janvier 11

Faux-semblant

Mon masque souriant, façade illusoire
Cache sous sa surface mille larmes de sang
La tristesse de mon âme en flots se déversant
Sous cette face blême et couverte de fards

Lorsque le soir tombe, je quitte le costume
Du jeune homme simple et doux, j’enlève mon carcan
Cette pesante armure mes maux dissimulant
Et les blessures secrètes qui lentement me consument

Sur ma poitrine mes ongles labourent, déchirent mes chairs
Pour atteindre mon coeur, le saisir, le broyer
Ma peau pâle se détache en plaques craquelés
Marquée ici et là par des songes amers

Sous ma calme apparence, un monstrueux pantin
Gesticule de douleur, muscles et organes à vif
Laissant dans son sillage moult sanglant motifs
Devenant invisibles le lendemain matin.

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janvier 10

Ce qui n’est pas

Sur cet îlot au bord du monde
Je regarde la vie défiler
Son flot incessant, agité
Sa course après chaque seconde

J’observe les être naitre et mourir
Leurs brèves histoires s’effacer
Et dans mon coeur enténébré
Une étrange plante s’épanouir

Corolle d’envie et de souffrance
Nourrie de manque, d’obscurité
Triste blessure à mon coté
Sinistre lys de l’Absence

Alors qu’en eux brille la lumière
De tant de tendresse partagée
Seule la douleur d’une âme brisée
Brule en mon corps de chimère

Ma différence, ma solitude
Cette lourde peine qui git en moi
Ternissent peu à peu chaque éclat
D’une rare et douce sollicitude

Personne, ici, venant m’étreindre
Dans cette prison isolée
Qui donc oserait s’aventurer
Dans le vide où tout vient s’éteindre?

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janvier 7

L’Ombeline

Belle Ombeline, petite fée
Voudrais-tu mon coeur réchauffer?
L’ombre s’étend encore en moi
Privant le monde de son éclat

Aujourd’hui mes refuges magiques
N’ont pas leur aura magnifique
Un sombre froid me glace les sangs
Un pale spectre aux mille tourments

Une larme de mélancolie
Court sur ma joue en cette nuit
Saurais-tu faire cesser mon mal
D’une tendre trille musicale ?

Petite fée, belle Ombeline
Du songe tu tires tes origines
Avec toi veux-tu m’emporter
Pour guérir mon esprit hanté?

A quoi bon vouloir essayer
Tu n’es qu’une muse fantasmée
Un bandage sur ma solitude
De ma folie un beau prélude

Petite Ombeline, tendre fée
Sur mon épaule viens te pencher
Recueille le fruit de mes sanglots
Tes tours ils serviront bientôt.

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janvier 5

L’insecte

Etrange petit papillon noir
Sur mon cœur s’est posé ce soir
Glissant en ma mémoire voilée
Comme un souvenir oublié

Une goutte d’eau sur un lac lisse
D’une nuit de pluie les prémices
Et doucement sur mon échine
Le frisson d’une pluie d’épines

Un regard au travers d’une fenêtre
Un passé, un futur à connaitre
Sensation tout juste effleurée
D’une certitude qui fut masquée

Le pied au bord d’un précipice
Dans mes tripes la pointe qui s’immisce
La sourde douleur de l’absence
Après le calme de l’innocence

Un cadre au sol qui s’est brisé
Lorsque l’insecte a voleté
Ma tête tombant entre mes mains
Le poids immense du chagrin

Sur mon crâne tombe les larmes du ciel
En moi s’étend l’ombre éternelle
Réminiscence des mois passés
Une blessure jamais fermée.

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janvier 4

Amour

Entre les ajoncs bruns et les roseaux dorés
Sur les berges de ce lac j’aimerais t’emmener
Dans ta robe de dentelles et de perles nacrées
L’union de nos deux êtres à peine célébrée

Sur ces rives silencieuses, seul, je t’embarquerai
Sur un petit esquif du bois de cette forêt
Je te mènerai sur l’île que moi seul connais
Où j’ai bâti pour nous un refuge secret

Sur le seuil de cette porte je te déposerai
Laissant tes jolis yeux lentement s’émerveiller
Et sur ta divine gorge cette lame je passerai
Pour que ton sang carmin vienne tout égailler

C’est ainsi que je t’aime, couverte de rubis
Ainsi que je ferai pour te garder ici
Tu es ma toute belle, mon amour, ma folie
Jamais plus, loin de moi, tu ne seras partie.

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janvier 3

Sanguemortis

Dans les cigües amères, sous les ronces acérées
Entre les vieilles racines et les pierres couchées
D’un ancien sanctuaire aux rîtes oubliés
Serpente une rivière d’ombre et de sang mêlée

Les pâles rayons de lune glissent entre les branches
De hêtres centenaires à l’écorce très blanche
Quelques gouttes scintillantes d’une étrange rosée
Coulent du bord d’une feuille vers le ru empourpré

Entre deux racines bât la clameur de la terre
Humus palpitant où s’agitent les vers
Qui fouissent sous le sol de ce lieu défraichi
Où croupissent souvenirs et mémoires honnis

Méandres après méandres, le fleuve marécageux
S’éloigne de ce tertre à l’aspect vénéneux
Etendant ses bras sombres vers une plaine brulée
Où dansent des fantômes dans des bosquets fanés

Aux abords d’une stèle, un être demeure assis
Puisant d’une vieille coupe l’eau saumâtre et rubis
Et buvant à pleine gorge cet élixir maudit
Apportant à son âme la paix de l’agonie

Tableau de désespoir où rode la démence
Paysage fait de mort et de malévolence
Voici Sanguemortis, terre d’obscure beauté
Où parfois mon esprit aime à s’égarer.

