mars 3

Conscient

Les vieux qu’on parque, qu’on extermine
Les jeunes qu’on bride, qu’on embobine
Les politiques qui ne pensent qu’à l’argent
Les religieux qui ne pensent qu’à l’embrigadement

Les extrémistes qui réveillent la haine
Les crimes, les guerres qui nourrissent la peine
L’horreur qui règne sans pitié,
La Terre qu’on saigne sans y penser

Douleur, malheur, tant de souffrances
Et pour un rien colère, vengeance
Tout n’est que chaos, destruction
Partout le mal coule à foison

Rivières de sang, monceaux de chairs
La folie, l’envie, pauvres chimères
Rongent les cervelles, pourrissent les coeurs
Désir éphémère tue le bonheur

Certains aspirent au Paradis
Chacun espère une vie bénie
Pour échapper à tous ces cris
Oui, mais l’Enfer, il est ici!

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mars 3

Les tourments du néant

Quel est donc ce mal qui rampe, me laisse las
Me triture, m’afflige, dévore mes sentiments
Et vient ronger mon âme, érodant son pilier
Pour la pousser enfin vers un abyme obscur

C’est une sourde douleur, une blessure profonde
Qui distille en ma sève un insidieux poison
Gangrenant mon essence pour doucement me flétrir
Et me voir succomber sous ses assauts funestes

Moi l’Absolu Néant où tout être finit
Porteur de grands malheurs, d’indicibles souffrances
Mes atomes consument chaque parcelle d’existence
Mon nom est abhorré, ma substance honnie

C’est l’ironique sort de tous les corps célestes
Malicieuse infection dont je ne puis guérir
J’entends déjà mugir ses monstrueux démons
Ravivant en mon coeur bien des pensés immondes

De toute chose le temps provoque lentement l’usure
Cette mélancolie m’aura bientôt brisé
A mesure qu’il progresse, ce mal me rend dément
Certains pleurent de trop être, je pleure de n’être pas.

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mars 3

Métamorphose du miroir

Est-ce ton visage dans ce miroir ?
Est-ce vraiment toi, triste rimeur ?
Dans le reflet de ton regard
Vois-tu ces yeux brûlants d’horreur ?

Sens-tu ce froid rongeant tes os ?
Sens-tu cette ombre contre ton cœur ?
Vois-tu la teinte rougie de l’eau ?
N’éprouves-tu pas quelque douleur ?

Ne sens-tu pas en toi monter
Une rage froide et ravageuse ?
N’entends-tu pas le glas sonner
Lorsque ta peau devient neigeuse ?

Lorsque ton corps devient chaos
Le laisses-tu se révéler ?
Laisses-tu ton être s’effacer
A profit de l’immonde salaud

Qui se trouve là, au plus profond
Patiemment attendant son heure
Pour libérer tous les démons
Et livrer le monde au Malheur.

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mars 3

Requiem

Néant, vide indéniable, trop imposant désert
Puissant souffle de mort au coeur d’une morne sphère
Sablier dont la poudre cessa de s’écouler
Cieux obscurs que les anges même ont oubliés

Auditorium nu que plus un son n’anime
Pages blanches aux mots creux où plus rien ne s’exprime
Nuances de gris profond, abîmes, puits infâmes
Vous happiez mes démons, mes muses dans vos flammes

Il ne reste en ces fonds que des cendres éteintes
Etouffés par l’horreur de violentes étreintes
Les feux ont disparu, laissant des terres brûlées
Et les squelettes hideux de vieux arbres calcinés

Alors qu’hier encore vie et mort s’agitaient
Dans ces creusets étranges que mon âme façonnait
Aujourd’hui ne demeurent que des ruines érodées
Par des vents sulfureux aux souffles fatigués

Les mots se sont usés, l’encre s’est oxydée
Et le temps a jauni la blancheur du papier
Le triste jeune poète depuis longtemps n’est plus
Ses ossements ont pourri avec sa plume déchue.

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