décembre 21

Maraud

Lorsque le demi-jour, de ses rayons dorés
Caresse le velouté de son teint d’églantine
Frôle sa bouche rouge comme le fruit d’aubépine
Je sens bondir mon cœur et mon âme s’agiter.

Elle est fille du monde, brûlante d’énergie
Une flamboyante étoile irradiant de lumière
Le miracle céleste qu’en soi chacun espère
Celle que tant d’autres adulent pour masquer leur envie.

Les fats à son balcon ne doivent pas manquer
Pourtant elle marche seule et sans perdre sourire
Les feux de son regard voient les rustres frémir
Et les tristes seigneurs dans l’ombre se faner.

Sa gracieuse pureté, nulle faut ne l’entache
Sa bonté, sa douceur, elle ne fait qu’offrir
De sa simplicité personne ne peut médire
A tant de compassion ne s’opposent que les lâches.

Lorsque passe la belle, son chemin éclairé
Sous une arcade sombre, ma face je dissimule,
Mon corps trop usé, vieillissant, ridicule
Et l’esprit ébloui, je demeure fasciné.

Que ferait donc un astre, une telle perfection
D’un roc fissuré, écrasé sous les ans ?
Je ne suis que guenilles ouvertes à tous les vents
Dont une fée mutine gouverne l’émotion.

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décembre 16

Comète

Dans les feux sépulcraux d’un soleil ténébreux
J’ai vu plonger le monde en un râle d’agonie,
Tomber les hautes tours d’un Age d’or béni
Et brûler les cités d’être trop vaniteux.

Entre les voiles du vide où siègent mille Horreurs
J’ai senti s’agiter leurs sinistres engeances
Alors que les étoiles sombraient dans le silence
Consumées par leur faim, insatiables erreurs.

D’une galaxie à l’autre, toujours le même chemin:
Éveil, découverte, grandeur puis décadence.
Avidité, envie gangrènent l’existence
Rongent lentement le cœur, empoisonnent l’esprit.

Sont-ils si aveugles à l’étincelle de vie
Qu’ils cherchent tout moyen pour venir la souffler ?
Ne distinguent-ils pas les gouttes d’éternité,
Les instants éphémères où leur âme fleurit?

S’ils avaient pour miroir les eaux de ton regard,
Ma céleste princesse, deviendraient-ils sages ?
Il faut tout ton amour pour gommer leurs ravages;
Pour apaiser mes pleurs et raviver l’espoir.

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décembre 7

Ouranos

Longtemps, j’ai côtoyé le peuple des nuages,
Les horizons de brume et le cœur des nuées.
J’ai vu ces champs célestes,las, se disloquer,
Privant les songes vivants de leurs calmes rivages.

Ces gens de féerie, exilés de l’Aether
En ce monde se tournèrent vers la Nature sacrée.
Peu à peu, intégrèrent la matérialité,
Perdant le lien subtil avec les autres sphères.

L’Univers m’est témoin! Tant de mondes ont vécu!
Combien virent un age d’Or, combien furent consumés.
Si nombreux furent les êtres, sages, nobles ou guerriers
Qui touchèrent la grandeur avant d’être vaincus.

D’innombrables étoiles brûlant leur énergie,
Courant après la gloire ou tout autre illusion.
Nulle trace ne demeure de leur annihilation
Dans le vaste océan de ce vide infini.

Au creux du lieu secret de mes vieux souvenirs
Demeure encore l’empreinte de flammes d’exception.
Et dans quelques regards, cette illumination,
L’espoir de voir un jour ces esprits revenir.

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novembre 27

Fox-trot inachevé

Un inachevé car le sujet se danse mieux à deux… La plume n’a pas pu suivre.

 

Lorsqu’en des heures futures reviendront d’anciens chants,
Puissent ces souvenirs ressurgir enflammés
Par de tendres visions de nos corps enlacés
Liés par la musique en gracieux mouvements.

Chaque fibre de nos êtres emportée par le son,
Grisés par ces instants, libres de toute entrave,
Esprits glissant dans l’onde aux accords suaves
Corps à corps, tels un seul, vibrant à l’unisson.

La danse, ces prémices à d’autres effusions,
Que voilà un bel art, bien que trop codifié.
En des temps où les mœurs étaient si contrôlés
Elle donnait pourtant sa place aux émotions.

