avril 29

Typhon

Fragments vibrants, s’entrechoquant,
Perdant leur fragile cohérence.
Ici, ailleurs dans l’espace-temps,
Bouleversements de l’existence.

Ère incertaine, en mouvements
Sortant d’une longue léthargie
En un périlleux foisonnement
De mille émotions, l’homme frémit.

Lumière et ombre, tout se succède,
De haut en bas courbant l’esprit.
Le pseudo calme qui précède
Annonce une tempête infinie.

Danse sur le fil de ta vie!
Essai de ne pas craindre l’onde,
Celle qui résonne et t’étourdit
Quand nuit et jour se confondent.

Tel un instrument déréglé,
Tu captes trop de sensations.
Au point de t’en faire saturer
Et de t’y perdre pour de bon.

Accroches-toi à tes piliers
Qui te soutiennent et te structurent.
Laisse la déferlante passer.
Ne restera que ce qui dure.

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avril 8

Odyssius

Vie après vie s’envolent comme feuilles dans le vent
Les espoirs déçus de mes amours naissants.
Un geste, un doux regard suffisent à me charmer
Un mot, une attention, me voici envoûté.

Par crainte de froisser, de mésinterpréter,
Je tais cette émotion, la laisse se consumer.
J’ai vécu si souvent cette folle illusion
qu’aujourd’hui je ne sais quand y donner raison.

Ne suis-je donc qu’une farce, un patin agité?
Sais-je donc vraiment ce que veut dire aimer?
Pourtant j’aime sincèrement, mon coeur ne sait mentir.
Suis-je donc condamné à ne faire que souffrir?

Dans mon esprit perdu tournent tant de questions.
Même mon propre corps me tourne en dérision.
Je tangue d’une âme à l’autre sans jamais découvrir
Celle qui me complète et parle d’avenir.

Je suis un égaré, perdu en pleine tempête
cherchant le beau rivage où nulle menace ne guette,
le havre, l’anse paisible où je puisse m’épanouir,
goutter un peu au calme et venir y mourir.

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mars 6

Divine grâce

J’errais parmi les brumes grises
sur les chemins de Solitude
le cœur de plomb, vieille habitude,
se chargeant de rêves qui se brisent

Quand les volutes arachnéennes
s’ouvrirent à une apparition
dissipant l’abattement profond
et les pensés lourdes de peines

Un rais de lumière féerique
accrocha mon sombre regard.
Devant moi, perçant le brouillard
vint une vision magnifique.

Drapée dans une robe d’azur
s’avançait une elfe aux yeux d’or,
l’instant d’avant chantant encor
les lèvres closes sur un murmure.

De longues boucles couleur de jais
encadrant sa peau opaline,
un port de princesse levantine,
une bouche d’un carmin parfait.

Mon être demeura saisi
par sa beauté évanescente
et les brumes tourbillonnantes
en un souffle l’eurent engloutie.

Aurais-je dû lui dire un mot?
Toucher sa main délicatement?
Lui confier mon sentiment
en pépiant tel un oiseau?

Mon âme pleure l’instant perdu
et ce bonheur évanoui;
mais le triste aède que je suis
eut-il pu plaire à cette élue?

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novembre 19

Désolation

Sous la voûte d’un ciel chargé de plomb fondu
planent les oiseaux sombres portant leur déchéance,
survolant une plaine de cendres et de souffrance
où trône une tour en ruine aux murailles fendues.

Dans la tour, pas un bruit, seul règne le silence.
De vieux feuillets moisissent près d’une plume brisée,
dessins, esquisses pourrissent sur un sol détrempé.
Le lieux est dévasté, en pleine déliquescence.

Au sous-sol erre une ombre, souvenir de l’occupant,
piétinant les débris d’un cristal en miettes
où il croit voir danser les images muettes,
le rêve illusoire de ce qu’il fut avant.

