juillet 30

Prisonnier du Temps

J’ai vu bien des éons depuis ma prime jeunesse,
grandir bien des mondes, s’ériger des empires,
si tôt devenus ruines, bien pales souvenirs
brisés par leur orgueil, leur folie, leur paresse.

Tant d’êtres ont parcouru ce fragment d’univers,
brulant en un éclair toute leur énergie,
à peine une étincelle dans ce vide infini,
légers battements d’ailes de fragiles éphémères.

Certains laissent leur marque le long de mon chemin.
Compagnons ou amantes, amies, frères et soeurs,
errants sur mon passage, partageant mes douleurs,
depuis l’aube des temps liés à mon destin.

Entre nous se rejouent à chaque incarnation
comédies, tragédies, intrigues et unions
comme sur une scène, pris par nos émotions,
marionnettes impuissante d’une grande illusion.

Par un subtil tour joué contre les Dieux
le Temps a fait de moi son impuissant témoin,
condamné au savoir, pour la perte des miens,
sans jamais les sauver ni retrouver les cieux.

Je suis un exilé, un éternel errant,
prisonnier d’une forme qui ne sait que souffrir,
dont le coeur agonise de ne pouvoir périr,
spectre de solitude que personne n’attend.

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juillet 27

Fascination

Il est de ces regards où toute âme se perd,
intenses, lumineux, saisissants et profonds,
empreints de magnétisme, ceints de fascination,
les croiser marque l’être, efface tout repère.

Pour les apercevoir, on pourrait se damner,
prier dieux ou démons, implorer même la chance,
marchander chèrement le prix de son essence
pour le simple plaisir d’enfin y succomber.

Ces astres plus brillants que les plus belles étoiles
embrasent les esprits des plus terribles feux.
Qui n’a pas, pour le charme de quelques jolis yeux
défié l’univers et traversé ses voiles ?

C’est l’encre des poètes, la magie de l’aether
qui imprègne ces joyaux d’enchantements mystiques,
qui leur donne ce pouvoir, cette énergie unique
inspirant de hauts faits, tissant tant de mystères.

Un seul regard de vous vers moi, belle passante,
et ma plume s’éveille, oublie ses malheurs.
Une sublime émotion vient envahir mon coeur
et me dicte ces vers qui, j’espère, vous enchantent.

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juillet 23

Creux

En cette heure où la nuit vient envelopper le monde,
où chacun apprécie la douceur d’un foyer,
en moi renaît la vague qui veut me submerger
ce flot teinté de cendres et d’ombres si profondes.

Ce soir, je me languis de la caresse des fées,
si léger frôlement, promesse singulière
mêlée d’enchantement, tendresse de chimères
apaisant les sanglots de mon coeur blessé.

Ce souffle langoureux glissant contre ma peau
qui éveillait en moi mille songes de beauté,
cette passion qui laissait tous mes sens enflammés
sont pâles souvenirs dans le froid du tombeau.

Alors que chaque rêve m’entraine vers leurs cieux,
que j’erre sans repos pour retrouver leurs chants,
mon espoir s’épuise quand au soleil levant
je ne trouve que le vide lorsque j’ouvre les yeux.

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juillet 21

Les marcheurs d’ombre

Sur les sombres chemins où me mènent mes pensées
tant de fragments d’aether flottent tels des fantômes.
Débris de souvenirs, sans substances ni arômes
petits cailloux de songe que laissent les égarés.

De ces éclats épars naissent des illusions,
dangereuses, attirantes, conçues pour étourdir,
emprisonnant celui qui cède à leurs plaisir,
nourrissant ses fantasmes jusqu’à sa destruction.

De ceux qu’elles séduisent, elles ne laissent que l’enveloppe,
carcasses consumées dont l’âme s’est enfuie,
créatures faites de vide, spectres hurlant dans la nuit,
en tout ce qu’elles touchent l’infection se développe.

Pour mon plus grand malheur, nos routes se sont croisées
et l’une de ces ombres à effleuré mon coeur.
Nul doute qu’elle eut pu sonner ma dernière heure
si une main tendue ne m’avait attirée.

