juin 23

Achèvement

Lorsque sonnera l’heure, mon âme, nous partirons
Pour une paisible errance, au loin, vers l’horizon
Glissant au gré du vent dans le splendide azur
Nous emplirons nos yeux de paysages purs

Le long des vals secrets, des cours d’eau ombragés
Dans les vastes prairies, les plaines dissimulées
Nous laisserons nos corps au cœur de la terre
Fleurir, s’épanouir, devenir éphémères

Libérés de nos peines, des chaines matérielles
Nous partirons heureux pour une île nouvelle
Blottie au creux du monde, dans les voiles de l’éther
Seulement accessible aux vivantes chimères

Alors, nous élançant droit vers le firmament
Brûlant telles des étoiles dans un ciel éclatant
Nous étendrons nos bras vers notre nature mère
Rassemblant contre nous tous ceux qui nous sont chers

Calmement, patiemment, nous les endormirons
Tendrement leur essence en nous nous aspirerons
Pour traverser le voile de la réalité
Et assurer le règne de leur éternité

D’un bon nous filerons vers d’autres univers
Dans une gangue de cristal nous porterons nos frères
Pour faire naître la vie dans un monde éloigné
Après leur long sommeil, ils y reprendront pied

Et nous nous effacerons, notre tâche achevée
Regagnant l’outremonde, nous viendrons reposer
Dans le calme jardin au milieu des nuées
Où poussent les fleurs de lune et dorment les damnés.

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mai 27

Astronaute égaré

Cristal pâle sous gangue de chair
Dont la surface est fissurée
De noir et d’ambre il est veiné
Ce fragile vaisseau de matière

Il concentre en son intérieur
La complexe essence de mon être
Mélange étrange qui a fait naître
La vie dans mon mystérieux cœur

Concentré d’énergie stellaire
Et de grand vide du néant
Nourri d’éther, de sentiments
En son sein s’agitent les chimères

Oscillant entre clair et sombre
Agité par d’intenses typhons
Ce réceptacle d’émotions
Frissonne quand surgissent les ombres

Malgré son armure d’épiderme
Chaque sensation le fait vibrer
Parfois à presque le briser
Entrainant mon corps vers son terme

Les éclats qui dès lors se forment
Viennent entailler les couches de peau
S’extirpant comme lame de couteau
Et réveillent les démons qui dorment

Alors ma voix se fait venin
Galvanisée par la douleur
Projetant ces aiguilles de peur
Vers le malheureux importun

Les zébrures de l’âme de cristal
Laissent échapper la colère
En flammes brulantes et en éclairs
Echos de souffrance et de mal

Lorsque les feux sont apaisés
Vient la tristesse et les pleurs
Les longues crevasses du malheur
Sur le cristal se sont formées

Ce monde étrange, désaccordé
Résonne contre ma coque de verre
Y créant des brèches amères.
De quelle étoile suis-je tombé?

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mai 19

Pauvre faune et belle dame

Au pays des troubadours, une nuit où j’allais danser
Je surpris une complainte par un faune déclamée
L’histoire d’une damoiselle qui l’amour ne trouvait
Car d’elle point n’était digne et pourtant la courtisaient

D’un chevalier mort loin la belle s’était éprise
Et malgré l’homme défunt, elle demeurait sa promise
Héritiers de ce dernier, oncle, frère ou beau cousin
Tous visaient la demoiselle toute entière à son chagrin

Hors le spectre du chevalier à un faune s’était confié
Lui donnant la lourde tâche de sa dame protéger
Esprit jeune et insouciant, faune avait donnée parole
Espérant briser ce pacte par une folle cabriole

De ce choix bien malhabile il fut malavisé
Car Dame Nature elle même prit la belle en pitié
« Toi Faune si prompt à rien, je te nomme son Gardien. »
« Tu serviras la donzelle jusqu’à ce qu’amour soit fait sien. »

Dès lors le libre esprit à la belle fut attaché
Son espoir de regagner un jour sa liberté
Tout bellâtre vint à passer qui bien vite fut rejeté
A toute force de ses sabots, le faune envoyait bouler

Digne fils de Dame Nature, il descellait en leurs cœurs
La tromperie, la fausseté, l’ombre noir du déshonneur
A aucun prix ne voulait que la belle soit flouée
Car deux serments le liaient au sort de la jeune beauté

Et chaque nuit il venait dans ce bosquet isolé
Conter cette tragédie et son malheur pleurer
Car nul sur cette terre n’était digne de briser
Le deuil de la demoiselle et son fantôme chasser.