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décembre 27

L’exilé

Dans l’immensité sombre de ce vaste univers
Erre un être exilé loin de ses origines
Sur une nef d’argent à la voile opaline
Il glisse entre les astres, mystérieuse chimère

Sans relâche, il déroule le fil de son destin
Ne sachant quoi chercher, quelle route croiser
Il vogue d’un bord à l’autre de ce vide éthéré
Doutant un jour de voir se profiler sa fin

Depuis le commencement, il a vu tant de choses
Tant d’espoirs, de batailles, de compagnons perdus
Sur lui laissent leurs marques sans le voir vaincu
Pourtant son coeur est lourd et son esprit morose

En lui dort un secret, celui de son exil
La faute qui l’a vu fuir loin de ses terres natales
Une profonde blessure qui fût presque fatale
Qui empoisonne son âme de remords stériles

Il y a si longtemps il a confié son coeur
Plein d’un amour pur à une nymphe sacrée
Mais la Mort, jalouse, l’a trop vite emportée
Enveloppant l’exilé d’une aura de malheur

Prisonnier du fantôme de cette unique amante
Coupable de son trépas pour l’avoir aimée
Pour l’infinie errance l’être s’est embarqué
S’enfermant à jamais dans sa douleur démente.

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décembre 24

Lutte

Pourquoi donc t’obstiner, cœur fébrile?
N’as-tu donc pas saisi que seul tu resteras?
Tu n’es pas destiné à aimer ici-bas
Ton improbable essence t’empêche toute idylle

Pourquoi donc me blâmer, raisonnable conscience ?
Toi, n’as-tu pas compris que j’ai besoin d’aimer?
Je suis fais pour sentir, souffrir, m’éprouver
Quitte à être blessé, à ressentir l’Absence

Es-tu donc si bête, machine à émotions ?
Ne vois-tu pas le mal qu’à notre âme tu fais ?
Tu la couvres de maux, l’assassine de secrets
Regarde, elle se meurt, tes vœux sont sa prison

Et toi, l’ordinateur, la cervelle logique
Constate donc l’effet qu’à l’âme tu infliges
Lentement elle s’étrécit car ta rigueur l’exige
Bientôt ne sera plus qu’un souvenir tragique

Silence, la raison! Apaise-toi le cœur!
Vos conflits incessants le déchirent et m’ennuient
Mon être se convulse, s’agite sans répit
Vous n’êtes l’un et l’autre que prophètes de malheur!

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décembre 23

A vif

Depuis le commencement, je chasse l’ombre d’une ombre

Une pâle illusion sur le miroir du monde

L’écho d’un idéal entraperçu dans l’onde

D’une mer infinie emplie d’abîmes sombres

Au moindre frôlement, à chaque vibration

Mon cœur cristal frémit, s’emballe et s’émerveille

Puis se brise lorsque vient le cruel réveil

Et mon âme réalise qu’elle aime une projection

Alors s’ouvre le vide qui lentement me dévore

Solitude, Absence, semeuses de tourments

Envahissent mon esprit à me rendre dément

Et me pousse sourdement à désirer la Mort

Malgré le temps qui file et mes yeux grands ouverts

Mon amour du rêve tisse toujours son voile

Et couvre mon regard de poussières d’étoile

Lorsqu’il croise celui d’une nouvelle chimère

C’est là mon maléfice et ma malédiction

A trop aimer le songe, il parasite ma vie

Et m’isole du monde par son charme d’oubli

Pour m’asservir il joue avec mes émotions.

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décembre 20

Camera obscura

Depuis cette sombre chambre sise à l’écart du monde
J’observe cette vie qui s’écoule sans moi
Je vois les illusions, les peines, les émois
Qui agitent les cœurs en une triste ronde

Collé à ma fenêtre, j’observe, l’air absent
Ces êtres qui s’activent sans but ni raison
Ces jolies marionnettes aux babilles abscons
Qui tournent, dansent et bougent comme change le vent

De cette boite vide où je me suis blotti
Je les vois comme des ombres sur mes murs glisser
Tout en griffes, serres et crocs, prêts à me dévorer
Me briser tous les os, et me mettre en charpie

Caché dans mes ténèbres, de loin je les surveille
Pris dans mon isolement, dans ma sombre folie
Je les crains, les attends, les espère, meurtri
Pleurant ma solitude dans mon demi-sommeil

Au fond de cette alcôve, de mon affreux tombeau
Je gémis ma souffrance, appelant un secours
Mais si une main se tend, je recule, souffle court
Peureux de retrouver la lumière d’un flambeau

Dans ma pauvre poitrine vacille une étincelle
Souhaitant une assistance pour à nouveau briller
Mais mon cœur trop sensible, lacéré, atrophié
Ne veut qu’obscurité pour taire ses peines nouvelles.

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