août 15

Rêveur

Quand le jour s’efface, que l’ombre s’épanouit
Que mon corps si las s’abandonne à la nuit
Les songes, les rêveries m’emportent pour un temps
Vers un pays paisible, Onirie, belle d’antan

C’est une terre contrastée où se mêlent les âges
Successions de tableaux, de milles paysages
Tracés par le pinceau d’artistes ignorés
Aquarelles uniques, natures enjolivées

C’est un monde aux milles langues où tous se comprennent
Chimères, êtres mythiques, créatures humaines
Tous vivent au rythme de saisons merveilleuses
Lisant le temps qui passe dans les étoiles laiteuses

Cette sphère magique, création de l’esprit
A pourtant sa face sombre, il faut payer son prix
Le bonheur qu’elle procure lorsque l’on s’y installe
Dissimule le réel, le recouvre d’un voile

Et vous laisse ébahi, hagard, diminué
Lorsque l’on réintègre notre réalité
L’âme en reste marquée, les sens exacerbés
Et chaque perception viendra les agresser

Parcourir les chemins de la belle Onirie
C’est acquérir une grande sensiblerie
Et porter en son cœur de bien lourdes souffrances
Les fruits empoisonnés d’une trop vive existence.

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juillet 8

Lilith

Par une chaude nuit d’été
Sous un ciel constellé d’étoiles
Brusquement s’est fendu le voile
De notre terne réalité

Dans la pénombre environnante
Plongé dans un demi-sommeil
Mon âme fut mise en éveille
Par une vision ondoyante

Au cœur de cette obscurité
Ondulait dans l’étrange brume
Constellée de rayons de lune
Une déesse des temps passés

Une longiligne silhouette
A l’épiderme couleur d’albâtre
Sans défiance semblait s’ébattre
Esquissant une valse parfaite

Des boucles rousses soulignaient
Sa pâle peau, fragile poupée
Etourdissante de légèreté
Dans les ténèbres qui l’enveloppaient

Deux yeux d’émeraude iridescent
Dans ce visage de vestale
Ses lèvres, purpurins pétales
Eclairent son port évanescent

Subjugué par l’apparition
Je reste coi, paralysé
Comme par un fauve hypnotisé
Emporté par mes émotions

Sa nature ne fait aucun doute
C’est un ange descendu sur terre
Sa peau est froide comme la pierre
Quand ses doigts m’effleurent et me gouttent

C’est à peine si je sens son souffle
Lorsqu’elle colle ses lèvres à mon cou
Me couvrant de baiser si doux
Cette prédatrice qui se camoufle

Par une moite nuit d’été
Dans une étreinte, mille fois damnée
Lentement tu m’as dévoré
Maudit pour l’éternité.

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juillet 6

Tripalium

Les jours étirent leur long ruban
Le temps s’allonge, ne court plus
Mon encre est sèche, ma plume nue
Mon monde s’étiole lentement

Le labeur qui me tient en vie
Me pilonne, m’écrase et m’abat
Les tâches absurdes et sans joie
Aspirent toute mon énergie

Mon imaginaire se délite
Au rythme de chaque battement
D’un cœur vidé, agonisant
Victime des douleurs qui l’agitent

Mon esprit fuit, bat la campagne
Incapable d’encore lutter
Face aux attaques empoisonnées
De cette torpeur qui le gagne

Je suis rongé par l’amertume
De ne pouvoir hurler mes maux
De livrer mes œuvres au chaos
L’âme alourdie par cette enclume

Mon moral s’affaisse lourdement
Dans l’hébétude je m’enlise
Contaminé par la bêtise
Qui rend ce monde aliénant

Je souffre de vivre en silence
Une existence trop éloignée
D’une vie idéalisée
Par les lectures de l’enfance

J’aimerais pouvoir tout quitter
Faire de mon art ma subsistance
Envoyer toute cette engeance
Au diable et vivre en liberté.