Lentement, le fantôme tourne dans son caveau lugubre
se jetant sur la moindre parcelle de lumière,
la consumant bien vite d’un souffle délétère,
retournant aux ténèbres de sa tombe insalubre.

A quelques pas de là gît une enveloppe vide,
berceau d’un être éteint, dévoré par la mort.
Il a enlevé aux Moires la trame de son sort
pour la jeter lui-même dans une abîme avide.

L’être, l’enveloppe et l’ombre étaient un, autrefois,
avant que la Tristesse n’ait en eux tout brûlé,
avant que la folie ne vienne les scinder,
puis les anéantir, d’un cri empli d’effroi.

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mai 29

Ephémère

Oh si lointaines terres recouvertes de brumes,
Lorsque s’élève l’astre marquant le point du jour.
Oh champs immaculés parés de mils atours,
Par ces résilles d’argent plus légers que des plumes.

Mes étranges contrées peuplées d’êtres de songes,
Baignant dans la douceur d’éclats crépusculaires.
Ouvrez-moi le passage, fier peuple des chimères,
Laissez-moi oublier le mal qui me ronge.

Dans le pays du rêve, je souhaite retourner.
Loin des rumeurs d’un monde qui râle d’agonie.
Quand donc sonnera l’heure où les esprits honnis
Verront leur rédemption et leurs fautes lavées?

Derrière le voile léger tissé de rais stellaires,
Je distingue un visage attendant ma venue.
Une dame faite d’ombre dont le regard ému
Renferme la beauté de secrets univers.

Empêtré dans les mailles de ma prison de chair,
J’ai vu sa main se tendre jusqu’à presque me frôler.
Mais je n’ai pu l’atteindre, elle s’est évaporée,
Ne laissant derrière elle qu’un souvenir amer.

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mai 7

Siedh

Mon âme reviendrait bien vers ce chemin d’émeraude,
Ces hautes frondaisons et ce tranquille silence.
Ce lieu où rien ne compte, ni erreurs, ni absence
Juste l’instant présent où la douceur rôde.

L’on est bien, hors du temps, dans cette secrète bulle
Loin des douleurs du monde et de sa fausseté.
L’espace d’un battement de cils, dans cette enclave sacrée,
On se prend à rêver une vie qui nous émule.

La course n’a plus cours au coeur de ce miracle.
C’est le rythme de l’arbre, le bruissement du vent
Qui marque le passage, les saisons défilants,
Loin des rumeurs du monde et de tous ses obstacles.

Dans cet amphithéâtre au milieu des fougères,
Entouré des esprits venus des temps passés,
Chaque fibre de mon être se sentait apaisée.
J’y retournerai donc avant mon heure dernière.

Je retrouverai cette voie nichée entre les pierres
Où mon coeur hurlant soudainement s’est tut,
Dansant entre les feuilles, c’est la paix que j’ai vu,
Invitant à goutter un repos éphémère.

C’est le chant de la terre qui, là-bas, me mènera,
Suivant les astres errants et les cieux enchantés.
Alors se regrouperont les amis tant cherchés…
Si je reprends la marche, alors, qui me suivra ?

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mai 5

Ordo ad chaos

Il est de ces regards dont on tombe amoureux en l’espace d’un instant.
Il est de ces sourires qui font fondre le cœur et manquer un battement.
Quel délice alors lorsque ces miracles vous viennent de l’être aimé!
Plus rien d’autre ne compte en ces si doux instants que de s’émerveiller.

Il est de ces ténèbres qui vous enveloppe le cœur et vous enserrent l’âme,
Plantant leurs larges griffes et vous empoisonnant plus que n’importe quelle lame.
Brumes malévolent rongeant plus qu’un acide la moindre des pensées,
Entraînant vers l’abîme un esprit faiblissant pour mieux l’y consumer.

Chaque jour, Cœur errant espère l’un, trouve l’autre,
S’enlise dans la fange de ses égarements,
Cherchant un équilibre entre ces sentiments,
Pris dans des ouragans que ne perçoivent les autres.

