septembre 28

Ignis strygia

Une nuit de longue errance, au bord de l’épuisement
Alors que quelque étoile filait vers l’horizon,
Écroulé sous un charme, me vint une vision
Qui me laissa le cœur et l’esprit pantelants.

Sur la lande déserte dévorée par la nuit
J’aperçus tout soudain comme un miroitement.
Alors la trame du monde, prise de frémissements
Se courbant, s’agita: son voile se fendit.

De cette déchirure, une jambe émergea,
Une fine cheville effleurant les bruyères.
La seconde suivi; une silhouette altière
Nerveuse, longiligne, bravement se dessina.

Dans le jour tombant, le Temps même s’arrêta
Alors que s’ouvrait les yeux de l’arrivante.
Son regard de flamme, sa chevelure brûlante
Marquèrent ma rétine; mon âme chancela.

Ses yeux, sans même ciller, dans l’instant me saisirent
Comme l’œil du chasseur s’empare de sa proie.
Privé de volonté, mon corps se figea
Laissant toute sa puissance, son emprise m’envahir.

Les échos du ressac derrière elle résonnaient
Et les vents mugissants d’une houle tempétueuse.
Cette déesse sourit puis, d’une démarche gracieuse
Regagna la fissure, s’effaçant à jamais.

Fut-elle bien réelle, cette ardente guerrière;
L’œuvre fantasmatique de mon esprit perclus?
Avait-elle jeté sur moi son dévolu?
Dévoilera-t-elle un jour son auguste mystère?


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Ecrit 28 septembre 2019 par Damian dans la catégorie "Eclats d'âme

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