avril 21

Thanatos

J’ai la froideur des tombeaux
Et l’âme noire comme la nuit
Le tient grisâtre des jours de pluie
Et mon souffle vous glace les os

Mon Monde est fait d’obscurité
Fruit des ténèbres et de terreur
Me délectant de vos douleurs
De votre sang si raffiné

L’arome de vos esprits défunts
M’ouvre bien vite l’appétit
M’évoque les plaisirs infinis
De banquets dignes du Divin

Sans répit, je fauche, vous moissonne
Récoltant l’essence de vos vies
Ma seule caresse vous estourbit
Petits pantins qui déraisonnent

J’étais pourtant semblable à vous
Mais le Destin m’a désigné
L’Ombre et la Mort l’ont emporté
Je suis votre Fin! A Genoux!

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avril 21

Hypnos

Les navettes s’affairent sur l’écheveau du temps
Le sablier égraine le rythme d’une vie
Pourtant je me sens las, immobile, indécis
Perdu dans les méandres de mon être inconstant

J’observe de ma tour des vies artificielles
Me berce d’illusions et me nourris de rêves
Derrière mes écrans lentement coule la sève
De chimères insensées pour approcher mon ciel

Hors de mon univers, les mois, les années passent
D’autres vivent leurs jours, satisfaits, appaisés
Ne distinguant de moi qu’une enveloppe fanée
Prisonnière des songes, inutile, dans l’impasse

Je préfère mille fois une vie de rêveries
Faites de mythes, légendes et savoirs oubliés
A un an de labeur chichement compensé
Par un maigre salaire trop vite évanoui

Mon existence est vouée à l’imagination
Pour supporter un monde aux relents de malheur
Occulter la tristesse, les peines et les douleurs
Par un voile délicat de douces aberrations.

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mars 26

Ad nauseam

Une soudaine lassitude qui s’étend sur le cœur
Un poids rivé à l’âme par de trop lourdes chaines
Un être tourmenté, des pensées qu’on malmène
Entre lente apathie et pesante langueur

Voici Spleen, grand oiseau aux ailes enténébrées
Portant dans son sillage ses sombres partisans
Ennui, chagrin, douleurs, cauchemardesques instants
Lorsque l’esprit s’épuise et veut lui résister

Seul, dans sa forteresse, luttant contre l’assaut
L’espoir en vain se dresse pour ce combat inique
Contre les flots obscurs il fait front, héroïque
Affrontant pied à pied les suppôts du chaos

Pourtant, vague après vague, avance l’Obscurité
De ses bras repoussant elle vient enlacer
Le poète gisant happé par l’inertie

Ses chairs, sous l’étreinte, abandonnent toute vie
Et, devenant une Ombre, il erre, indifférent
Détaché de ce monde, ne songeant qu’au néant.

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mars 25

Golem

Comme l’étrange oiseau dont elles se font l’image
Mes pensées virevoltent jusqu’au creux des nuages
Où elles se font un nid tressé de plumes et d’encre
Pour plonger dans vers les songes, enfin y jeter l’ancre

Alors elles prennent forme, se vêtent de matière
Usant de leur Vouloir sur le monde éphémère
Puisant de secrètes forces dans les mots façonnés
Par l’imprudent auteur qui voulu les nommer

Elles génèrent eau ou feu, tempêtes impétueuses
Typhons étourdissants, pluies de cendres bourbeuses
Ou aubes lénifiante, temps clément, apaisé
Par le lent bercement d’une nature épargnée

Parfois elles font souffler des vents fous et furieux
Me tourmentent et m’infligent mils tours malicieux
Repoussant ma raison vers le grand précipice
Que l’on nomme Folie, Destruction et Supplice

Là elles me manipulent telle une marionnette
Me jettent d’un pied sur l’autre, sinistre girouette
M’entrainant dans une danse infernale, puis, lassées
M’abandonnent à mon sort, comme un jouet cassé.

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mars 12

Léthéens

A l’heure où vient mourir le jour
Et s’étendent les bras de la nuit
Les amants perdus, désunis
Dans leurs songes vont trouver l’amour

Au creux de leurs douces illusions
Ils dansent avec leur Idéal
Coupables de pulsions fatales
Esclaves de leurs folles passions

Aveuglés par leurs grands désirs
Ils s’abîment dans leurs sanctuaires
Ensorcelés par des chimères
Façonnées par leurs souvenirs

Portés par leurs rêves infinis
Ils passent les portes d’Outre Monde
Cherchant l’âme sœur au creux d’un Ombre
Perdant parfois plus que la vie

Et lorsque à l’aube point le soleil
Dans leur cœur le sang est figé
Les damnant pour l’éternité
Vivant Errants que rien n’éveille.

