novembre 19

Absurdité vivante

Triste machines humaines, pâle poupées de chair
Certaines de détenir l’Absolue Vérité
Et tenant à tout prix à vous y enchaîner
Pour un salut fictif, paradis éphémère
La pleine sensation de supériorité

De tout temps l’Homme voulut imposer par violence
Sur chaque être vivant sa vile suprématie
Consumé par la haine, la rancœur et l’envie
Il imposa sa Loi à force de souffrances
Avide de Pouvoir il rejeta la Vie
Se muant en bourreau de sa propre innocence

Il piétina la Terre qui l’avait enfanté
Rejetant au néant la tendresse, la douceur
Alimentant le feu de sa profonde noirceur
Au son des chants de guerre, aux flammes des bûchers
Répandant sur le monde le chaos, la terreur
Décimant sans les voir même ceux de sa ligné

Lorsque chaque continent sera ruine fumante
Cessera-t-il pourtant son œuvre de destruction ?
Renoncera-t-il enfin à cette triste obsession
De broyer sous son poing toute matière vivante
Ou s’annihilera-t-il dans son aveugle action
Libérant l’Univers de sa rage écœurante ?

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novembre 4

Nuit de brume

Une langueur assassine s’insinue lentement
Au cœur de mon être elle plonge ses doigts glacés
Déchirant furieusement de ses crocs acérés
L’étrange réceptacle des plus beaux sentiments

C’est l’hiver lénifiant qui la fait ressurgir
Lorsque la vie s’abyme dans un sommeil létal
L’esprit sombre et s’enlise dans une morbide spirale
Le feu sacré s’éteint, lentement, se laisse mourir

Parfois, un souffle d’ange vient pour le raviver
Visiteur impromptu, étincelle divine
Porteur d’une nouvelle force, luttant contre le spleen
Mais mon cœur, grand aveugle, ne se laisse approcher

C’est à croire qu’il se plait dans cette lente souffrance
Dans cette longue agonie, il se laisse emporter
Malicieux suicidaire, il voudrait s’y noyer
Esclave de sa folie, consumant son essence

Dans cette tombe hivernale, j’ai vu passer un songe
Qui me prit en pitié, percevant mes douleurs
M’enlaçant dans ses voiles, d’un sourire enjôleur
Il m’offrit sa chaleur, stoppant ce qui me ronge.

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octobre 25

Diaphane

Je suis l’insaisissable, l’esprit au corps fuyant
L’homme à la forme trouble, ombre au creux du néant
J’erre à travers les voiles du temps et de l’espace
Naviguant sur l’Ether, seul, inconstant et lasse

Parfois je me faufile au plus près de vos cœurs
Je me glisse dans vos pas pour un peu de chaleur
Pour éloigner le froid qui hante mon univers
Envahissant votre être pour mieux me satisfaire

Mais mon souffle est glacé, mon essence votre mort
Au moindre de mes baisés je scelle votre sort
Un frôlement de mes lèvres et votre vie s’en va
Laissant une enveloppe vide, un cœur saisi d’effroi

Je suis le fruit d’un monde où tout demeure figé
Enfant d’un âge ancien, disparu, oublié
Seule ma volonté me conserve en mouvement
J’ai tout abandonné pour demeurer vivant

Je ne suis qu’une ombre grise, chimère inachevée
Issue du triste songe d’une obscure déité
Erreur de la nature, modèle abandonné
Pour la gloire d’un autre à plus grande destinée.

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octobre 24

Aeterneum

Des contreforts de l’occident
Aux lointains remparts de l’Orient
J’en appelle à vous, frères et sœurs
Pour ressusciter la splendeur
D’un monde condamné au chaos
Si nous ne nous lions bientôt

J’en appelle à l’Esprit du Feu
Toi si fier et si ombrageux
Et toi aussi Fils de la Terre
Si fort et pourtant si amer
Venez accomplir le dessein
Marqué de l’empreinte du Destin

Rejoignez-moi Fille de l’Air
Maîtresse des courants de l’Éther
Et toi la sombre Dame des Eaux
Dont le sang est source des flots
Nous devons procéder au rite
Pour que la Nature ressuscite

Viens à moi Porteur de Lumière
Lueur d’espoir dans toute sphère
Quand à toi l’Être Universel
Prête-nous ta sagesse éternelle
Afin que les forces dispersées
Puissent être enfin réunifiées

Moi l’Enfant de l’Obscurité
Empereur des ombres par milliers
Vous invite à la réunion
Pour qu’ensemble nous triomphions
De l’abominable cataclysme
Aube d’un nouvel Apocalypse.

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octobre 10

Insomnies

Quand la nuit dans ses bras refuse de m’emporter
Que l’épuisement me gagne mais ne me fait sombrer
Les minutes se font heures, les heures éternité
Tournant et retournant au creux des draps froissés

J’évoque en mon esprit de délicieux rivages
Fais de brume, de ciel bleu, de somptueux nuages
Afin d’exorciser les trop sinistres songes
Qui tempêtent en mon crâne et peu à peu me rongent

Mais qu’importe, rien y fait, et malgré tous les charmes
Les ombres s’allongent et rampent, chaque bruit devient vacarme
Sous mes sens éreintés couve un ouragan
Prélude à la folie, sinistre et menaçant

Mon ennemi intérieur, entravé, enchaîné
Hante ces horribles heures de ses cris redoublés
Je le sens s’agiter, chercher à m’assaillir
Pour lui un seul but, dominer par son ire

Alors je cherche encore mes rives enchantées
Pour le contenir, le garder prisonnier
Je lutte avec force, courage et désespoir
Pour ne pas lui céder, lui laisser la victoire

Quand le sommeil enfin m’emporte dans ses voiles
Un réveil assassin le chasse d’un son brutal
M’expulsant de mes rêves vers la réalité
Et le triste miroir d’une nouvelle journée.