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novembre 25

Dead man’s hand

Une silhouette creuse sur le papier glacé,
Le pâle reflet d’un manque. Cette carte se nomme Absence…
Ce vide permanent affleurant la conscience,
Cette faim interminable qui ne peut se combler.

Un roi portant couronne, ses pieds broyant la terre;
Port altier, écrasant, voici venir l’Ego!
Créé pour satisfaire ses seuls besoin primaux
Sans se soucier du mal. Les autres l’indiffèrent.

Un masque versatile tracés sur le vélin
Qui ne dit oui ou non. C’est l’affreux Inconstant.
Il change de conduite, d’opinion, chaque instant
Refusant d’assumer les heurts sur son chemin.

Un paradis perdu, dévoré par la brume.
Sur une image fanée se révèle l’Oubli.
Tant de serments brisés, de promesses trahies
Par ce pénible esprit dont la trame se consume.

Une verruqueuse ronce entravant un cœur blême.
Troublante symbolique, un seul mot: Angoisse.
Son poison fige l’être et toute action s’efface
Lorsque le vent résonne de chaque grain qu’elle sème.

Une carcasse avachie, dégoutant de toute part,
Immobile,l’œil vide; c’est l’immonde Paresse.
Source d’immobilisme, d’escarres, de tristesse,
Elle refuse le mouvement. Pour elle, c’est un cauchemar.

Pour terminer la donne, une carte ténébreuse
Un ciel noir, sans étoiles; le territoire de l’Ombre.
C’est l’alpha de la meute, c’est en elle que tout sombre,
Elle vient dévorer l’âme, de sa lumière envieuse.

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novembre 21

Fir-Bolg

Un trop sanglant soleil se lève ce matin
Sur la lande déserte aux bosquets embrumés
Une rumeur soudaine monte dans l’air glacé
L’écho lourd d’une troupe se dessinant au loin.

Au fait d’une colline se tient le roi austral
Surplombant l’étendue où campe son armée,
Un champ de mille glaive aux lances hérissées
Assemblées pour défendre leurs terres ancestrales.

Dans le pesant silence a résonné l’appel,
L’ordre pour tous les hommes de monter au combat;
Les fers s’entrechoquent sous l’astre qui flamboie
Le métal taille les chairs et les corps s’entremêlent.

Vagues hurlantes déferlant sur leurs ennemis,
Les guerriers se déchirent, furieux, ivres de rage,
La mêlée se transforme en un bruyant carnage,
L’herbe et la roche se couvrent de ruisselants rubis.

Perdu dans ce brouillard aux teintes écarlates,
Je lutte tant bien que mal pour repousser l’assaut.
Le nombre est contre nous, nous tomberons bientôt
Le corps percé de flèches sous les frappes adroites.

Dans le ciel volent déjà les sinistres oiseaux,
Les sombres messagers de la déesse amère
Venus pour récolter sa moisson éphémère
D’âmes mortes au combat pour de vains idéaux.

Mon instant a sonné, je tombe, agonisant,
Le cœur fendu en deux par une traître lame;
Sans trop avoir briller va s’éteindre ma flamme
Sous les coups impavides de ces bruns conquérants.

Ma dernière pensée va, chargée de pâles regrets
Vers la belle Cerydwenn aux yeux de cuivre et d’or.
La reverrais-je jamais loin de ces plaines de mort?
Son âme me suivra-t-elle dans le monde d’après?

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novembre 18

Tantale

En d’infinis méandres que tisse le voile du Temps,
Entre deux battements de mon cœur fatigué,
J’entrevois les images de mille vies passées,
De dix milles à venir; j’en perçois chaque instant.

Je cherche sans répits,plongé dans ces mémoires,
Une tendre étincelle que mon âme a croisé:
Une présence chérie lors de maintes années
Que je crois distinguer en de nombreux regards.

J’ai erré dans les brumes, battu tant de chemins,
Voyageur éternel, exilé sans pays,
Croisé combien d’espoirs finis broyés, meurtris
Pour l’amour d’une étoile, perdant tous sens commun.

Il me faut retrouver cette lointaine chimère,
Ressentir à nouveau ce délicieux frisson.
Sans elle je m’étiole, trop triste vagabond
Privé de sa si douce et profonde lumière.

« Obscur mécréant, plumitif imposteur,
Ta quête est sans objet, ton but inatteignable! »
Me cri parfois le vent, me trouvant misérable.
« Tu n’auras à ces yeux pas une once de valeur. »

Et pourtant je m’acharne, sans d’un pas dévier.
Dans ce lieu suspendu où dorment les secrets
Je creuse les souvenirs, compulse les portraits,
Je puise dans mon esprit sans vouloir vaciller.