Raison n’y comprend goutte et ne sait que penser.
Ne voyant en ce trouble qu’esprit désordonné,
Elle veut régenter l’âme pour apaiser ce fou,
Contenir ce chaos dont tout l’être se fout.

Combien proche est la chute, la totale implosion
Avant que Fol esprit refrène ses émotions,
Qu’il ramène sur leurs rails ses ersatz dérangés
Jusqu’au nouveau séisme venant tout bouleverser.

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mai 4

Cycle

De si jolis regards, de subtiles mouvements
Plongent un coeur meurtri dans un délicieux trouble,
Réveillent les fantômes d’une existence double
D’un être dont l’essence s’éteignait lentement.

Quelle secrète cruauté peut bien pousser la vie
A se moquer ainsi d’un esprit languissant:
Lui donner à croiser le tableau saisissant
D’une tranquille beauté tendrement assoupie.

Quel jeu sadique et froid que d’obliger un mort
A contempler une belle sortant droit de ses songes
Pour voir renaître un mal qui sourdement le ronge:
Aimer trop et sans l’être, tel est son triste sort.

Pourquoi cette torture ? L’âme est déjà brisée!
Le siège de son amour gît au sol, en morceaux.
Encore il va errer vers cette spirale de maux
Qui le laisseront hagard, faible, prêt à pleurer.

Lui voulait seulement trouver enfin repos,
Oublier cette passion pour mieux s’annihilier.
Son armure protectrice vient de se fissurer
Il court après des ombres, se perdant à nouveau.

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février 10

Titania

Dans le coeur secret d’une forêt sans nom
où mes pas hésitants m’ont un jour porté
j’ai aperçu soudain une grâce incarnée
qu’une douce lumière d’or drapait d’éclats de son.

Les images fugaces d’une tranquille rêverie
dansaient dans le reflet de son regard serein
bruns joyaux apportés d’un horizon lointain
ornés de bris d’étoiles dérobés à la nuit

Une automnale couronne rousse de son plaisir
venait auréoler son diaphane visage
et comme déposée sur ce calme rivage
sa bouche de nacre rose esquissait un sourire.

En ce jardin perdu, elle demeurait, songeuse
me laissant à loisir longtemps la contempler.
Merveilleuse créature, étrange divinité
éloignant pour un temps mes pensés nébuleuses.

Lorsque l’ombre tomba, elle repartit sans bruit
pour une belle contré d’elle seule connue.
Je vis s’évanouir l’innocente ingénue
emportant avec elle son étrange magie.

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février 9

Atone

Dans la lumière grisâtre d’un monde sans soleil
le miroir me renvoi l’image d’un astre éteint.
Les eaux brunes où surnagent quelques charbons défunts
vestiges d’un âtre mort sans souffle qui l’éveille.

Sur le reflet serpentent d’invisibles fêlures
dont les ombres dessinent des myriades d’étoiles
éclats d’argent furtifs sur le derme au teint pâle
dévoilant l’être en ruines que dissimule l’armure.

Sous la carcasse de marbre tout est peine et chaos:
les nerfs se distordent, se contractent et se tendent,
les organes convulsent en une folle sarabande
sans plus suivre du cœur le rythme ou les échos.

Autour du muscle usé, maladif, défraîchi,
des lambeaux de dentelle noirâtres et huileux
suintent le suc amer, le venin insidieux
qui alourdit la chair, lentement la pétrifient.

Dans sa sphère de ténèbres et de lamentations
se délite l’esprit au cœur de ses cauchemars.
Noyé par la tristesse d’une lutte sans espoirs
il dépose les armes et cède à l’abandon.

Cette tour n’est plus qu’une mécanique vide,
horloge dont les rouages persistent à tourner.
Les feux qui l’animaient ont cessé de brûler.
Ne restent que des cendres derrière ses murs livides.

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