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octobre 3

Charon

Ballotté en tous sens par les flots déchainés
Mon corps transis et lasse menace de sombrer
Happé par les courants de cette mer infinie
Fulminante et roulante que l’on nomme la vie

Si calme au commencement, tel un lac familier
Elle prend au fil du temps un rythme syncopé
Ses flux et ses reflux nous prennent et nous emportent
Nous avons beau lutter c’est toujours la plus forte

Elle si prompt aux tempêtes, aux colères violentes
Sait parfois se faire d’huile, douce et apaisante
C’est lors de ces instants que l’on croise des amis
Ilots pleins de chaleur lorsque le vent faiblit

Piliers insubmersibles lorsque vient l’ouragan
Repères dans la nuit lorsqu’enflent les brisants
Malgré tout il ne faut à eux trop s’agripper
De crainte que, naufragés, vous ne les entraîniez

Alors payons l’obole, pressons, ne trainons pas
Car le gouffre final tous nous emportera
Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, on ne peut échapper
Au cours inéluctable de ces flots agités.

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septembre 13

Angoisse

En équilibre sur un balancier
Entre inconnu et monotonie
Entre nécessité et envie
Je me découvre prisonnier

L’angoisse de n’être bon à rien
D’immenses responsabilités
M’empoisonnent jusqu’à m’aliéner
Et rendent mes choix incertains

Je ne sais vers quoi me tourner
N’ayant ni dieu ni religion
Mes nuits s’emplissent d’insurrections
Menées par mes sombres pensées

Au cœur des ombres d’anciennes faiblesses
Reviennent soudain me hanter
A tant de dilemmes confronté
Mon esprit tremble de tristesse

J’ai tant de doutes, tant de questions
Mais un avenir à assumer
Moi, pantin désarticulé
Qui n’aspire qu’aux rêves et visions.

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septembre 5

Flux et reflux de la conscience

Au fait d’un monde perdu siège une antique tour
Battue par pluie et vent, perdant jour après jour
De son ancienne beauté, ses murs faits de cristal
Dont l’éclat s’est terni sous un sinistre voile

Hier tant de splendeur en elle brillait encor
Créations merveilleuses issues de tant d’efforts
Des récits fascinants dans ses ailes naissaient
Habités par des êtres que tout épanouissait

De sa plus haute fenêtre montait un escalier
Au ciel de nuages il allait la lier
Mais aujourd’hui ses marches rugueuses et fissurées
S’effritent peu à peu comme la tour abîmée

Les mils parchemins laissés sur l’écritoire
Pourrissent lentement et même les miroirs
Ouvrant sur d’autres sphères ont tous été brisés
Par un esprit furieux d’y voir sa lâcheté

Lui qui détenait tout et qui a tout gâché
Envoûtant une âme pure qu’il voulut posséder
Et par cet acte infâme, il voua au Chaos
Ses talents et son âme, créateur de mils maux

Pourtant, avec les âges, le Temps a apaisé
Ses tourments, mais la nuit, sa trahison passée
Hante toujours ce barde, ce magicien des mots
Sur la tombe d’un ami happé par le Chaos.

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août 31

Melancholia

Peu à peu les ténèbres me hantent
Pas à pas j’entame cette valse lente
Sur fond de requiem je me laisse emporter
Vers les flots infinis où le temps est figé

Inexorablement tout mon esprit s’érode
Usé par la paresse et la médiocrité
Où mon corps se complait et se laisse sombrer
Dans cette léthargie facile et si commode

Je suis un exilé, fils d’un temps disparu
Arrivé de nulle part, d’une terre inconnue
Héros, je vis sans lutte, sans grandeur à gagner
Mage, je suis sans but, sans substance à dompter

Sur moi l’existence passe, la vie n’a pas de prise
Issu d’un autre espace, d’une dimension grise
Jeté dans une prison faite de chair et d’argile
Englué dans ce corps encombrant et futile

Empli de lassitude par ce monde décadent
J’ai voulu à tout prix chercher à m’évader
Me déchirant les chairs sur la pierre scellée
D’un sinistre caveau nommé Asservissement

Ce vain combat de dupe aujourd’hui a cessé
Et face à l’immuable, je me suis résigné
Abandonnant mon être à la lente agonie
D’une vie sans panache, d’une fadeur d’ennui.

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avril 22

Il était une rose

Il était une rose au cœur d’un jardin
Qui depuis bien des ans ne se flétrissait point
Sur un tapis de ronces, elle s’était hissée
Au fil des saisons, sa tige avait grimpé

Pourtant autour d’elle ne s’élevaient que ruine
Lierres, plantes asséchées, buissons couverts d’épines
Tout n’était que chaos, noirceur, haine, souffrance
On eut dit une terre faite de malévolence

Malgré tout, pousse après pousse, elle s’était dressée
Luttant jour après jours pour ne pas s’étioler
Dans cette obscurité, ce désert d’oubli
Cette grande beauté s’était épanouie

Souvent, dans son sommeil, son âme rayonnait
La caresse du soleil, doucement, l’apaisait
Baignant dans la lumière et nimbée de rosée
Elle offrait à ce monde sa tendresse, sa gaieté

La légèreté du vent la laissait oscillante
Soufflant sur ses pétales de manière charmante
Et dans ce lieu sinistre, de tous abandonné
Elle était la lumière pour tous les condamnés.

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