janvier 28

Dépendance

La spirale de mes rêves semble s’être arrêtée
Je ne trouve plus de rimes, d’images magnifiées
Rien que le triste vide, le sinistre réel
L’encre coule sans suivre son langage naturel

Les mots viennent par reflex, dans un flot mécanique
S’organisant d’eux-mêmes de manière logique
Mais aucune magie ne vient les enchanter
Les sens sont muets, inertes sur le papier

Pas d’accords angéliques, ni d’échos caverneux
Plus de songes chimériques, plus d’élans vertueux
La page lentement noircit ne reflète que l’absence
Le manque d’inspiration, pas la sublime jouissance

Le sang ne nourrit plus les écrits exaltés
Perdus les émotions! Le puits s’est asséché
Pourtant la plume trace, brulant d’un manque ardent
Occupant l’écritoire pour y occire le temps.

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janvier 11

Evasion

Quand vient la nuit je songe à prendre mon envol
Rejoindre d’autres sphères définitivement
M’élever vers l’azur sans heurts, tranquillement
Filer vers les nuages loin de ce triste sol

Fusionnant avec l’air je me ferais oiseau
Vent violent, brise clair, chevaucheur de nuées
N’ayant pour horizon que la voute étoilée
Fuyant cet ossuaire, cette terre de mils maux

J’affranchirais mon corps de toute gravité
Allégeant mon essence de ses si lourdes chaines
J’oublierais mes souffrances, mes douleurs, mes peines
Libre de toute attache, esprit désincarné

Bercé par les mouvements de la mer nébuleuse
Lentement je m’effacerais ne laissant pour seules traces
De ma morne existence qu’une enveloppe vide et lasse
Et d’infimes fragments de mon âme ténébreuse.

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janvier 6

Le Rédempteur

Empêtré dans la brume je m’éveille, haletant,
Envahi par l’ennui, la tristesse sans cause
Je ne sais si je vis mais un mal m’indispose
M’extirpant d’un sommeil infini, étouffant,
Une soif nouvelle venue m’aiguillonner

Une brise tirée de l’ombre m’a soudain effleuré
Un bref mouvement d’air dans ce lieu isolé
Où, fuyant l’existence, j’avais trouvé refuge
M’exilant hors du temps, mon cœur pour seul juge
Purgeant lentement mon corps de son essence damnée

Autour de moi le monde tournait, indifférent
Effaçant mon passage, m’offrant un long répit
Quand un étrange appel me tira de l’oubli
D’abord souffle lointain, puis rire envoutant
Il trouve en mon abyme un être à sa mesure

Emplissant mon tombeau, roulant dans chaque fissure
Il rallume en mon âme un feu presque étouffé
Souvenir d’un temps ancien où j’errai, insouciant
Il ravive mes sens de son parfum charmant
Faisant renaitre en moi l’envie de liberté

Lentement il se fait spectre, image du passé
Puis prend une apparence unique, renouvelée
M’attirant d’un regard, l’ange prend son envol
M’invitant à le suivre dans le royaume d’Eole
Où là dans la lumière je vais m’abandonner
Le laissant se repaître du sang tant convoité.

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novembre 21

Le Dormeur

Il flotte une brume étrange sur la lande verdoyante
Le soleil levant embrase de mils feux
Les perles de rosée, cristaux venus des cieux
Parant de beaux atours la Nature envoutante

L’aube de ce jeune printemps veut se faire mystérieuse
Masquant à mon regard ses flamboyantes couleurs
Dévoilant prudemment son infinie douceur
Au gré d’une brise légère à l’odeur capiteuse

J’ai couru tout le jour dans ces champs inconnus
Fuyant à toutes jambes une horde de sauvages
Toute prête à m’écorcher pour un sombre présage
Un geste maladroit à une belle ingénue

Lorsque la nuit tomba, je m’arrêtais enfin
Pour au pied d’un vieux chêne m’étendre, me reposer
Mais un froid saisissant fini par m’envelopper
Et contre un lourd sommeil j’ai lutté mais en vain

Un nouveau jour se lève et emporte avec lui
Toutes ces terreurs nocturnes venus là m’enlacer
Je me sens frais et neuf, tout comme un nouveau né
Alors que sur mon cœur une rose s’épanouit

Soudain de son essence le monde semble vidé
La brume se fait brouillard, plus opaque et épaisse
Toute ma joie nouvelle en l’instant me délaisse
J’ai traversé le Fleuve, suis de l’Autre coté.

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novembre 19

Absurdité vivante

Triste machines humaines, pâle poupées de chair
Certaines de détenir l’Absolue Vérité
Et tenant à tout prix à vous y enchaîner
Pour un salut fictif, paradis éphémère
La pleine sensation de supériorité

De tout temps l’Homme voulut imposer par violence
Sur chaque être vivant sa vile suprématie
Consumé par la haine, la rancœur et l’envie
Il imposa sa Loi à force de souffrances
Avide de Pouvoir il rejeta la Vie
Se muant en bourreau de sa propre innocence

Il piétina la Terre qui l’avait enfanté
Rejetant au néant la tendresse, la douceur
Alimentant le feu de sa profonde noirceur
Au son des chants de guerre, aux flammes des bûchers
Répandant sur le monde le chaos, la terreur
Décimant sans les voir même ceux de sa ligné

Lorsque chaque continent sera ruine fumante
Cessera-t-il pourtant son œuvre de destruction ?
Renoncera-t-il enfin à cette triste obsession
De broyer sous son poing toute matière vivante
Ou s’annihilera-t-il dans son aveugle action
Libérant l’Univers de sa rage écœurante ?

