Escamoteur
Mon esprit hoquetant, tressautant, vacillant,
Ne sait si, à cette heure, il peut encore songer.
Tant de choses lui semblent étrangement murmurées,
Des échos, des hoquets, des images rémanentes.
Et mon cœur trop malade, sombrement éprouvé
S’interroge : Est-ce signes, subtiles indications ?
Ou n’est-ce donc que chaos, futiles illusions ?
Trop d’espérances trompeuses l’ont durement blessé.
Oscillant entre rêves et tristesse pesante,
Ballotté par les flots de mon indécision,
Mon être virevolte de joie en dérisions,
Se fissure, se morcelle en humeurs changeantes.
Tel un radeau perdu sur l’océan immense,
Naufragé condamné si l’eau devient furie,
Ne sachant que choisir, j’opte pour l’inertie
Connaissant ma folie, j’en subi les errances.
Elle n’existe pas, n’est qu’un reflet conçu
Pour masquer la souffrance, l’isolement, la douleur.
Ma psyché l’a produite pour conjurer mes pleurs,
Effacer une absence, une vie non vécue.
J’aime une projection sans savoir le réel,
M’enfuis dans un refuge mental et fracturé,
N’ayant pas l’énergie pour me voir confronté
A un rejet possible, une peur matérielle.
Pathétique magicien enfermé dans mes ombres,
J’y réplique le monde pour mieux le façonner,
Le plier, le contraindre à ma propre pensée
Plutôt que d’ajouter une blessure en surnombre.