Dans les contrés sinistres où ne règne que l’ombre
mon salut est venu d’un autre esprit en peine.
Depuis nous avançons le long des tristes plaines
nous épaulant l’un l’autre dans ce monde de pénombre.

Tous deux avons connu les terres du cauchemar,
senti les brumes des limbes et leur morsure glacée.
Une part de nous même nous y avons laissé
en paiement du passage vers d’autres territoires.

Cette étincelle de vie qu’ont saisi les ténèbres
laisse d’étranges marques en nos âmes meurtries.
C’est là toute l’origine du lien qui nous unis,
compagnons de voyages, amis aux voies funèbres.

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juillet 17

Moïra

Lorsque sur l’onde danse la nymphe de la lune
et que la nuit s’éclaire de flammèches bleutées,
sur cette terre de songes je reviens admirer
les charmes délicats de cette beauté brune.

Sur sa peau opaline glissent des gouttelettes
qui, comme autant d’étoiles saupoudrées sur les cieux,
scintillent doucement, allumant de leurs feux
sa chevelure d’ébène constellée de perlettes.

Quelques runes secrètes offertes à mon regard
subliment sa pâleur, arabesques sensuelles.
Plus rien ne dissimule aux appétits charnels
ses courbes voluptueuses à la teinte d’ivoire.

De quelques pas légers, elle a enflammé l’eau,
accentuant ses gestes d’un onduleux mouvement.
Irradiant l’éther d’électriques frémissements,
lorsqu’elle a touché terre le monde s’est fait plus beau.

En un souffle, sans un mot, la belle m’a conquis,
ses yeux m’ont mis à nu alors qu’elle m’approchait.
Ses mains m’ont attiré contre son corps parfait
D’un effleurement des lèvres elle m’a donné la vie.

A ses tendres étreintes j’ai bien vite succombé
et d’échos en échos, de vagues en frissons,
me suis abandonné à l’extatique fusion
espérant que le jour ne vienne à se lever.

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juillet 16

Carrousel

Dans cette vaste salle aux lustres rutilants
Qui brûlent de mille chandelles comme autant de soleils
Une grande assemblée s’agite et s’émerveille
En fastueuses toilettes et ors chatoyants

A l’écho d’une horloge sonnant les dernières heures
D’une journée de fête, les convives s’égaient
S’approchant d’une estrade où le coup d’un archet
Fait aussitôt cesser de leurs voix la clameur

Un accord puis l’autre projettent hors de la foule
Les plus aventureux des couples de noceurs
Menés par la musique, talentueux danseurs
Et duos improbables se forment, virevoltent, roulent

Une vague impétueuse de ces êtres indolents
M’a propulsé vers toi, majestueuse princesse
Ta main tendue vers moi, porteuses de promesses
Pausée sur mon épaule d’un délicat mouvement

Entrainés vers la piste sans autre introduction
Nous rejoignîmes la valse qui se déroulait là
Nos doigts et nos regards ne se détachant pas
Unis par la musique en une sourde émotion

Emportés par le rythme, nos peaux qui se frôlaient
Ivresse de nos sens, douceur et volupté
L’un et l’autre hésitant, nos coeurs affolés
Libres de toute contrainte nos esprits s’enflammaient

Lorsque, n’y tenant plus, nos lèvres s’approchèrent
En un tendre baiser pour nos âmes tout fût dit
Dans ce sublime instant le monde s’évanouit
Rien d’autre que nous deux mêlant nos univers

Dans le soudain silence, j’ai ouvert les yeux
Pour ne découvrir qu’une salle sombre et vide
Au sol la poussière tendant un voile livide
Sur l’absence totale de toute vie en ce lieu

Dans ce hall désert où seule danse l’illusion
Sur mon trône de nuit je m’en suis retourné
Attendant que revienne vers mon coeur déchiré
La fée sortie du songe qui ranime ma passion.

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juillet 14

Manque

Une fois encore reviennent en moi
les amères brumes de Solitude.
Ce dédale vide à la pierre rude
où règnent l’absence et le froid.

Entre ses griffes souterraines
j’erre tel une ombre, sinistrement,
cherchant la trace d’êtres vivants,
infime espoir qui m’entraîne.

