Comme si vers cette rencontre ils étaient poussés

De ces croisements fortuits naissent bien des relations
Des amitiés durables, des amours, des passions
Il s’en faudrait d’un rien, pourtant, qu’ils soient manqués
Occultés par les craintes et la timidité

Alors prenons plus garde, ayons plus d’attention
Pour ne pas laisser perdre ces belles occasions
La vie donne peu de temps aux joies improvisées
Mais charge de regrets pour chaque acte manqué.

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mai 25

Epitaphe

Parce que j’ai trop vécu sur ces terres désolées
J’ai trop longtemps frayé avec Mort et Malheur
De cryptes en catacombes j’ai vu mille douleurs
Et bu jusqu’à la lie le sang des condamnés

J’ai couvert tant de pages de mes sceaux infamants
Forgeant les idées noires de mes sombres héros
Triturant les ténèbres, les gravant sur ma peau
Enivré par le songe de glorieux instants

J’ai monnayé mon âme pour quelques illusions
Usant de persuasion, de malicieuses promesses
Pour contraindre mon art, cela, je le confesse
A clamer la grandeur de mes lamentations

Du fin fond de l’abyme je revins en hurlant
Lorsque la noire cloche a soudain résonnée
Mon esprit à jamais en demeura marqué
Par l’empreinte sinistre de l’être agonisant

A l’aube d’un jour nouveau, couché sous cette pierre
Retentira l’écho de mon si long tourment
Et l’oiseau noir perché sur la stèle, dignement
Affutera son bec pour dévorer ma chair.

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mai 24

Roi endormi

Sur un guéridon trône un vase aux fleurs passées
Emplissant l’atmosphère d’effluves suffocantes
Chargeant l’air d’une fragrance capiteuse, écrasante
Changeant le moindre souffle en calvaire parfumé

De pesantes tentures repoussent l’astre du jour
Transformant cette chambre en un caveau fait d’ombres
Seules quelques chandelles à la clarté sombre
Luttent contre les ténèbres dans cette obscure tour

Sur un lutrin de bois, un vieux grimoire jauni
Au papier abimé par les outrages du temps
L’encre presque effacée s’est vue teintée de sang
Couverte ici et là par des symboles bannis

Au fin fond de ce lieu git un cercueil de fer
Dans lequel repose une momie enchainée
Un corps desséché au derme parcheminé
Sans une once de vie, comme figée dans la pierre

Pourtant dans ses orbites brule un Feu éternel
Attendant patiemment qu’enfin sonne son heure
De dévorer la terre, pour que germe la terreur
Que son plus vieil ennemi, son Père enfin chancèle.

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avril 27

Pactisant

Au croisement des chemins j’ai mis genoux à terre
Et les yeux vers le sol j’ai dis cette prière
Dans ce langage ancien aux accents gutturaux
Venus des âges lointains et des premiers tombeaux

Dans la poussière mes mains ont tracé tous les signes
Grecs, babyloniens, assyriens, tant de lignes
Pour que tu daignes enfin répondre à mon appel
Toi l’archange disparu, toi l’oublié du Ciel

Et sous la lune sanglante je t’ai fait mon serment
Notre accord fut conclu, scellé d’une goutte de sang
Ton prix contre mon don, ma réussite, ma gloire
Me paru si minime, si simple et dérisoire

Le temps a fait son œuvre, effacé cette promesse
J’ai eu mes récompenses, entassé les richesses
J’ai occulté bien vite les sinistres présages
Ignoré les miroirs renvoyant ton image

Mais quand l’heure a sonné de son lugubre accord
Mon esprit s’est soudain remémoré son sort
La porte, les bruits de pas sonnent mon dernier acte!
Plus de doutes, tu es là! Que soit maudit ce pacte!

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avril 21

Thanatos

J’ai la froideur des tombeaux
Et l’âme noire comme la nuit
Le tient grisâtre des jours de pluie
Et mon souffle vous glace les os

Mon Monde est fait d’obscurité
Fruit des ténèbres et de terreur
Me délectant de vos douleurs
De votre sang si raffiné

L’arome de vos esprits défunts
M’ouvre bien vite l’appétit
M’évoque les plaisirs infinis
De banquets dignes du Divin

Sans répit, je fauche, vous moissonne
Récoltant l’essence de vos vies
Ma seule caresse vous estourbit
Petits pantins qui déraisonnent

J’étais pourtant semblable à vous
Mais le Destin m’a désigné
L’Ombre et la Mort l’ont emporté
Je suis votre Fin! A Genoux!

