décembre 28

Mobius

Vous souvient-il d’un soir lorsque, jeune âmes encor,
Devisant près d’un lac où fleurissent les ajoncs,
Je vous fis un aveu, l’œil brûlant de passion,
Révélant aux étoiles un songe en plein essor.

Un serment prononcé qui vous vit faire silence
Et plonger en vous-même pendant de longs instants.
Mon cœur impétueux manqua un battement
Suspendus à vos lèvres mille joie? mille tourments ?

La Lune en est témoin, jamais je ne dédis
Ce paroles que vous fûtes la seule à écouter.
Au cours de tous ces siècles, de toutes ces vies passées
Cette secrète promesse, jamais je ne rompis.

Tant d’heures s’écoulant passées à vous attendre,
A guetter votre approche, le bruissement de vos pas…
Nul billet, nulle missive, de l’éveil au trépas,
Les murmures même du vent ne purent rient m’apprendre.

Alors, un jour, à bout, de l’inaction lassé
Je cédais à l’ivresse, étreignant d’autres bras.
Une sirène, puis deux vinrent partager mes draps.
Perdu dans leurs regards, je vous ai oubliée.

J’ai repris ma parole, délié mon serment,
Recommencé à vivre, loin de votre fantôme.
Quelques belles attentions à mon cœur furent un baume.
Mon esprit s’allégea de cet antique tourment.

Pourtant, certaines nuits, lorsque coule la brume,
J’aperçois sur le banc près des eaux miroitantes
Le spectre de ce soir où mon âme naissante
Vous révéla le feu qui , encor, la consume.

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décembre 21

Maraud

Lorsque le demi-jour, de ses rayons dorés
Caresse le velouté de son teint d’églantine
Frôle sa bouche rouge comme le fruit d’aubépine
Je sens bondir mon cœur et mon âme s’agiter.

Elle est fille du monde, brûlante d’énergie
Une flamboyante étoile irradiant de lumière
Le miracle céleste qu’en soi chacun espère
Celle que tant d’autres adulent pour masquer leur envie.

Les fats à son balcon ne doivent pas manquer
Pourtant elle marche seule et sans perdre sourire
Les feux de son regard voient les rustres frémir
Et les tristes seigneurs dans l’ombre se faner.

Sa gracieuse pureté, nulle faut ne l’entache
Sa bonté, sa douceur, elle ne fait qu’offrir
De sa simplicité personne ne peut médire
A tant de compassion ne s’opposent que les lâches.

Lorsque passe la belle, son chemin éclairé
Sous une arcade sombre, ma face je dissimule,
Mon corps trop usé, vieillissant, ridicule
Et l’esprit ébloui, je demeure fasciné.

Que ferait donc un astre, une telle perfection
D’un roc fissuré, écrasé sous les ans ?
Je ne suis que guenilles ouvertes à tous les vents
Dont une fée mutine gouverne l’émotion.

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décembre 16

Comète

Dans les feux sépulcraux d’un soleil ténébreux
J’ai vu plonger le monde en un râle d’agonie,
Tomber les hautes tours d’un Age d’or béni
Et brûler les cités d’être trop vaniteux.

Entre les voiles du vide où siègent mille Horreurs
J’ai senti s’agiter leurs sinistres engeances
Alors que les étoiles sombraient dans le silence
Consumées par leur faim, insatiables erreurs.

D’une galaxie à l’autre, toujours le même chemin:
Éveil, découverte, grandeur puis décadence.
Avidité, envie gangrènent l’existence
Rongent lentement le cœur, empoisonnent l’esprit.

Sont-ils si aveugles à l’étincelle de vie
Qu’ils cherchent tout moyen pour venir la souffler ?
Ne distinguent-ils pas les gouttes d’éternité,
Les instants éphémères où leur âme fleurit?

S’ils avaient pour miroir les eaux de ton regard,
Ma céleste princesse, deviendraient-ils sages ?
Il faut tout ton amour pour gommer leurs ravages;
Pour apaiser mes pleurs et raviver l’espoir.

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décembre 7

Ouranos

Longtemps, j’ai côtoyé le peuple des nuages,
Les horizons de brume et le cœur des nuées.
J’ai vu ces champs célestes,las, se disloquer,
Privant les songes vivants de leurs calmes rivages.

Ces gens de féerie, exilés de l’Aether
En ce monde se tournèrent vers la Nature sacrée.
Peu à peu, intégrèrent la matérialité,
Perdant le lien subtil avec les autres sphères.

L’Univers m’est témoin! Tant de mondes ont vécu!
Combien virent un age d’Or, combien furent consumés.
Si nombreux furent les êtres, sages, nobles ou guerriers
Qui touchèrent la grandeur avant d’être vaincus.

D’innombrables étoiles brûlant leur énergie,
Courant après la gloire ou tout autre illusion.
Nulle trace ne demeure de leur annihilation
Dans le vaste océan de ce vide infini.

Au creux du lieu secret de mes vieux souvenirs
Demeure encore l’empreinte de flammes d’exception.
Et dans quelques regards, cette illumination,
L’espoir de voir un jour ces esprits revenir.

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