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novembre 4

Nuit de brume

Une langueur assassine s’insinue lentement
Au cœur de mon être elle plonge ses doigts glacés
Déchirant furieusement de ses crocs acérés
L’étrange réceptacle des plus beaux sentiments

C’est l’hiver lénifiant qui la fait ressurgir
Lorsque la vie s’abyme dans un sommeil létal
L’esprit sombre et s’enlise dans une morbide spirale
Le feu sacré s’éteint, lentement, se laisse mourir

Parfois, un souffle d’ange vient pour le raviver
Visiteur impromptu, étincelle divine
Porteur d’une nouvelle force, luttant contre le spleen
Mais mon cœur, grand aveugle, ne se laisse approcher

C’est à croire qu’il se plait dans cette lente souffrance
Dans cette longue agonie, il se laisse emporter
Malicieux suicidaire, il voudrait s’y noyer
Esclave de sa folie, consumant son essence

Dans cette tombe hivernale, j’ai vu passer un songe
Qui me prit en pitié, percevant mes douleurs
M’enlaçant dans ses voiles, d’un sourire enjôleur
Il m’offrit sa chaleur, stoppant ce qui me ronge.

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octobre 25

Diaphane

Je suis l’insaisissable, l’esprit au corps fuyant
L’homme à la forme trouble, ombre au creux du néant
J’erre à travers les voiles du temps et de l’espace
Naviguant sur l’Ether, seul, inconstant et lasse

Parfois je me faufile au plus près de vos cœurs
Je me glisse dans vos pas pour un peu de chaleur
Pour éloigner le froid qui hante mon univers
Envahissant votre être pour mieux me satisfaire

Mais mon souffle est glacé, mon essence votre mort
Au moindre de mes baisés je scelle votre sort
Un frôlement de mes lèvres et votre vie s’en va
Laissant une enveloppe vide, un cœur saisi d’effroi

Je suis le fruit d’un monde où tout demeure figé
Enfant d’un âge ancien, disparu, oublié
Seule ma volonté me conserve en mouvement
J’ai tout abandonné pour demeurer vivant

Je ne suis qu’une ombre grise, chimère inachevée
Issue du triste songe d’une obscure déité
Erreur de la nature, modèle abandonné
Pour la gloire d’un autre à plus grande destinée.

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octobre 24

Aeterneum

Des contreforts de l’occident
Aux lointains remparts de l’Orient
J’en appelle à vous, frères et sœurs
Pour ressusciter la splendeur
D’un monde condamné au chaos
Si nous ne nous lions bientôt

J’en appelle à l’Esprit du Feu
Toi si fier et si ombrageux
Et toi aussi Fils de la Terre
Si fort et pourtant si amer
Venez accomplir le dessein
Marqué de l’empreinte du Destin

Rejoignez-moi Fille de l’Air
Maîtresse des courants de l’Éther
Et toi la sombre Dame des Eaux
Dont le sang est source des flots
Nous devons procéder au rite
Pour que la Nature ressuscite

Viens à moi Porteur de Lumière
Lueur d’espoir dans toute sphère
Quand à toi l’Être Universel
Prête-nous ta sagesse éternelle
Afin que les forces dispersées
Puissent être enfin réunifiées

Moi l’Enfant de l’Obscurité
Empereur des ombres par milliers
Vous invite à la réunion
Pour qu’ensemble nous triomphions
De l’abominable cataclysme
Aube d’un nouvel Apocalypse.

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octobre 10

Insomnies

Quand la nuit dans ses bras refuse de m’emporter
Que l’épuisement me gagne mais ne me fait sombrer
Les minutes se font heures, les heures éternité
Tournant et retournant au creux des draps froissés

J’évoque en mon esprit de délicieux rivages
Fais de brume, de ciel bleu, de somptueux nuages
Afin d’exorciser les trop sinistres songes
Qui tempêtent en mon crâne et peu à peu me rongent

Mais qu’importe, rien y fait, et malgré tous les charmes
Les ombres s’allongent et rampent, chaque bruit devient vacarme
Sous mes sens éreintés couve un ouragan
Prélude à la folie, sinistre et menaçant

Mon ennemi intérieur, entravé, enchaîné
Hante ces horribles heures de ses cris redoublés
Je le sens s’agiter, chercher à m’assaillir
Pour lui un seul but, dominer par son ire

Alors je cherche encore mes rives enchantées
Pour le contenir, le garder prisonnier
Je lutte avec force, courage et désespoir
Pour ne pas lui céder, lui laisser la victoire

Quand le sommeil enfin m’emporte dans ses voiles
Un réveil assassin le chasse d’un son brutal
M’expulsant de mes rêves vers la réalité
Et le triste miroir d’une nouvelle journée.

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octobre 3

Charon

Ballotté en tous sens par les flots déchainés
Mon corps transis et lasse menace de sombrer
Happé par les courants de cette mer infinie
Fulminante et roulante que l’on nomme la vie

Si calme au commencement, tel un lac familier
Elle prend au fil du temps un rythme syncopé
Ses flux et ses reflux nous prennent et nous emportent
Nous avons beau lutter c’est toujours la plus forte

Elle si prompt aux tempêtes, aux colères violentes
Sait parfois se faire d’huile, douce et apaisante
C’est lors de ces instants que l’on croise des amis
Ilots pleins de chaleur lorsque le vent faiblit

Piliers insubmersibles lorsque vient l’ouragan
Repères dans la nuit lorsqu’enflent les brisants
Malgré tout il ne faut à eux trop s’agripper
De crainte que, naufragés, vous ne les entraîniez

Alors payons l’obole, pressons, ne trainons pas
Car le gouffre final tous nous emportera
Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, on ne peut échapper
Au cours inéluctable de ces flots agités.

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