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mai 5

Course vers la liberté

J’ai pris la route pour Onyria
Bien décidé à la trouver
Ne sachant vraiment où chercher
Mes songes ont dû guider mes pas

Sur le chemin j’ai rencontré
D’étranges êtres à la peau blême
Vagabonds marqués d’anathème
Aux yeux vitreux, l’âme égarée

J’ai croisé des rêveurs perdus
Subjugués par quelques ondines
Chimères aux membres longilignes
S’en repaissant comme sangsues

Plus loin voguait la nef des morts
Barque oblongue aux couleurs passées
Où terminent tous les égarés
Qui ont renoncé à leur corps

Au loin brillait, derrière un voile
Le phare brulant de la cité
Où toute idée lentement se crée
Et l’univers puisse sa moelle

Onyria, la ville de cristal
Où naissent les plus beaux enfants
Issus du repos des vivants
Puisant dans leur essence vitale

A la frontière des dimensions
J’ai frôlé l’onde à la toucher
Sous mes doigts s’est désagrégée
La sphère du rêve en extension

Sous mon regard s’est effondrée
Le dernier refuge de l’esprit
Me laissant seul, à ma folie
Livrés aux peines de mon passé.

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avril 25

Couard

J’ai usé mon regard sur des documents creux
Fatigué mon esprit sur des pensées vides
Perdu mon énergie, rendu ma peau livide
Lancé contre des murs s’élevant jusqu’aux cieux

Je me suis acharné contre leur robustesse
Frappant contre leur pierre ma chair jusqu’au sang
Epuisé mon esprit à me rendre dément
Sans jamais diminuer d’un brin leur rudesse

J’ai longtemps combattu mille moulins à vent
Ecrasant ma carcasse contre leurs grandes ailes
Cabossant mon armure, les chargeant de plus belle
Ils ont brisé mes armes d’un air indifférent

Tous ces échecs rongent mon opiniâtreté
Mon courage s’envole à mesure que vient l’âge
Avec lui mon essence s’étiole davantage
Et me fuit toute envie de vouloir avancer

Lentement, peu à peu, je cède à l’abandon
Mes espoirs se fanent, ne laissent que néant
Sans but, sans objectif, j’erre sur cet océan
Jusqu’à ce que m’engloutisse l’ivresse des grands fonds

Chaque instant mes ténèbres absorbent ma lumière
Alors ma vie s’enfonce dans cette obscurité
Ne voyant plus que l’ombre dans toutes mes idées
Je souhaite, non sans peur, que la mort me libère

Meurtri par mes erreurs, j’ai cessé le combat
Ainsi scellant mon sort, j’ai bien vite succombé
Mon âme s’est éteinte, mon esprit s’est noyé
Alors que la défaite s’emparait de moi.

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avril 21

Aux amours mortes

Dans l’onde immaculée dort la douce Ophélia
Perdue par sa folie d’avoir trop aimé
Un prince inconséquent au verbe acéré
Aussi dur que la lame qu’en elle il ficha

Ce monarque dément avait cru voir en elle
Un fantôme dangereux, ombre de son passé
Il fit tout ce qu’il put pour s’en débarrasser
Il paya ce forfait de regrets éternels

Nulle tombe pour la belle, rien qu’un cercueil mouvant
Une stèle sous marine glissant au fil de l’eau
Nuls hommages, nulles couronnes pour fleurir son tombeau
Cet amour tragique méritait bien un chant

Moi, le sombre rimeur, poète des cimetières
Errant parmi les dalles, silencieux mausolées
J’écris ces quelques vers aux amours oubliés
Aux romances tragiques, aux funestes chimères

Et je songe à tous ceux qui parcourent ce monde
A vitesse de comète, sans jamais percevoir
Que leurs vœux les plus chers, leurs ultimes espoirs
Se dressent devant eux, que le bonheur abonde

A qui sait le saisir lorsqu’il vient à passer
L’instant peut révéler toutes ses beautés cachées.

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avril 17

Coeur agité

Mon cœur se tourne et se retourne dans sa cage
Agité par des pensées, des réflexions
Il remue, se contracte, plein d’interrogations
Me laisse sans repos par son remue ménage

Etrange entité, organe indépendant
Il se laisse emporter par sa moindre émotion
Je lutte chaque instant pour qu’il entende raison
Et cesse de vibrer à chaque battement

Il fait ce qui lui plait, vivant dans l’insouciance
Menace en permanence mon précaire équilibre
Se voit comme un rebelle, la dernière âme libre
Il quitterait ce corps pour tenter sa chance

Si j’étais un pantin il m’aurait immolé
Et lorsqu’auraient fondu les chairs qui l’emprisonnent
Indemne et sans regret, ce cœur qui déraisonne
Hors de ma dépouille se serait envolé

Pour palier à ses maux, je n’ai que peu de choix
Ma bien faible raison ne tiendrait pas longtemps
Sur le papier s’écoule le flot de ses tourments
Je l’enchaine à mes mots pour museler sa voix

Je ne suis que sa main, son fragile instrument
Dans ses plis il détient ma force et mon essence
Un caprice de lui me serait une souffrance
Si l’envie lui prenait d’altérer son battement

La mystérieuse symbiose qui relie ses envies
A tous mes vieux démons, les ombres qui me hantent
Et rythme cette lutte en une étrange entente
Est le dilemme secret qui empoisonne ma vie.