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mai 2

Fardeau

Une page blanche sur l’écritoire
Une plume sèche, une encre pâle
Des heures passées sous les étoiles
Un écrivain au désespoir

Tant de nuits à traquer le songe
Bien des lunes se sont succédé
Devant cette œuvre inachevée
Pour repousser ce qui me ronge

Entre lumière, ombre et cauchemars
Vers les profondeurs j’ai erré
Tristes abymes enténébrés
Visions douteuses et idées noires

Parfois un rêve s’épanouissait
Devant mes yeux émerveillés
Illusions venant m’enlacer
Vaines splendeurs que j’admirais

Mais à peine l’image effleurée
Ce reflet s’évanouissait
Me laissant seul, plein de regrets
Pour cette esquisse si tôt passée

Alors de nouveau je glissais
Vers un désert de solitude
Retrouvant de vieilles habitudes
La mélancolie m’emportait

Sous le poids de cette compagne
La vie me devient si pesante
Toujours mes vieux fantômes me hantent
Et mon esprit bat la campagne

Lorsque l’inspiration me fuit
Mes vieux démons enserrent mon âme
Consument mon cœur de leurs flammes
Laissant mon œuvre inaccomplie.

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avril 25

Songe printanier

Perle zébrée de brun, longue chevelure d’ivoire
Menton rond, visage fin, yeux aux reflets d’azur
Doucement alanguie sur cette ile de verdure
Tu repose, royale, vision de nulle part

Ta fine robe de lin ondule sous la caresse
D’une légère brise effleurant les ramures
Dans ce bosquet fleuri, cet écrin de nature
L’astre du jour pâlit devant une telle déesse

Sur ta peau opaline glissent de fines arabesques
Tracés par aucune main, d’un pinceau délicat
Ces lignes parent ton corps d’un savant entrelacs
De fibres naturelles et de fantasques fresques

Quelques gouttes de rosée brillent dans la lumière
Couvrant ton derme pâle d’éclats multicolores
Livrant à nos regards le secret de ton corps
Sans honte et sans regrets, magnifique chimère

Tu t’exposes sans regrets à nos yeux de profanes
Beauté faite de marbre, divinité païenne
Et le lierre t’enveloppe de sa robe sylvaine
Toi, dormeuse éternelle, ensorcelante Diane.

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avril 1

Insomnie

Trop de pensées s’entrechoquant dans mon cerveau
Trop d’excitants, si peu de temps pour m’ordonner
Mes nuits s’étirent et se délitent sur le papier
Tentant en vain de me livrer un sang nouveau

Les pages s’empilent avec une rigueur chaotique
Blanches ou noircies de vagues essai, inabouties
Mon écritoire s’ombre de rêves inassouvis
Songes fugaces, chimères esquissées, fantasmatiques

Et le temps file, sans s’arrêter, le sommeil fuit
L’horloge tourne, laissant mes œuvres inachevées
Au creux des veines, mon étrange encre s’est raréfiée
Le souffle de mon inspiration s’est tari

Mes mots sont fades, mes rimes creuses et asphyxiées
Des idées vides se télescopent, vils stratagèmes
Poète maudit, ta plume s’étiole, tes vers sont blêmes!
Ton âme vacille sous le poids de futilités!

Implore tes maitres, Muses, Génies, Sages et mentors
Reviens aux sources, aux origines de ta folie
Retrouve la flamme, ton feu sacré, ton énergie
Où avant peu les Dieux diront: «Cet Art est mort! »

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mars 23

Resucée

Sur les chemins de ma mémoire
Danse des milliers de souvenirs
Rêves heureux, tendres soupirs
Douloureux songes, pales cauchemars

Certaines ombres du passé
Ressurgissent un jour, tout soudains
Comme quelque sinistre importun
N’ayant de cesse de nous hanter

Oh tristes fantômes au cœur froid
Issus des miasmes méphitiques
De mes humeurs mélancoliques
Vos visions me glacent d’effroi

J’ai trop bu les amères larmes
De mes espoirs mainte fois brisés
Et gouté le sombre baisé
D’un ange odieux dévoreur d’âmes

Il s’en fallut parfois d’un rien
Pour que je ne finisse happé
Par les bras obscurs et glacés
De l’abyme dont on ne revient

Toutes ces blessures, ces illusions
M’ont structuré et façonné
Et s’imbriquant dans ma psyché
Conditionnent mes réactions

Parfois, doucement mon esprit glisse
Vers cette part d’ombre qui vit en moi
Ne me laissant pour seul choix
Que de perdre dans ces abysses.

