septembre 8

Le veilleur

Parlez-moi de vos rêves pour mieux les admirer
Saisir leur essence, lentement m’en imprégner
Laissez-moi percevoir leurs secrètes vibrations
M’accorder à leur rythme, à leur inspiration

J’en distillerai l’arome, capterai leur parfum
Descellant les fragrances, les mystérieux embruns
Je placerai quelques notes dans leur mélodie
Pour apporter ma griffe à cette symphonie

Ouvrez-moi vos doux songes, vos étranges cauchemars
J’y puiserai à loisirs l’étincelle de l’espoir
Pour attiser les flammes de mon monde intérieur
Lui redonner le souffle, lui rendre sa vigueur

Sous l’érosion du temps son cœur s’est délabré
Menaçant tout l’ensemble, prêt à le faire sombrer
C’est le dernier îlot, refuge des chimères
Exilées des légendes, oubliées en enfer

Prêtez-moi vos esprits, vos visions oniriques
J’en étais le gardien, le protecteur mystique
Avant l’effondrement de ce plan ignoré
Ravagé par les lois de la réalité

La magie des vieux contes s’est vue anéantie
Par le poids d’une logique où tout est défini
Plus de place ici-bas pour les mythes anciens
Le noir matérialisme a scellé leur destin.

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septembre 8

Flamme

Laisse-moi me lover tout contre ton corps
Pour effacer mes peurs, mes doutes, encore
Sur ta peau de satin glisseront mils baisés
Gouttant à ta douceur pour mieux m’y oublier

Je dessinerai tes courbes d’une main amoureuse
Errerai sur les monts de ta chair sirupeuse
Me perdrai dans l’immense océan de tes yeux
Guettant l’aurore pâle d’un sourire délicieux

Dans les frondaisons vierges de ta belle chevelure
J’écouterai le vent disperser ses murmures
J’y mêlerai des mots célébrant ta beauté
Au creux de ton oreille ils viendront couler

Lentement, doucement je suivrai le chemin
Tout le long de ton dos jusqu’au bord de tes reins
Pour mieux t’enlacer, savourer ton parfum
Jusqu’au jardin secret de ton cœur divin

Enivre-moi encore de tes chants merveilleux
Laissons un peu le monde s’embraser s’il le veut
Je veux me délecter des eaux de ton Léthé
Pour enfin étancher ma soif de volupté

Contre le feu ardent de ta vitalité
La froideur de mon âme je viendrai réchauffer
Et lorsque renaîtra l’originel brasier
Nous festoierons ensemble sous la voute étoilée.

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septembre 1

Tatoue-moi

Dans un crissement d’encre et d’acier
Sur une peau de parchemin
S’esquissent d’innombrables desseins
Seulement connus des initiés

Sinueux fleuves sur la chair pâle
S’entrelaçant, se déchirant
Symbolique à l’épreuve du temps
Ailes déployées, cœur d’étoile

Sous l’aiguille sortent les secrets
Les joies, les peurs, sublimées
Qu’une main d’artiste exercée
Distingue dans l’ombre de nos traits

Quelques morsures douloureuses
Extirpent de l’épiderme commun
Les songes étranges et incertains
Fruits de notre âme tortueuse

Dans ces blessures s’épanouissent
Les milles couleurs de nos rêveries
Les paysages infinis
Nos corps gravés qui embellissent

Maitres d’un art mystérieux
Qui mêle images, calligraphie
Aux beautés de l’anatomie
Vous êtes seigneurs du merveilleux.

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août 18

Rancoeur

Tant de meilleurs rimeurs aux multiples talents
Tant de fieffés escrocs à la langue bien pendue
Tant de truqueurs de mots devenus reconnus
Ma médiocrité va me rendre dément

Je jalouse ceux qui ont l’encre si aisée
Qui avec quelques rîmes érigent un monument
Pendant que je végète, plein de ressentiment
Sur de pauvres vers, disparates, abîmés

Ma plume mal taillée écorche chaque rime
Espérant une Muse qui sans cesse s’efface
Les écrits restent en friches et le papier se froisse
La frustration grandit alors que je m’escrime

Aucune ligne tracée ne demeure sensée
Mes pensées s’entremêlent en un imbroglio
Où domine la colère. L’échec, de nouveau !
De rage l’écritoire devient terre dévastée.