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mars 2

Esprit de nuits

Lorsque s’embrase la Lune Rousse
Que brille son éclat orangé
Surgissent les cohortes damnées
Comme autant de sinistres pousses

A la faveur de la nuit noire
Rodent les vampires assoiffés
Fils la Grande d’Obscurité
Pourvoyeurs de tous les cauchemars

Lorsque s’allume la lune d’argent
Les Loups courent la lande désolée
Dévorant les âmes égarées
Pour taire leur appétit sanglant

Quand s’allument les feux des étoiles
Dans les manoirs isolés
Les spectres reviennent hanter
L’humanité, masqués de voiles

La trame du monde si réaliste
Se déchire quand vient le soir
Alors renaissent les avatars
De nos peurs les plus fantaisistes

En cet instant s’ouvrent les portes
Qui conduisent au cœur des Songes
Ou réside ce qui nous ronge
Rêves perdus et chimères mortes

C’est le royaume d’Onirya
Peuplé et nourri d’illusions
Guidé par espoirs et passions
Ou l’Imaginaire seul est roi.

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janvier 28

Dépendance

La spirale de mes rêves semble s’être arrêtée
Je ne trouve plus de rimes, d’images magnifiées
Rien que le triste vide, le sinistre réel
L’encre coule sans suivre son langage naturel

Les mots viennent par reflex, dans un flot mécanique
S’organisant d’eux-mêmes de manière logique
Mais aucune magie ne vient les enchanter
Les sens sont muets, inertes sur le papier

Pas d’accords angéliques, ni d’échos caverneux
Plus de songes chimériques, plus d’élans vertueux
La page lentement noircit ne reflète que l’absence
Le manque d’inspiration, pas la sublime jouissance

Le sang ne nourrit plus les écrits exaltés
Perdus les émotions! Le puits s’est asséché
Pourtant la plume trace, brulant d’un manque ardent
Occupant l’écritoire pour y occire le temps.

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janvier 11

Evasion

Quand vient la nuit je songe à prendre mon envol
Rejoindre d’autres sphères définitivement
M’élever vers l’azur sans heurts, tranquillement
Filer vers les nuages loin de ce triste sol

Fusionnant avec l’air je me ferais oiseau
Vent violent, brise clair, chevaucheur de nuées
N’ayant pour horizon que la voute étoilée
Fuyant cet ossuaire, cette terre de mils maux

J’affranchirais mon corps de toute gravité
Allégeant mon essence de ses si lourdes chaines
J’oublierais mes souffrances, mes douleurs, mes peines
Libre de toute attache, esprit désincarné

Bercé par les mouvements de la mer nébuleuse
Lentement je m’effacerais ne laissant pour seules traces
De ma morne existence qu’une enveloppe vide et lasse
Et d’infimes fragments de mon âme ténébreuse.

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janvier 6

Le Rédempteur

Empêtré dans la brume je m’éveille, haletant,
Envahi par l’ennui, la tristesse sans cause
Je ne sais si je vis mais un mal m’indispose
M’extirpant d’un sommeil infini, étouffant,
Une soif nouvelle venue m’aiguillonner

Une brise tirée de l’ombre m’a soudain effleuré
Un bref mouvement d’air dans ce lieu isolé
Où, fuyant l’existence, j’avais trouvé refuge
M’exilant hors du temps, mon cœur pour seul juge
Purgeant lentement mon corps de son essence damnée

Autour de moi le monde tournait, indifférent
Effaçant mon passage, m’offrant un long répit
Quand un étrange appel me tira de l’oubli
D’abord souffle lointain, puis rire envoutant
Il trouve en mon abyme un être à sa mesure

Emplissant mon tombeau, roulant dans chaque fissure
Il rallume en mon âme un feu presque étouffé
Souvenir d’un temps ancien où j’errai, insouciant
Il ravive mes sens de son parfum charmant
Faisant renaitre en moi l’envie de liberté

Lentement il se fait spectre, image du passé
Puis prend une apparence unique, renouvelée
M’attirant d’un regard, l’ange prend son envol
M’invitant à le suivre dans le royaume d’Eole
Où là dans la lumière je vais m’abandonner
Le laissant se repaître du sang tant convoité.

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novembre 21

Le Dormeur

Il flotte une brume étrange sur la lande verdoyante
Le soleil levant embrase de mils feux
Les perles de rosée, cristaux venus des cieux
Parant de beaux atours la Nature envoutante

L’aube de ce jeune printemps veut se faire mystérieuse
Masquant à mon regard ses flamboyantes couleurs
Dévoilant prudemment son infinie douceur
Au gré d’une brise légère à l’odeur capiteuse

J’ai couru tout le jour dans ces champs inconnus
Fuyant à toutes jambes une horde de sauvages
Toute prête à m’écorcher pour un sombre présage
Un geste maladroit à une belle ingénue

Lorsque la nuit tomba, je m’arrêtais enfin
Pour au pied d’un vieux chêne m’étendre, me reposer
Mais un froid saisissant fini par m’envelopper
Et contre un lourd sommeil j’ai lutté mais en vain

Un nouveau jour se lève et emporte avec lui
Toutes ces terreurs nocturnes venus là m’enlacer
Je me sens frais et neuf, tout comme un nouveau né
Alors que sur mon cœur une rose s’épanouit

Soudain de son essence le monde semble vidé
La brume se fait brouillard, plus opaque et épaisse
Toute ma joie nouvelle en l’instant me délaisse
J’ai traversé le Fleuve, suis de l’Autre coté.

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