Belle endormie
Oh, belle à sa fenêtre, sur son œuvre assoupie,
Par un rais de lumière doucement esquissée,
Bercée par le soupir de son souffle léger
Danse une boucle libre sur son air endormi.
Par la fine embrasure de cette haute croisée,
Je pose mon regard sur votre doux sommeil;
Tel un petit oiseau, tous les sens en éveil,
Je demeure ébloui par cette calme beauté.
Je me vois reposant dans vos bras, alangui,
Puisant à la tendresse de mon cœur d’exilé;
Votre être délicat, paisible, abandonné,
Dans cette souple étreinte de deux âmes blotties.
Frôlant timidement sous mes lèvres votre cou,
J’apposerais d’une brise ma vie sur votre peau;
Lentement, j’inspirerais votre parfum, son eau,
Partageant mon essence, comme gage de moi à vous.
En cette sensible étreinte, je confierais mes larmes,
Mes souhaits, mes souvenirs, la flamme qui me meut;
Je vous donnerais tout, mon énergie, mes vœux,
Couvrant votre repos de protections et charmes.
Et vous, fée comme vous l’êtes, tisserez-vous pour moi
Un songe où notre amour viendra s’épanouir ?
S’il le faut, je suis prêt pour vous plaire à mourir;
Mon être à trop vécu; je ne m’appartiens pas.
Ainsi, j’ébauche encor, sur la trame d’une vision,
Un brin de paradis pour mon cœur esseulé;
Aurais-je une réponse? Devrais-je l’éveiller?
Délicate dormeuse, vous serais-je assez bon?