avril 21

Sympathie pour la destruction

Il flotte en mon crâne une sombre symphonie
Lugubre requiem gorgé d’antipathie
Nourrie de rage, de haine, de sinistres pensées
M’emplissant d’une fureur de sanguinaire guerrier

Ses accents envoûtants m’emportent et me submergent
Offrant à ma colère d’obscurs privilèges
Mon sang bout, je fulmine, je voudrais tout briser
En ces instants je rêve d’un monde annihilé

Un voile glacé me couvre mais en moi brûle un feu
Infernal, menaçant, pouvant tout embraser
Il consume mes entrailles, tout prêt à exploser
Mon esprit devient fou, ne craint ni homme ni dieu

Mon enveloppe se fissure, battue par les tisons
Prise dans les flots brûlants de la lave en fusion
Tout mon être s’enflamme, veut se battre, en découdre
L’ombre de mon regard dissimule la foudre

La violence se fait mienne, le chaos ma passion
Je ne souhaite plus qu’une chose, une totale destruction
Mais je m’astreints au calme, je ne dois pas céder
Sans cela je ne sais si je peux m’arrêter.

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avril 21

Heures de doute

Mon cœur à demi mort, toujours insatisfait
Rêve aujourd’hui encore à un monde parfait
Une vie idéale passée à tes côtés
Pas d’existence banale, une vie magnifiée

Dans ce monde étriqué, je me sens à l’étroit
Pouvoir le supporter, c’est un peu grâce à toi
J’aimerais pouvoir m’extraire, vivre loin de tout ça
Là-bas au cœur des cieux, libre, mais avec toi

Nous pourrions naviguer dans le creux des nuées
Simplement observés par le ciel étoilé
Au seul gré des courants sur l’air nous glisserions
Plus légers que des plumes, ensemble, nous danserions

Tournants et virevoltants à la faveur des vents
Puis dans un nid douillet nous nous assoupirions
Ni le temps, ni les hommes ne pourraient nous atteindre
Gardés de tous les affres, nous pourrions nous étreindre

Lorsqu’à nouveau je doute du sens de ma vie
Je puise en ton regard une parcelle d’énergie
Pour ne pas m’effondrer, privé du moindre rêve
Implorant tous les dieux que mon supplice s’achève.

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janvier 15

Perdition

Les parchemins se décomposent sur l’écritoire abandonné
Les histoires lentement s’étiolent dans ma cervelle nécrosée
Les mondes se vident et s’évaporent devant ces pages trop longtemps blanches
Le souffle des muses s’est enfui loin de cette plume qui flanche

Le manque d’écrire persistant revient toujours me hanter
Mais les symphonies se sont tues tant ce coeur ne sait plus rêver
Une vague d’encre Léthéenne a entraîné vers le néant
Le barde, son théâtre et ses scènes perdus dans de noirs épanchements

Fini le temps des frénésies, des feuilles couvertes de mots
Le Temps s’est arrêté ici, lorsque j’ai du changer de peau
Pour survivre à cette douleur, j’ai signé un pacte maudit
Abandonnant à mon Malheur la science des mots tant chérie

J’ai trop perdu dans ce marché de sentiments, d’âme, d’émotions
Mon dilemme ne m’a fait gagner qu’une vie neutre, sans frissons
Oh Imaginaire débordant, j’aimerais pouvoir te retrouver
Vivre une existence sans talent ? Faut-il vraiment s’y résigner ?

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août 6

Désenchantement

Les portes se sont fermées, les mondes dissimulés
Derrière des miroirs au teint opacifié
Tous les chants ont cessé, les paroles se sont tues
Dans un profond silence les mots se sont perdus

Le temps gomme les images, efface les souvenirs
Un violent maelstrom en qui toute âme chavire
Affectant mon esprit, ma muse inspiratrice
L’emportant dans ses flots d’une puissance destructrice

Ballottés en tout sens mes écrits s’amenuisent
Rejetés sur des plages arides, ils s’épuisent
Et moi, sur mon rocher, mon temple solitaire
Je me meurs, coquille vide, sans l’encre salutaire

Devant toutes les histoires qu’il reste à conter
Je demeure l’esprit vide, sans rien imaginer
Malgré tous les efforts, les ébauches entassées
Les pages restent blanches, la magie oubliée

Me reste-t-il encore quelques vers, une rime ?
Tout a donc sombré dans un sinistre abyme ?
Mon corps n’est-il plus qu’une momie desséchée
Privé de toute vie, mécanique grippée ?

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mars 3

Conscient

Les vieux qu’on parque, qu’on extermine
Les jeunes qu’on bride, qu’on embobine
Les politiques qui ne pensent qu’à l’argent
Les religieux qui ne pensent qu’à l’embrigadement

Les extrémistes qui réveillent la haine
Les crimes, les guerres qui nourrissent la peine
L’horreur qui règne sans pitié,
La Terre qu’on saigne sans y penser

Douleur, malheur, tant de souffrances
Et pour un rien colère, vengeance
Tout n’est que chaos, destruction
Partout le mal coule à foison

Rivières de sang, monceaux de chairs
La folie, l’envie, pauvres chimères
Rongent les cervelles, pourrissent les coeurs
Désir éphémère tue le bonheur

Certains aspirent au Paradis
Chacun espère une vie bénie
Pour échapper à tous ces cris
Oui, mais l’Enfer, il est ici!