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février 10

Le prisme

Comme un rais de lumière dans un prisme taillé
De multiples facettes font ma réalité
Mille masques se mêlent pour former mon image
Tantôt sombre ou clairs, tranquilles ou bien sauvages

D’abord le passe-partout, roi de l’insignifiant
N’exprimant que le vide, l’absence de sentiments
Dissimulant la peur et la timidité
Les tourments d’un rêveur perdu en société

Puis vient le travailleur, exigeant, méthodique
Forcé de se plier aux règles et techniques
Assurant la survie de sa mortelle enveloppe
Hébergeant l’inconstance des songes qui s’y développent

Suivent l’ami et l’amant au cœur toujours fidèle
Qui bercent ou réconfortent, répondent à chaque appel
Leurs tendres paroles voilent une grande crainte
La peur de l’abandon, d’une solitude feinte

Derrière eux vivent aussi le poète séducteur
L’écrivain à court d’encre, romantiques et charmeurs
Aimant plaire, séduire, d’un vers, d’un trait d’esprit
Criant à mots couverts les douleurs de leur vie

Viennent encore l’ermite, le lâche, le paresseux
L’accro informatique, le clown, l’impétueux
Le cynique, l’ordinaire, le dépressif chronique
L’orgueil mégalomane, l’étranger chimérique

Tous s’animent et se jaugent, se disputent mon égo
Prenant place tour à tour au creux de mon cerveau
Leurs valses incessantes, sarabandes infernales
Me poussent vers l’extrême et sa limite fatale

Un jour proche ou lointain leur manège m’entrainera
Et brisant les barrières leur flot m’emportera
Noyant mon existence dans l’abîme douloureuse
Et les tristes contrés de la folie furieuse.

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février 8

Les yeux noirs

Dans un écrin ciselé d’opale
Brûlent deux perles couleur d’ébène
D’étranges reflets masquent leur peine
Estompant la douleur d’un voile

Derrière ces gemmes d’obscurité
Se cache une âme aux mille blessures
De beaux atours parent son armure
Leurrant un œil non initié

Aucun bijou, nulle dorure
Ne peut soutenir leur éclat
Tout devient pâle, factice et plat
Face à ces deux joyaux obscurs

Ils ne portent pas d’artifices
La Nature seule les a taillés
Son frère le Temps les a nimbés
D’une étrange lumière salvatrice

La vie s’anime sous ce regard
Grands océans, ciels étoilés
Des mondes meurent, d’autre se créent
Dans la pureté de ces yeux noirs.

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octobre 8

A nos morts

A toi fier marin happé par les eaux sombres
Emporté par les flots vers de lointains abymes
Où dansent les naufragés sur les échos sublimes
De mélodies liquides où leurs cris sont en nombres

A toi pauvre soldat qu’un obus a brûlé
Lancé dans le combat sans t’en voir revenir
Pour d’absurdes idéaux tu t’es laissé occire
Sur un champ de bataille tu péris, oublié

A toi le voyageur, errant sur les chemins
Que la brume a un jour occulté de ce monde
Pour mieux t’enchevêtrer dans ses voiles vagabondes
Te perdre dans ses volutes et t’entraîner au loin

A toi le bel aïeul à la grande sagesse
Ton corps fut écrasé, voûté par le labeur
Et le temps t’a usé, brisé par le malheur
Chargeant tes derniers jours de peines et de tristesse

A toi le romantique au coeur percé d’épines
Rongé par tes remords, tes souffrances cachées
L’insidieuse douleur t’a longtemps consumé
Avant de t’emporter d’une pique assassine

A vous tous, disparus, nos chers trépassés
Nos glorieux ancêtres, amis tendres et sincères
En nos coeur, nos pensées, telles d’étranges chimères
Vivent vos souvenirs pour l’éternité

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