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avril 7

Le doute

Certaines nuits revient le mal qui dort en moi
Cette bête qui me ronge, m’agite et me malmène
Au rythme de mes maux il hurle et se déchaine
Transforme en cauchemars le moindre de mes choix

Lorsque ce mal sommeil la vie sait se faire douce
Rien pour empoisonner le fil de mes pensées
Mais lorsqu’il s’éveille et se met à gronder
Mon esprit se fissure, brisé par ses secousses

De la sérénité il vient sonner le glas
S’amusant à gâcher tout projet, toute envie
Plantant fort ses mâchoires où ma raison faiblit
Il sème le chaos et dissipe la joie

Peu à peu en mon être son influence s’étend
Plantant dans mon échine les graines du malheur
Il me change lentement, me submergeant d’horreurs
Instille en chaque cellule un peu de mon tourment

Il y a bien longtemps sur moi il a placé
Sa marque indélébile, ses idées parasites
Il revient à l’assaut lorsque mon cœur hésite
Toujours plus profond il revient m’enfoncer

Lors de rares triomphes, toujours je crois renaitre
Mais bien vite je sens ses germes croitre en moi
Et ses sombres humeurs m’emplir de désarroi
Pour voir sombrer mon âme, goulument s’en repaitre

Il est ma punition, l’antithèse de mon don
Sans cesse m’imposant son ire, sa volonté
Tôt ou tard il m’aura totalement consumé
Enserrant mon futur de sa malédiction.

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mars 28

Rouge

Sur un soyeux tapis à la couleur carmin
Se dresse un mannequin fièrement apprêté
Sa gabardine rose négligemment posée
Sur des épaules rondes au délicat dessin

Un chemisier brun roux enveloppe sa poitrine
Parcouru de dentelles d’un joli blanc ivoire
Un ruban rouge vif ou elle porte en sautoir
Un camé couleur crème enlace sa gorge fine

D’un regard on saisit son sourire nacré
Et ses grands yeux noisette qui lentement se voilent
Une goutte écarlate glisse sur son front pâle
Et termine sa course sur l’arrête de son nez

Sur ses mains des gants bruns aux coutures argentées
Dessinent des arabesques sur ses muscles gracieux
Elle a glissé ses jambes dans des bas délicieux
Galbant sa silhouette de teintes harmonisées

Ses pieds sont enveloppés de ballerines chair
Venant atténuer son allure élancée
On voit dans sa tenue toute sa volonté
Et dans l’arrangement de sa chevelure claire

Debout dans cette pièce elle demeure figée
Comme si le temps l’avait privée de réaction
Sur un mur un message en lettres de néon
« Voici que se révèle la beauté dénudée. »

Son œuvre terminée, l’artiste s’est enfui
Laissant aux yeux de tous sa nouvelle création
Impatient de connaitre du public l’émotion
Il a laissé sur place tous ses pinceaux rougis.

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mars 28

Origine

A l’ombre des lunes noires et des étoiles gelées
Dans les brumes pourpres aux fragrances hypnotiques
Sous les roches millénaires aux allures méphitiques
Je dors dans la poussière et les cendres glacées

Au contre-firmament, là où meurt la lumière
Dans la clarté blafarde des géantes gazeuses
Mes rêves se dessinent, images fuligineuses
Lentement se délitent dans la lourde atmosphère

Les charognards s’agitent, leur cohorte se rassemble
Pour bruler mon essence, n’en laisser aucune part
Et laisser ma dépouille dans ce lieu de cauchemar
A la merci des ombres, nous pourrirons ensemble

L’amour et la pitié ignorent cet endroit
Cette anti-fln du monde où vit l’Aberration
Père de tous les monstres et abominations
Qui peuple l’univers de frayeur et de froid

Cet ici que cadavre, je naquis à la mort
Bercé par l’illusion et le temps inversé
A de sombres magies je me vis initié
De sombres rituels présidant à mon sort

Sous les noirs soleils vint mon élévation
Vers d’autres dimensions je me suis projeté
Au profond de mon cœur ma noirceur fut gravée
Afin que je répande sa sinistre oraison

Messager des ténèbres, porteur d’antiques terreurs
Glissant sous l’apparence d’un ange égaré
J’ai pour unique but d’amener l’obscurité
Et de noyer les mondes sous un millier de pleurs.

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