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mars 3

Les tourments du néant

Quel est donc ce mal qui rampe, me laisse las
Me triture, m’afflige, dévore mes sentiments
Et vient ronger mon âme, érodant son pilier
Pour la pousser enfin vers un abyme obscur

C’est une sourde douleur, une blessure profonde
Qui distille en ma sève un insidieux poison
Gangrenant mon essence pour doucement me flétrir
Et me voir succomber sous ses assauts funestes

Moi l’Absolu Néant où tout être finit
Porteur de grands malheurs, d’indicibles souffrances
Mes atomes consument chaque parcelle d’existence
Mon nom est abhorré, ma substance honnie

C’est l’ironique sort de tous les corps célestes
Malicieuse infection dont je ne puis guérir
J’entends déjà mugir ses monstrueux démons
Ravivant en mon coeur bien des pensés immondes

De toute chose le temps provoque lentement l’usure
Cette mélancolie m’aura bientôt brisé
A mesure qu’il progresse, ce mal me rend dément
Certains pleurent de trop être, je pleure de n’être pas.

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mars 3

Métamorphose du miroir

Est-ce ton visage dans ce miroir ?
Est-ce vraiment toi, triste rimeur ?
Dans le reflet de ton regard
Vois-tu ces yeux brûlants d’horreur ?

Sens-tu ce froid rongeant tes os ?
Sens-tu cette ombre contre ton cœur ?
Vois-tu la teinte rougie de l’eau ?
N’éprouves-tu pas quelque douleur ?

Ne sens-tu pas en toi monter
Une rage froide et ravageuse ?
N’entends-tu pas le glas sonner
Lorsque ta peau devient neigeuse ?

Lorsque ton corps devient chaos
Le laisses-tu se révéler ?
Laisses-tu ton être s’effacer
A profit de l’immonde salaud

Qui se trouve là, au plus profond
Patiemment attendant son heure
Pour libérer tous les démons
Et livrer le monde au Malheur.

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mars 3

Requiem

Néant, vide indéniable, trop imposant désert
Puissant souffle de mort au coeur d’une morne sphère
Sablier dont la poudre cessa de s’écouler
Cieux obscurs que les anges même ont oubliés

Auditorium nu que plus un son n’anime
Pages blanches aux mots creux où plus rien ne s’exprime
Nuances de gris profond, abîmes, puits infâmes
Vous happiez mes démons, mes muses dans vos flammes

Il ne reste en ces fonds que des cendres éteintes
Etouffés par l’horreur de violentes étreintes
Les feux ont disparu, laissant des terres brûlées
Et les squelettes hideux de vieux arbres calcinés

Alors qu’hier encore vie et mort s’agitaient
Dans ces creusets étranges que mon âme façonnait
Aujourd’hui ne demeurent que des ruines érodées
Par des vents sulfureux aux souffles fatigués

Les mots se sont usés, l’encre s’est oxydée
Et le temps a jauni la blancheur du papier
Le triste jeune poète depuis longtemps n’est plus
Ses ossements ont pourri avec sa plume déchue.

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février 3

Fable cynique

Voici donc l’histoire troublante et amère
De Luc Sifel rêveur éphémère
Tout petit déjà il jouait à faire
Des formes étranges dans la poussière

Les voyait bouger, sauter, danser
Au gré de récits imaginés
Et puis, plus grand, il passait son temps
Dans les nuages, batifolant

Son père, sa mère et tous ses amis
Se disaient: « Que faire ? Que faire de Lui ?
Il vit dans son monde, loin du réel
Là bas les heures lui sont plus belles. »

Lorsqu’il fut en âge de travailler
Il lui fallut trouver un métier
Hélas le pauvre ne savait faire
Que vivre dans son imaginaire

Aucun travail ne conserva
Dans la misère se retrouva
Alors que ses songes l’avaient fuit
Filant dehors un jour de pluie

Appelant l’alcool à son secours
Pour effacer les mauvais jours
Il finit patient d’un asile
Pourchassé par ses chimères, l’imbécile.

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février 3

A corps perdu

A corps perdu
Corps éventré, versant ses tripes sur le papier
Crachant sa bile, ses humeurs
Poissant les pages de sa sueur

A coeur perdu
Coeur écorché, épanchant son sang enflammé
Sur tant de feuilles, vidant sa sève
Dégouttant, maculant sans trêve

A heures perdues
Heures dévorées par tant de mots, de lignes tracées
Gravant les songes et les blessures
Dans cette glaise aride et dure

A âme perdue
Ame consumée, embrasant l’être, le consumant
Rongeant son crâne, brûlant sa vie
Pour son Grand Oeuvre, à l’agonie

Ah! où est-il ce temps passé
Lorsque les rêves s’exprimaient
Tant de chapitres j’écrivais
Jusqu’à la mort, ensorcelé.

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