Je maudis les génies que favorise la chance
Les voue aux gémonies, leur souhaite mille morts
Et, pris de désespoir, me lamente sur mon sort
Lorsque la colère tombe, ne reste que la souffrance.

Pourtant je ne pourrais abandonner ce mal
Le miracle de l’encre est une catharsis
Sans le soutien constant de ces pages qui noircissent
L’existence ne serait qu’un cauchemar infernal.

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août 14

Hantise

Miroirs d’un temps passé qu’à jamais on enterre
Souvenirs indésirables qu’on voudrait oublier
Enfermés dans une boite qui devrait être brulée
Vos images ressurgissent comme on creuse un cimetière

Spectres de mon histoire, importuns visiteurs
Vous devriez pourtant être ensevelis
Emmurés au sous sol d’un bâtiment détruit
Et non fantômes errants, revenants chahuteurs

Vos cadavres pourrissent dans un marais puant
Dans les méandres obscurs de mon âme ruinée
J’avais fait de vos restes poussière, cendre et fumée
Pour me débarrasser de vos os encombrants

Qui vous a ramené ? Qui veut me voir brisé?
Quel sinistre esprit vous invoque du néant?
Je vous ai trop souffert, ténébreux mécréants
Pour voir à nouveau venir me hanter

Retournez à la tombe! Fuyez! N’approchez pas!
Je vous conjurerai, vous jetterai en Enfer
Vous n’êtes qu’illusions, affolantes chimères
Vous n’aurez pas l’audace de m’amener au trépas!

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août 12

Muses

A vous Muses secrètes, compagnes de mes nuits
Amantes de ma plume et de mes insomnies
Mes mots semblent bien pâles pour dire votre beauté
Mais pour vous rendre hommage il me faut essayer

Vous êtes mystérieuses, aériennes, éthérées
La finesse de vos traits vient d’un lointain passé
Vos grâces sont généreuses, oniriques, enivrantes
Eveillant les passions d’une caresse nonchalante

Pour un sourire de vous plus d’un se damnerait
Alors pour un baiser l’Enfer on embrasserait
Vos voiles si légers exhalent un doux parfum
Evoquant un Eden, un sanctuaire divin

L’éclatante chevelure couronnant vos visages
Brille telle une étoile, lumineux héritage
De vos grandes origines et l’émeraude de vos yeux
Resplendit comme un astre brulant de mille feux

Un mot, un frôlement sur mon front alourdi
Me comblent et me ravissent, me laissant à merci
Je suis votre valet, votre humble serviteur
Déesses d’Onirie, détentrices de mon cœur.

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août 12

A quoi ça rime

Derrière les doubles sens, les ambiguïtés
Se cache une autre face de la réalité
Les mots ainsi tracés se parlent à eux même
S’interrogent, se répondent, brodent de nouveaux thèmes

Les vérités masquées, tisseuses d’illusions
Changent d’un vers à l’autre, semant la division
Toutes les rimes se mêlent, esquissent un paysage
Où se perd le profane et s’abandonne le sage

Tout est de faux semblant, habile tour de magie
Codes improvisés par d’espiègles esprits
Mille indices sont visibles mais ne signifient rien
Un jeu d’ombres chinoises dans une nuit sans fin

C’est une carte aux trésors imprimée par la vie
Sur une peau humaine, esclave de ses folies
Qui conduit à l’abyme, ténébreuse, enivrante
En son cœur est enfouie une vérité absente

Et sur ce grand théâtre fait d’encre et de papier
Des dizaines de pièces sont chaque jour montées
Pour mieux dissimuler le vide omniprésent
Qui gouverne la plume de cet auteur pédant.