Je ne souhaite qu’un peu de chaleur,
une simple étreinte pour dissiper
la tristesse qui vient me hanter,
ce tourment qui me ronge le coeur.

J’ai depuis si longtemps perdu
ces sensations, cette douceur
sublimant la vie de saveurs
que j’oublie les avoir connues.

Avec le manque, les souvenirs
mille fois remémorés s’effacent.
A ce jeu tout esprit se lasse,
laissant ses émotions flétrir.

Dans sa tour sombre, isolée
mon âme en peine lentement s’oxyde,
devenant carcasse livide
que le temps viendra dévorer.

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juillet 11

Mon étoile

Elle est mon seul firmament, esprit de lumière incarné
Grandiose flambeau resplendissant qui guide mon âme égarée
Tenant mes pas loin des ténèbres, m’enveloppant de sa présence
Eclairant ma voie de ses feux pour alléger mon existence

M’entrainant aux portes du rêve vers des chemins insoupçonnés
Sa douce chaleur fait naitre en moi des joies toujours renouvelées
Vous décrirais-je sa beauté que vous ne sauriez l’apercevoir
Elle dissimule ses éclats à l’abri d’envieux regards

Si d’aventure, elle est masquée par un nuage noir et pesant
A mes regards le monde s’éteint, privé de son sourire charmant
Alors mon coeur se fissure, retourne à son dédale d’ombres
Il me revient de vieilles terreurs à mesure que mon esprit sombre

Une pluie de cendres et de scories s’abat sur ma pauvre carcasse
Et sous un lourd manteau de nuit s’enfonce mon âme si lasse
Tant que demeure l’obscurité, que mon étoile reste voilée
Tout m’est agonie et souffrance, je suis fantôme désincarné

Lorsqu’enfin se dissipe le trouble qui me dérobait sa clarté
Tel un lys je m’épanouis sous le soleil retrouvé
Elle est mon astre, mon univers, avec elle je ne fais qu’un
Pour lui plaire, pauvre chimère, je combattrai jusqu’au Destin.

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juin 26

Hypnos

Sur le passage entre les rêves
J’erre en silence, sombre pèlerin
Pris dans la toile du Destin
Jusqu’à ce que mes jours s’achèvent

Chaque songe m’est une fenêtre
Où dansent des formes fantomatiques
Les esprits purs et magnifiques
De mille vies prêtes à naître

Sur ces miroirs je contemple
L’ensemble de vos émotions
Joies et tristesses, peines et passions
De vos beautés bien des exemples

Pour conjurer mon isolement
Je fais miennes certaines illusions
M’étourdis de leurs sensations
Leur donnant forme hors du néant

Elles sont si belles ces jeunes chimères
Tout juste écloses sous les étoiles
Sublimes nymphes aux teintes pâles
S’évaporant en un éclair

Car lorsque l’aube vient à paraître
Dans les ténèbres je me blottis
Espérant une toute autre nuit
La fin de mon calvaire, peut-être.

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juin 26

Médéa

Entraîne-moi dans l’océan de tes regards
Vers des rivages où la raison même s’égare
Laisse-moi glisser entre les flots voluptueux
Vagues ondulantes, reflets vivants d’antiques cieux
Des douces courbes qui dessinent ton corps liquide
Ma belle ondine, efface cette aube livide

Là où les mers forment de si vastes étendues
Laissons voguer au gré du vent nos êtres nus
Oublions donc dès à présent les ciels d’orages
Bâtissons-nous une Atlantide de mirages
Vivons l’instant portés par l’onde de notre amour
Et dérivons sur l’Eau du Rêve pour toujours

J’enfermerai dans les profondeurs insondables
Toute douleur, toutes les blessures inguérissables
J’abandonnerai ma noire tunique de malheur
Ce chemin sombre où s’accumulent mes erreurs
Et peu à peu, je soignerai mon coeur las
A chaque éveil dans la tendresse de tes bras

Emporte-moi, belle sirène, vers d’autres fonds
Où chaque chose se couvre d’un voile bleu profond
Vers les royaumes où dansent les princes aquatiques
Pères d’une lignée qui t’a vue naitre, fleur magnifique
Moi, l’ombre errante, héritier d’un cruel destin
Je ne désire plus que lier mon sort au tien.

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