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avril 21

Hypnos

Les navettes s’affairent sur l’écheveau du temps
Le sablier égraine le rythme d’une vie
Pourtant je me sens las, immobile, indécis
Perdu dans les méandres de mon être inconstant

J’observe de ma tour des vies artificielles
Me berce d’illusions et me nourris de rêves
Derrière mes écrans lentement coule la sève
De chimères insensées pour approcher mon ciel

Hors de mon univers, les mois, les années passent
D’autres vivent leurs jours, satisfaits, appaisés
Ne distinguant de moi qu’une enveloppe fanée
Prisonnière des songes, inutile, dans l’impasse

Je préfère mille fois une vie de rêveries
Faites de mythes, légendes et savoirs oubliés
A un an de labeur chichement compensé
Par un maigre salaire trop vite évanoui

Mon existence est vouée à l’imagination
Pour supporter un monde aux relents de malheur
Occulter la tristesse, les peines et les douleurs
Par un voile délicat de douces aberrations.

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mars 26

Ad nauseam

Une soudaine lassitude qui s’étend sur le cœur
Un poids rivé à l’âme par de trop lourdes chaines
Un être tourmenté, des pensées qu’on malmène
Entre lente apathie et pesante langueur

Voici Spleen, grand oiseau aux ailes enténébrées
Portant dans son sillage ses sombres partisans
Ennui, chagrin, douleurs, cauchemardesques instants
Lorsque l’esprit s’épuise et veut lui résister

Seul, dans sa forteresse, luttant contre l’assaut
L’espoir en vain se dresse pour ce combat inique
Contre les flots obscurs il fait front, héroïque
Affrontant pied à pied les suppôts du chaos

Pourtant, vague après vague, avance l’Obscurité
De ses bras repoussant elle vient enlacer
Le poète gisant happé par l’inertie

Ses chairs, sous l’étreinte, abandonnent toute vie
Et, devenant une Ombre, il erre, indifférent
Détaché de ce monde, ne songeant qu’au néant.

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mars 25

Golem

Comme l’étrange oiseau dont elles se font l’image
Mes pensées virevoltent jusqu’au creux des nuages
Où elles se font un nid tressé de plumes et d’encre
Pour plonger dans vers les songes, enfin y jeter l’ancre

Alors elles prennent forme, se vêtent de matière
Usant de leur Vouloir sur le monde éphémère
Puisant de secrètes forces dans les mots façonnés
Par l’imprudent auteur qui voulu les nommer

Elles génèrent eau ou feu, tempêtes impétueuses
Typhons étourdissants, pluies de cendres bourbeuses
Ou aubes lénifiante, temps clément, apaisé
Par le lent bercement d’une nature épargnée

Parfois elles font souffler des vents fous et furieux
Me tourmentent et m’infligent mils tours malicieux
Repoussant ma raison vers le grand précipice
Que l’on nomme Folie, Destruction et Supplice

Là elles me manipulent telle une marionnette
Me jettent d’un pied sur l’autre, sinistre girouette
M’entrainant dans une danse infernale, puis, lassées
M’abandonnent à mon sort, comme un jouet cassé.

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mars 12

Léthéens

A l’heure où vient mourir le jour
Et s’étendent les bras de la nuit
Les amants perdus, désunis
Dans leurs songes vont trouver l’amour

Au creux de leurs douces illusions
Ils dansent avec leur Idéal
Coupables de pulsions fatales
Esclaves de leurs folles passions

Aveuglés par leurs grands désirs
Ils s’abîment dans leurs sanctuaires
Ensorcelés par des chimères
Façonnées par leurs souvenirs

Portés par leurs rêves infinis
Ils passent les portes d’Outre Monde
Cherchant l’âme sœur au creux d’un Ombre
Perdant parfois plus que la vie

Et lorsque à l’aube point le soleil
Dans leur cœur le sang est figé
Les damnant pour l’éternité
Vivant Errants que rien n’éveille.

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mars 2

Esprit de nuits

Lorsque s’embrase la Lune Rousse
Que brille son éclat orangé
Surgissent les cohortes damnées
Comme autant de sinistres pousses

A la faveur de la nuit noire
Rodent les vampires assoiffés
Fils la Grande d’Obscurité
Pourvoyeurs de tous les cauchemars

Lorsque s’allume la lune d’argent
Les Loups courent la lande désolée
Dévorant les âmes égarées
Pour taire leur appétit sanglant

Quand s’allument les feux des étoiles
Dans les manoirs isolés
Les spectres reviennent hanter
L’humanité, masqués de voiles

La trame du monde si réaliste
Se déchire quand vient le soir
Alors renaissent les avatars
De nos peurs les plus fantaisistes

En cet instant s’ouvrent les portes
Qui conduisent au cœur des Songes
Ou réside ce qui nous ronge
Rêves perdus et chimères mortes

C’est le royaume d’Onirya
Peuplé et nourri d’illusions
Guidé par espoirs et passions
Ou l’Imaginaire seul est roi.

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