Pauvre faune et belle dame
Au pays des troubadours, une nuit où j’allais danser
Je surpris une complainte par un faune déclamée
L’histoire d’une damoiselle qui l’amour ne trouvait
Car d’elle point n’était digne et pourtant la courtisaient
D’un chevalier mort loin la belle s’était éprise
Et malgré l’homme défunt, elle demeurait sa promise
Héritiers de ce dernier, oncle, frère ou beau cousin
Tous visaient la demoiselle toute entière à son chagrin
Hors le spectre du chevalier à un faune s’était confié
Lui donnant la lourde tâche de sa dame protéger
Esprit jeune et insouciant, faune avait donnée parole
Espérant briser ce pacte par une folle cabriole
De ce choix bien malhabile il fut malavisé
Car Dame Nature elle même prit la belle en pitié
« Toi Faune si prompt à rien, je te nomme son Gardien. »
« Tu serviras la donzelle jusqu’à ce qu’amour soit fait sien. »
Dès lors le libre esprit à la belle fut attaché
Son espoir de regagner un jour sa liberté
Tout bellâtre vint à passer qui bien vite fut rejeté
A toute force de ses sabots, le faune envoyait bouler
Digne fils de Dame Nature, il descellait en leurs cœurs
La tromperie, la fausseté, l’ombre noir du déshonneur
A aucun prix ne voulait que la belle soit flouée
Car deux serments le liaient au sort de la jeune beauté
Et chaque nuit il venait dans ce bosquet isolé
Conter cette tragédie et son malheur pleurer
Car nul sur cette terre n’était digne de briser
Le deuil de la demoiselle et son fantôme chasser.