septembre 20

Théâtre d’ombres

Dans les sombres méandres de ma prison mentale
J’erre, pâle, l’âme exsangue, environné de spectres,
Figures de brouillard que mon néant fait naître
Pour combler mes absences en ce vide dédale.

Ces semblants d’existence, tissés en voiles d’ombres,
Étirent leurs blêmes trames en ce qui pourrait être,
Jouant leurs pantomimes, ne cessant de paraître,
Ébauches d’un vivant théâtre au cœur de décombres.

Ici s’étende le fil, toile d’une autre vie
Faite de tremblants échos, souvenirs illusoires,
Là, sur de beaux chemins que mes yeux n’ont su voir,
Un Autre dort dans les bras d’une nymphe épanouie.

Admirez ce conteur, ce barde aux mille chants,
Adulé, adoré pour ses mots magnifiques!
L’Artiste de son Temps aux écrits prolifiques,
Laissant aux rimailleurs une bribe de son talent.

Et ce grand philosophe aux idées novatrices!
Le superbe orateur que tant d’esprits encensent;
Le génial musicien ayant extrait l’essence
D’une ode à l’univers, aux étoiles complices.

Tout cela et tant d’autres, fugitives visions,
Emplissent ce labyrinthe pour masquer mes lacunes.
Elles défilent, innombrables, mais je n’en cherche qu’une:
Celle qui effacera ma tristesse sans nom.

Existe-t-elle seulement ? L’ai-je déjà croisée?
Mais pris dans mes tourments je l’aurais ignorée?
Ou bien serait-ce celle à qui je ne sais avouer
Mes sentiments profonds, craignant de la peiner?

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septembre 12

Monolithe

Sur un rivage vide de ce vaste océan,
Le regard dans le vague, perdu vers l’horizon,
Je sens tourner le monde, défiler les saisons,
Immobile, figé, dans un repli du Temps.

J’ai vu tant de navires faire voile vers l’aurore
Et revenir chargés d’histoires et de merveilles,
Se lier tant de cœurs, tant d’amours qui s’éveillent…
Pourtant, seul, je demeure, minéral, presque mort.

J’entends encore les rires des nymphes du Printemps
Passant par devers moi pour s’en aller danser
Aux fêtes de l’équinoxe puis au bal de l’été;
Mais jamais elles ne m’ont associé à leurs chants.

Je ne sais ni les mots qu’attendent les amantes,
Ni les douces mélodies pour leurs âmes charmer.
Je reste sans parole, de peur de les brusquer,
Leurs gestes restent mystères à mon âme défaillante.

Et lorsque les oiseaux, amoureux, lancent leurs trilles
Vers les cieux éclairés par le jour radieux,
J’étouffe les sanglots de ce corps souffreteux,
Attendant qu’à la nuit les belles étoiles brillent.

A elles, je confie mon mal, mes tourments,
Baignant ma vie blessée à leur douce lumière,
Et laisse couler les larmes, perles sombres et amères,
L’encre marquant les pages de ce triste roman.

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