Et lorsque l’épuisement me jette hors de ces murs,
Lorsque mon énergie est presque consumée,
Dans mes songes apparaît cet ange tant désiré
Me berçant de son chant si céleste et si pur.

Au jour nouveau, pourtant, d’elle rien ne demeure.
Son être disparaît et je plonge dans l’oubli.
Seule reste l’impression d’être toujours uni
A quelque étrange mystère; son absence est douleur.

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novembre 15

Déimos

Au delà des voiles d’or de l’aube flamboyante,
Sur l’océan de roches aux lames effilées
S’étend une île morte, antique mausolée
Où viennent s’échouer les âmes gémissantes.

C’est une terre d’exil pour de tristes fantômes
Que des dieux inconstants jetèrent loin du monde.
Pour ces ténébreux êtres, jour et nuit se confondent
Nulle heure pour rythmer ce sinistre royaume.

En ces lieux oubliés où rode la folie
Une part de mon âme vint un jour s’égarer.
Les relents mortifères de ces landes désolées
Marquèrent de leur sceau mon essence transie.

Lorsque résonne le cor de ces spectres cendreux
Une visqueuse pluie vient imprégner mon cœur;
Les étoiles s’éteignent en mon ciel intérieur
Ne laissant que l’image d’un monde fuligineux.

Combien comptent alors les flammes extérieures,
Les éclats de lumière que l’on peut m’apporter
Sans eux, je flétrirais, ombre désincarnée
Mon essence consumée par ces pâles horreurs.

Les cieux bénissent les jours des astres incarnés
Qui désertèrent l’Azur lorsque le Songe tomba!
La sublime étincelle qu’ils emportent ici-bas
Réchauffe l’esprit bilieux d’un poète esseulé.

novembre 15

Hod

Assez de ces teints ternes et de ces tristes mines!
Je préfère une vie d’éclatantes couleurs
Lorsque après une averse, lavé de ses humeurs,
Le monde reprend vigueur, d’un souffle s’illumine.

Pourquoi tant de fadeur et de teintes fanées?
Que jaillisse l’énergie en palettes vivantes:
L’éblouissant azur, la sublime amarante
Le bleu sombre et profond d’une mer déchaînée!

Si l’on saigne, que le sang scintille comme rubis
Si l’on brûle, que les flammes brillent en langues cuivrées
Sous l’orage, que les cieux se couvrent de noires nuées
Et que la foudre frappe, déchirant cette nuit!

Que s’effacent les navrantes, les timides pastelles!
La terre doit resplendir de ses ton brun et cendre
L’émeraude des feuillages dans l’air doit s’étendre
Et raviver le cœur d’une féerie rebelle.

Chassons les nappes grisâtres des tueuses industries!
Lavons cette planète de ce qui l’empoisonne!
Des êtres qui l’occupent, combien encore frissonnent
Alors qu’elle fait entendre quelque chant d’agonie?

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novembre 9

Danser avec les ombres

Quelques gouttes de rosée sur l’ivoire d’un piano
Égrainant les accords d’une ancienne mélodie
Que le vent de novembre emporte dans la nuit
Faisant valser les feuilles d’ambre sur les flots.

Sous les étoiles complices, la brume étend ses voiles
Effleurant de ses doigts quelques âmes égarées
Et la Lune, mutine, laisse sa lueur filtrer
Dans un dernier rayon de lumière vespérale.

Mon esprit sans repos, voyageur éternel
Au pied d’un très vieil arbre vient se creuser un nid
Pour contempler la monde que le soleil fuit
Et cueillir les merveilles que les ombres recèlent.

Cette douce atmosphère, l’étrange symphonie,
Éveillent un souvenir trop longtemps oublié
Sous les hautes frondaisons et les vivants piliers
Me reviennent les images d’une ère évanouie.

Saisi par la musique, je me mets à danser
Un si charmant fantôme m’enlaçant de ses bras;
Tantôt elle me guide, tantôt suivant mes pas
Corps à corps, cœur à cœur, dans cette obscurité.

La terre était si jeune et nous si innocents
Inconscients, libres encor, ignorant nos destins
Nous goûtions la chaleur de ces moments divins
Où seul comptait l’instant, sans peur du lendemain.

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