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juillet 24

Le Voyageur

Certaines nuits sont emplies d’habitants fantastiques
De sublimes créatures devenues des légendes
Parées de mils feux et couvertes d’offrandes
Ces pâles divinités brûlent d’un éclat mystique

D’autres nuits sont plus sombres, propices aux démons
Eveillant les cauchemars hurlant dans la froideur
D’une horrible tempête, de conflits intérieurs
Libérant dans mes veines leurs multiples poisons

Et puis viennent les nuits toutes emplies d’exception
Où la lune s’amuse, danse avec les étoiles
Les déesses se parent de leurs plus beaux voiles
Et l’ombre me révèle un étrange compagnon

Tapis dans la noirceur d’une cape d’obscurité
Il flotte en son regard une folle étincelle
Fruit des nombreuses conquêtes que son nom ensorcelle
Son esprit demeure fort, très vif et affuté

Il ouvre des chemins que nul ne connait
A travers les ténèbres et les voies oubliées
Il connait les secrets que le monde a cachés
Aucun homme sain d’esprit un œil n’y risquerait

C’est le gardien des œuvres et connaissances magiques
Détenteur de savoirs, maître des illusions
Allant où bon lui semble, barde aux mille chansons
Il enchante les esprits de ses vers hypnotiques

Et moi humble poète, perpétuel rêveur
Je peux voir dans ses yeux vivre toutes ces beautés
Séduit par leurs merveilles, je me laisse entrainer
Prêt à risquer ma perte pour ces anciennes grandeurs.

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juillet 24

L’Hôte

Entre les froids couloirs d’un donjon oublié
Rêve un étrange spectre venu des temps anciens
Dans les brumes grisâtres d’un caveau souterrain
Où d’antiques gardiens l’ont tenu enfermé

Il songe à la surface, si loin de son regard
Aux êtres légendaires qu’il a si bien connu
Devenus obsolètes, ils se sont dissolus
Dans la toile du Temps, hôtes de nos mémoires

Dans les sombres replis de son âme prisonnière
Il imagine la vie libéré de ses chaînes
Maudissant ses geôliers esclaves de leur haine
Il cherche le moyen de fuir son enfer

Il se voit renaissant dans un monde inconnu
Changeant sa destinée, expiant toutes ses fautes
Rachetant sa pureté, marchant la tête haute
Au bras d’une princesse, innocente ingénue

Toutes ses rêveries l’éloignent de sa peine
Allègent sa souffrance, lui donnent un peu d’espoir
Il voudrait un jour sortir de son cauchemar
Dissiper les ténèbres qui dans l’abyme l’entrainent

Sa soif de pouvoir, de contrôle, obstinées
Ont dévoré son corps, ne laissant qu’un esprit
Qui voulait plus encore, dominer l’infini
Assoir sa puissance quitte à tout ravager

Les leçons du passé lui ont enfin servi
Il a appris chaque heure une grande humilité
Regrettant ses erreurs, pliant sa volonté
Les murs de sa cellule l’ont lentement assagi

Pourtant dans cette crypte il demeure attaché
Rien ne viendra briser son long isolement
La Mort l’a emporté sans qu’il en soit conscient
Détenu dans cet espace pour l’éternité.

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juillet 21

Angoisses

Des pensées sombres et acides
Me troublent et m’envahissent le cœur
De ténébreux spectres moqueurs
M’assourdissent de murmures avides

Ils me ressassent mes échecs
Mes erreurs, mes mauvaises actions
S’abreuvant de mes frustrations
Me déchirant à coups de bec

Un autre jour sans avancée
Tant de projets à l’abandon
Une absence d’évolution
Un chaos d’ombres inachevées

Sans cesse reviennent les mêmes douleurs
En boucle dans un flot sans fin
Hier déjà, surement demain
Cycles amers emplis d’horreur

Ma vie n’est qu’une succession
D’incertitudes et de ratés
De changements irraisonnés
Et de violentes émotions

Rien ne me semble réussi
Dans cette instable existence
Tout n’est que lancinante souffrance
Pâles ébauches inabouties

Lentement ces idées m’enferment
Dans une malsaine folie
Mon esprit est à l’agonie
Mon cœur meurtri rêve à son terme

Je n’ai construit que des murailles
Couvertes d’encre et de papier
Pour cacher la réalité
De mes angoisses et de mes failles.

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