décembre 30

Fêlures

Au plus profond des songes, derrière miroirs et masques
Est caché une gemme, essence de mon être.
Il s’en trouve bien peu qui puisse la voir paraître,
Tant elle se dissimule sous apparences fantasques.

Elle se nourrit des joies qu’apportent quelques liens,
Mais trop baignée de peines, elle souffre d’illusions,
Prend trop vite pour amour une marque d’attention
Et s’abîme en noirceur lorsque l’espoir s’éteint.

En elle les feux alternent, tantôt lumière stellaire,
Tantôt flammes voraces, brûlant mes énergies
Ou faible lumignon dont l’éclat a pâlit
A peine une étincelle, craignant un souffle d’air.

Sa surface est marquée de plaies et de fissures
Tant elle s’est consumé de pertes silencieuses,
D’aveux non déclarés, de rêveries brumeuses;
C’est un triste calice tout marqué de blessures.

A ses pieds rodent et tournent de visqueuses vipères,
Ombres au corps sinueux, guettant la moindre faille
Pour cracher leur poison sur la plus fine entaille
Alimentant le Doute, cette horrible chimère.

Lorsque vient son murmure, tout mon être vacille
Et s’ouvre sous mes pas le gouffre d’Abandon;
C’est un mal vicieux, un affreux puits sans fond
Qui déchire mon cœur de mille et mille vrilles.

Aussi, pardonnez-moi mes peurs, mes égarements.
J’ai en moi tant de vide, d’assourdissants silences
Qui viennent saborder vos mots et ma patience
Que je puis me briser sans quelque soin constant.

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décembre 8

Glas

Il advient certains soirs lorsque l’ombre s’étend
Que d’avides ténèbres enserrent mon triste cœur…
Perdu entre deux mondes, entre ici et ailleurs,
Las de ma longue errance, je m’abîme lentement.

Viennent à moi sombres songes, teintés d’isolement,
De blême solitude et d’esprit amoindri.
Macabre sarabande où se mêle l’oubli,
Infâme décrépitude, longs sanglots, hurlements.

Vagues à vagues, lames à lames, mon être se fissure,
Pris dans une visqueuse toile, un brouillard insidieux.
Rongée par son acide, la flamme du merveilleux
S’étiole douloureusement en suintantes blessures.

Au bord de s’effondrer, alors mon âme pleure,
Implore encore une fois les entités célestes;
Elle voudrait s’envoler loin des brumes funestes
Qui corrompent son essence en d’infinies douleurs.

Sous l’épais voile noir parait une lueur,
Infime, lointain éclat faisant renaître espoir.
« Est-ce toi, mon éternelle, vivante, hors du cauchemars? »
« Viens-tu enfin à moi pour apaiser mes peurs? »

« Où n’est-ce que la Lune perçant l’obscurité? »
« Je t’en prie, révèle-toi! L’absence a trop duré! »
« Eveille-toi, libère-moi, toi, celle que j’attends! »
« Je ne puis, sans aimer, demeurer plus longtemps… »

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